Chapitre 28

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Un mois avait passé rapidement, les messages entre Lou et moi s'enchainaient toujours plus vite, et toujours plus souvent. J'avais l'impression qu'on se connaissait de longue date. On ne s'était plus rien confié de pesant, et je me demandais si du côté de Lou-Anne ce n'était pas tout simplement parce qu'elle n'avait plus rien à me confier. Son problème concernait peut-être seulement ses parents, et tout ce que je pouvais faire c'était écouter quand elle en avait besoin et la conseiller si elle le souhaitait. Moi de mon côté, je ne lui avais toujours pas parlé de ce qui m'avait amené sur le réseau social. Si au début j'avais eu peur qu'elle ne réclame des explications, j'avais compris que Lou n'était pas ce genre de personne. Elle attendrait le temps qu'il fallait, elle voulait réellement me mettre à l'aise et me laisser le temps nécessaire pour bâtir une relation de confiance.

En parlant du loup, il venait de m'envoyer un message. 

-J'aimerais bien que tu me parles de ta première famille d'accueil. Je sais qu'elle a beaucoup compté pour toi.

-C'est vrai, Jeanne et Yvan étaient vraiment des personnes adorables. Ils étaient vraiment généreux et avaient décidé de faire le métier d'assistants familiaux en couple pour aider les enfants qui avaient besoin d'un foyer chaleureux et de presque-parents aimants. Ils avaient tous deux pratiqués un métier qui leur avait permis une retraite précoce. C'est comme ça qu'ils s'étaient retrouvés avec moi chez aux à 53 ans. J'ai eu une enfance de rêve grâce à eux. J'ai tendance à oublier tout le positif que j'ai pu avoir dans ma vie, et notamment tout ce qu'ils ont fait pour moi, et ce n'est vraiment pas leur rendre justice. C'est vrai qu'après eux, j'ai eu une vie de merde, mais ça n'excuse pas le fait que j'oublie tout ce qu'il y a eu de bien grâce à eux. Je ne les ai jamais revus depuis que j'ai été arraché à eux. J'ai trop honte de celui que je suis devenu. Que penseraient-ils de moi ? Ivan est celui qui m'a inscrit à mon premier cours de boxe, ayant lui-même fait de ce sport à un niveau amateur. J'ai de suite adoré. On regardait les tournois ensemble, on faisait quelques faux combats pour rire, mais rien de sérieux. Et j'ai transformé mon apprentissage en moyen de me faire du fric illégalement en défonçant la gueule d'autres mecs. Je peux déjà voir le dégoût dans leur regard, leur déception. Je veux qu'ils gardent le souvenir qu'ils avaient de moi quand j'étais gamin, quand j'étais une bonne personne.

-Ne dis pas ça Gab, tu n'es pas une mauvaise personne. Tout ce que tu as fait, c'était pour survivre dans des conditions qu'un gamin—parce que oui, même si on est majeur à 18 ans, on est pas pour autant adulte— ne devrait jamais connaître. Et maintenant, tu continues parce que tu n'as pas le choix, c'est pour Archie que tu fais ça. Je sais à quel point tu l'aimes, tout ce que tu fais, c'est pour lui. Tu es trop dur envers toi-même Gabriel, pourquoi tu n'arrives pas à te voir comme moi je te vois? 

-J'ai fait des choses terribles dans ma vie, que je ne pourrai jamais me pardonner. Ça me poursuivra toute ma vie et même jusque dans la mort. Je suis à peu près sûr que ma dernière pensée avant de rendre mon souffle sera cet ultime regret.

-Que s'est-il passé?

C'était le plus proche que j'avais jamais été de me confesser, de réellement expliquer à Lou ce que je foutais sur ce putain de réseau social pour âmes torturées. J'avais chaud et froid en même temps, je tremblais, j'avais envie de gerber. 

-Je peux pas, je suis désolé, je peux pas encore t'avouer ça, tu ne voudrais plus jamais me parler, tu me laisserait seul avec mes démons, encore plus mal que je ne l'ai jamais été.

-Non, je te jure que non. Quand le jour viendra où tu m'avoueras ce qu'il s'est passé pour que tu sois si mal, je ne te tournerai pas le dos.

-Tu ne peux pas jurer sans savoir, parce que quand tu sauras, tu briseras ta promesse. 

Nos Blessures CachéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant