Second chances Tome 3/6 : Cameron

Chapitre 16

C'est avec les larmes aux yeux que Tara conduit Cameron jusqu'à la station de bus. Leur nuit a été encore plus courte, si courte qu'on pourrait la qualifier de sieste. Cameron a rempli son sac à dos au maximum, essayant tant bien que mal d'y glisser ses bottes, mais l'espace vient à manquer. Elle a préféré faire preuve de prévoyance en emportant ses affaires de toilette, ses tampons, deux rouleaux de papier toilette et une bouteille de désinfectant. Cette fois-ci, Cameron est équipée et préparée. Son gros sac à dos est placé dans la soute, tandis qu'elle garde son sac d'origine, celui qui a connu ses heures les plus sombres, contre elle, alors qu'elle est assise dans le bus. La veille, elle l'a fermé avant de réaliser qu'elle a oublié un objet essentiel : son carnet de fugue. Puis Cameron est allée rejoindre Tara, les yeux rougis, pour lui tendre et lui faire lire ses notes. Cette lecture a provoqué à la fois des rires et des larmes chez Tara.

Avant d'aller se coucher, Cameron a repris ses notes dans son journal, annonçant à celui-ci qu'ils reprennent la route tous les deux. À peine le bus démarre-t-il qu'elle a les larmes aux yeux. Elle observe Tara lui faire un signe d'adieu en pleurant et ressent une profonde douleur. Elle se demande comment Tara va pouvoir conduire avec un tel chagrin. Utilisant la carte de crédit de Cameron, Tara lui avait acheté un téléphone prépayé la veille, principalement pour lui permettre de discuter et d'écrire à Alyson, Ashley et ses copines de danse aux arcades. Cameron envoie un message dès que le bus quitte le parking.

« Tu me manques déjà, Tara.

Avec un cœur.

— Je t'aime aussi, Cameron », répond-elle, « à bientôt. »

Cameron serre son téléphone contre elle, comme si elle pouvait sentir la présence réconfortante de Tara à travers ce message. Tara, celle qui l'a hébergée, consolée, élevée, au moment où elle avait le plus besoin d'une maman. Sa précieuse Tara.

Les yeux secs, irrités, douloureux, Cameron observe la route défiler, profitant du temps de trajet pour imaginer différents scénarios sur la façon dont elle va se présenter à sa sœur. Cameron veut tout savoir de la vie de Kate, de son passé à George, si elles ont eu les mêmes professeurs, tout savoir de sa vie d'artiste, de son inspiration pour ses chansons, les raisons de sa disparition, savoir si elle a un compagnon. À part une photographie prise au téléobjectif où l'on distingue Kate monter dans une voiture, les médias restent silencieux, aucune déclaration officielle en dehors du message de la maison de disques. Fermant ses yeux fatigués, Cameron tente de trouver le sommeil, mais son cerveau ne lui accorde aucun répit. Elle s'imagine avec sa sœur, mais Tara revient sans cesse dans ses pensées. Cameron a construit une vie auprès d'elle, elle s'est fait des amis, bien qu'elle ait gardé une part de vérité cachée à toutes ces personnes qu'elle appréciait et qui l'appréciaient en retour.

Au fil des pauses et des kilomètres, Cameron se sent de plus en plus nerveuse, réalisant qu'elle arrive enfin au terme de sa longue quête. Presque un an et demi s'est écoulé depuis son départ du Nebraska. Beaucoup de choses se sont produites, des expériences qui l'ont endurcie, qui ont forgé son caractère et, en même temps, qui ont préservé à jamais la petite fille de quatorze ans qui vit en elle. Cameron esquisse un sourire face à la fenêtre. Elle va enfin rencontrer sa sœur, celle qui lui a donné un but, celle qui lui a permis de changer, de devenir la personne qu'elle est aujourd'hui, plus confiante en elle-même. Cameron a découvert un métier, une personnalité dont elle ignorait l'existence, et qui n'aurait peut-être jamais émergé si elle était restée à George. Elle aurait probablement fini par se marier jeune, travailler à la ferme, passer ses soirées à boire ou à fonder une famille. Lorsque son regard est captivé par le panneau indiquant la direction de Las Vegas, une nervosité s'empare d'elle, la cicatrice sur sa cuisse semble la démanger, la brûler. Cameron pose sa main dessus, mais sa jambe refuse de cesser de trembler. Une pensée la traverse.