Chapitre 16

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   J'ouvris un œil et trouvai le visage d'Archie à quelques centimètres du mien qui me regardait curieusement. J'émergeai avec difficulté de mon sommeil, et constatai qu'effectivement le téléphone sonnait. La lumière filtrait par les volets fermés et je jetai un coup d'œil à l'horoge murale.

Je jurai dans ma barbe. Je me précipitai sur le téléphone et décrochai en pressentant qui ce serait.

–Bonjour Monsieur Ratier, c'est la directrice de l'école maternelle Thomas Pesquet. Je vous appelle car Archibald est absent en classe ce matin.

–Oui, je sais, excusez-moi, nous avons eu une panne de réveil. J'amène Archibald au plus vite.

Ma voix enrouée en attestait clairement.

–Très bien, j'en informerai son institutrice.

–Merci.

–Je vous en prie, au revoir.

–Au revoir.

Je reposai le téléphone en quatrième vitesse et observai Archie. Il avait encore son pyjama sur le dos et avait les cheveux en bataille. À en croire son allure, il n'avait pas dû sortir du lit bien plus tôt que moi.

–Qu'est ce qui se passe papa?

–Il faut se dépêcher, on est en retard pour l'école.

–Pourquoi?

–Parce que papa a oublié de mettre le réveil, dis-je en commençant en monter le ton à cause de l'agacement.

–Pourquoi tu l'as pas mis?

–C'est pas le moment de poser des questions Archibald, on a pas le temps!

À peine avais-je dit cela que le téléphone sonna à nouveau.

–Allo!

–Gabriel, enfin! Ça fait un moment que je t'attends au bar, je sais pas ce qui se passe mais magnes toi s'te plaît.

–J'arrive dès que je peux.

Je raccrochai avant qu'il me réponde, j'avais pas le temps pour ça. Si il voulait plus de détails on aurait une conversation plus tard. Je me dépêchai de m'habiller et d'aider Archibald à enfiler ses habits. Je pris un paquet de biscuits pour que mon fils les mange sur le trajet de l'école. J'ouvris la porte pour que Archie monte dans la voiture et l'attachai dans son siège auto, lui confiant son paquet de gâteaux au passage.

Je ne prenais que très rarement la voiture en dehors des fois où je me rendais à des combats clandestins. Étant en ville, on prenait toujours notre vélo ou nos pieds pour se rendre quelque part. J'arrivai rapidement à l'école. Je déposai Archie sous l'œil réprobateur de la directrice.

Beh je l'emmerdais celle-là!

C'était typiquement le genre de personne à me juger trop jeune pour m'occuper correctement de mon gamin. Tout ça alors qu'il n'avait jamais un seul retard alors que d'autres darons se ramenaient tous les jours avec cinq minutes de retard. C'était pas grand chose mais à la longue, ça devenait usant aussi bien pour le personnel que pour l'élève.

Je conduisis ensuite pédale au planché pour arriver le plus vite possible au boulot. Heureusement, à cette heure-ci les rues étaient peu fréquentées, les gosses étaient à l'école et les adultes bossaient. Et moi j'étais en retard. Je me garais n'importe comment sur le parking réservé aux employés et rejoignis mon patron derrière le bar. Il n'y avait pas grand monde de présent, quelques personnes âgées venues boire leur café et lire le journal, et un gars qui noyait son chagrin dans l'alcool.

D'un signe de tête, Daniel m'indiqua la salle des employés. Je le suivis et attendis qu'il me fasse la remontrance du siècle. Qui ne vint pas. Non, il se contenta de me fixer en silence, me laissant face à moi-même, mes doutes, et son regard inquisiteur. Lui aussi il se mettait à me juger? Avant même que je lui aie expliqué? Il finit par me balancer:

Nos Blessures CachéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant