Second chances Tome 3/6 : Cameron

Chapitre 22

Cameron marche rapidement à travers le dédale de couloirs, tournant à la recherche de la sortie, jusqu'à ce qu'elle reconnaisse la porte par laquelle elle est entrée dans le studio. Les battements de son cœur résonnent fort dans ses tempes, les larmes coulent et elle ne prend même pas la peine de les essuyer, se souciant peu de son apparence ou de son maquillage. Passant la porte ouverte par un agent de sécurité, elle se retrouve sur le trottoir. Regardant à droite, puis à gauche, elle s'éloigne en prenant à droite, sans savoir où elle est ni où elle va. Cameron est amoureuse de Kris, mais ce n'est pas réciproque en raison d'une simple différence d'âge. Sa sœur Kate l'aime, elle le sait, mais toutes ces personnes dans sa vie sont trop pour Cameron. Toute cette affection qu'elles partagent est étouffante.

Abigail la suit de loin, cherchant à comprendre ce qui s'est passé dans la loge. Elle n'a pas eu le temps d'obtenir des explications avant que Tilly ne la lance à sa poursuite. Mais elle est la mieux placée pour comprendre que Cameron a besoin d'être seule. Ses avant-bras lui font terriblement mal, ses paumes sont douloureuses, mais elle endure, ce n'est pas la première fois, même si cette fois-ci elle s'est vraiment forcée pour se faire plaisir. Même si c'est le centre-ville de Los Angeles, à force de marcher, Cameron s'éloigne rapidement des rues passantes. Abigail accélère un peu, se rapprochant de Cameron pour pouvoir agir au besoin. Elle ne connaît ni George ni Dallas, mais elle connaît sa ville, et une belle jeune fille comme Cameron, seule dans la rue, vulnérable, l'inquiète un peu. Elle ne vérifie pas, mais elle est presque certaine que Bethany n'est pas loin derrière, au cas où, en communication avec Kara pour rassurer Kate, Tilly et Kris, et aussi au cas où elle ne serait pas en mesure d'agir.

Un bruit dans la rue interrompt Cameron, qui se retourne en essuyant ses yeux pour sécher ses larmes.

« Arrête de me suivre, Abby ! » la supplie-t-elle en la voyant.

« Je ne peux pas, Cameron », répond Abby d'une voix douce. « Je ne peux pas te laisser seule ici. »

— Pourquoi ? Tu ne me connais pas.

— C'est vrai », reconnaît Abigail en s'approchant doucement. « Nous n'avons passé qu'une seule journée ensemble, et nous ne nous connaissons pas vraiment, pas encore complètement. Mais tu sais déjà quelques choses sur moi, non ? Tu connais Tilly, ma fille, tu as vu ma maison, tu sais où je vis et qui sont mes amis. Tu vois, tu as déjà une idée de qui nous sommes. Tu sais que ta sœur compte énormément pour moi. Tu viens tout juste d'arriver dans nos vies, et je comprends que cela puisse être effrayant. Tu t'attendais à retrouver ta sœur et tu te retrouves entourée de nous toutes, nous sommes envahissantes dans ta vie, je le conçois.

— Oui », renifle Cameron.

« Veux-tu m'expliquer ce qui s'est passé, pourquoi tu es partie comme ça ?

— C'est trop, Abby. Trop envahissant. Comme tu l'as dit, je pensais retrouver ma sœur. Mais elle n'est pas uniquement à moi. Je me sens étouffée. Toutes ces marques d'affection, c'est trop pour moi. Je n'ai pas l'habitude, et puis il y a toi, toujours toi ! Tout tourne autour de toi !

— Tu m'en veux pour quelle raison exactement, Cameron ? » demande Abigail, surprise.

« Tu as pris ma place dans le cœur de ma sœur », pleure-t-elle.

« C'est vraiment ce que tu crois ? demande Abigail d'une voix douce.

« Tu es toujours collée à elle, toujours à l'appeler "mon cœur", à la toucher. La vie n'a pas été facile pour moi, Abigail ! » crie soudainement Cameron, s'approchant d'elle en colère. « J'ai fugué, j'étais seule dehors, peux-tu seulement imaginer ce que j'ai vécu ? Sais-tu ce que c'est ? Non ! Tu ne sais pas ce que c'est d'avoir peur de dormir, de devoir trouver refuge dans des canalisations, d'avoir peur de se faire agresser.