Chapitre 19

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–Dis papa, tu me ramèneras chez Nana quand il y aura Léa et Paul?

Archie avait passé une fabuleuse après-midi en compagnie des petits-enfants de sa nounou, évidemment il voulait les revoir.

–Tu sais, ils ne vont pas souvent chez leur grand-mère Léa et Paul, tentai-je de le dissuader gentiment mais sûrement.

–On a qu'à les inviter alors!

–C'est compliqué Archibald, ils habitent loin.

Je ne savais pas si c'était parce que j'avais employé son prénom entier ou si c'était mon argument, mais mon fils ne pipa plus mot. Je revenais des urgences où on m'avait fait faire quelques examens. Résultat des courses, je n'avais aucune lésion importante mais on m'avait quand même dit d'appeler le SAMU si jamais je souffrais de maux de tête ou de vomissements. J'étais content d'avoir fait ces examens, même si c'était pour rien, il valait mieux être sûr. La petite voix d'Archie me sortit de mes pensées:

–Papa, pourquoi t'as toujours des bobos?

Interloqué, je lui jetai un coup d'œil dans le rétroviseur central. Que répondre à ça?

–Laisse tomber Archie, tu ne comprendrais pas.

–Mais si!

–Tu comprendras quand tu seras plus grand.

Typiquement le genre de phrase que détestaient les enfants. Mon gosse fronça ses sourcils et fit la moue pour finalement se taire. Il boudait, tant mieux, ça m'éviterait de répondre comme ça. Les enfants avaient parfois plus souvent raison qu'on ne le pensait. Ou les adultes avaient plus souvent tort qu'ils ne voulaient bien l'avouer.

L'après-midi, pendant que Archibald regardait un film, je repris le fil de ma conversation avec Lou.

-Alors comme ça tu fais partie de ces gens là? Ceux qui osent dire pain au chocolat. Tu es au courant qu'un pain au chocolat c'est du pain avec du chocolat? Ou à la limite un pain dont la pâte est chocolatée.

-Je te signale que je suis vendeuse en boulangerie-pâtisserie, je pense savoir mieux que personne ce qu'est un pain au chocolat. Et juste pour info, nous on accepte que ceux qui disent pain au chocolat, les chocolatines sont bannies de ma boutique

-Quel extrémisme!

-Je préfère le terme de purisme. Mais si ça te dit qu'on discute de ces nuances on pourrait le faire en vrai?

M'attendant à tout sauf à ce que la conversation tourne aussi drastiquement, je restai un instant interdit face à mon écran.

-Je pense pas être prêt encore pour ça.

-Pourquoi? T'as des choses à me dire?

Je savais ce qu'elle entendait par là, elle me poussait à la confidence. Pourtant, je lui répondis comme si de rien était:

-Des tonnes!

-Alors autant qu'on se les dise en face ces choses.

Elle avait un bon argumentaire mais la vérité c'était que j'étais trop flippé.

-Je me sens pas encore prêt, désolé.

Sa réponse mit un peu plus de temps à arriver mais finit tout de même par me parvenir

-C'est pas grave, on organisera ça quand tu seras plus en confiance.

Et merde, maintenant je venais de lui faire croire que c'était elle le problème.

-Je te fais confiance tu sais.

-Visiblement pas assez.

Cette dernière réplique avait fusée à la vitesse de la lumière. Elle m'en voulait. Je ne savais pas comment réagir, quoi répondre. Peut être que si je faisais un pas vers elle, ce serait plus juste.

Nos Blessures CachéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant