Chapitre 19

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Cameron s'amuse toute la soirée sans ressentir le moindre faux-semblant dans les conversations ou les rires de ses sœurs et de leurs amies. Leurs questions sont sincères, empreintes de préoccupation. Elles l'incluent dans toutes les discussions, dans tous les projets.

« Je t'emmènerai à la plage », déclare Abigail en lui prenant la main lorsque Cameron avoue n'avoir jamais vu l'océan. Cameron sent une légère tension en elle.

« Ne t'inquiète pas, rien qu'à regarder les vagues, à écouter le bruit de la mer, tu verras, c'est magique. Il y a des moments où c'est encore plus beau, comme à l'aube ou au coucher du soleil, lorsque l'eau scintille comme mille éclats de diamants.

— Excusez-moi, je reviens », dit Cameron en quittant la table, montant rapidement à l'étage pour fouiller dans son sac. Elle redescend vêtue d'un short, montrant sa cicatrice.

« J'étais cachée dans un wagon de marchandises, mais je n'allais pas dans la bonne direction. Lorsque nous sommes arrivés dans une gare au Kansas, j'ai sauté du train. Je ne sais pas comment je me suis blessée, je n'ai rien ressenti sur le moment. Je me suis arrêtée un instant pour reprendre mon souffle, et quand j'ai voulu repartir, une douleur m'a traversée et je me suis retrouvée dans une sorte d'infirmerie où une femme m'a soignée. Quand elle a dit qu'elle allait appeler la police en voyant mon âge, je me suis enfuie pour finalement arriver à Dallas.

— Tu as une blessure de guerre », lui sourit Bethany en l'enlaçant. « Tu es forte, Cameron.

— Rien ne t'oblige à te baigner, Cameron, mais sache qu'il existe des combinaisons longues ou qui s'arrêtent aux genoux. Si tu veux te baigner ou faire du surf, personne ne verra ta cicatrice. Tu sais, beaucoup de surfeurs ont des cicatrices, la mer peut être une amante colérique parfois.

— Je vais voir l'océan ! » s'écrie Cameron en riant.

Demain, j'avouerai que je ne sais pas nager.

Cameron ne cesse d'observer Abigail et de la trouver étrange. Elle est constamment proche de Bethany, l'enlaçant et l'embrassant. Mais elle est fortement agacée par le surnom « mon cœur » qu'Abigail donne à sa sœur.

Est-ce qu'elle couche avec tout le monde ?

« Beth, tu viens m'aider à déplacer les canapés à l'étage ? » demande Abigail. « On va faire un lit pour Cameron.

— Non, ce n'est pas nécessaire », intervient Kate. « Cameron, tu dormiras avec moi, d'accord ? » demande-t-elle en regardant sa sœur. « Le lit est assez grand et c'est ce que font les sœurs, après tout.

— D'accord, je veux bien », répond Cameron, les yeux humides.

Prétextant devoir se lever tôt pour aller au restaurant le lendemain, Kara et Bethany se lèvent, embrassent tout le monde et leur font chacune un long câlin, répétant qu'elles sont heureuses de la connaître. Au fond d'elle, Cameron est contente que sa sœur ait des personnes comme elles dans sa vie. Elles vivent leur différence au grand jour, sans aucune gêne. Cameron n'avait jamais vu de couple de même sexe avant d'arriver à Dallas, et bien qu'elle ait trouvé cela perturbant au début, elle s'y est habituée. Elle avait connu des couples hétérosexuels malheureux, alors voir des couples de même sexe heureux lui semblait être une bonne chose, un équilibre. La seule chose qui l'intrigue et qu'elle n'arrive pas à comprendre, c'est comment Tilly et Abigail ont eu un enfant. Elle ne parvient tout simplement pas à concevoir cela. Voulant mériter sa place, elle aide Abigail à tout ranger et à faire la vaisselle, tandis que sa sœur et Tilly ont disparu dans le jardin et qu'elle ne les voit nulle part. Une fois que tout est rangé, Abigail prend un babyphone et la serre contre elle en passant son bras autour de sa taille, lui demandant de la suivre d'une voix douce.

Second chances Tome 3/6 : CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant