Chapitre 36

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Le choc qui me percuta se propagea dans toutes mes cellules. Je restai là, pantelant et abasourdi, sans savoir quoi faire. La peine se lisait sur le visage de Jeanne.

–Mais... Comment?

–C'est un de ces maudits cancers qui l'a emporté. Tu sais comme il était porté sur la cigarette, une mauvaise habitude qu'il n'a jamais pu perdre. Quand on s'est rendu compte qu'il avait une tumeur, les médecins nous ont expliqué qu'ils ne pouvaient pas l'opérer. L'immunothérapie n'était pas une option suffisante vu son âge et en plus la taille du cancer était déjà importante. Ils ont pensé que le plus efficace serait la chimiothérapie. Malheureusement, ils n'ont pas trouvé de traitement adapté à temps.

–Je comprends pas, la chimio c'est pourtant connu pour être très efficace...

–Oui mais c'est une médication qui s'adapte à chaque personne et au cancer qu'elle a. Si on veut se débarrasser du cancer il faut une réponse d'au moins 75% aux différents médicaments qu'on nous administre. On a fait plusieurs tentatives mais chaque fois le taux de réponse était trop faible.

J'étais sonné par cette terrible nouvelle. Je voyais les yeux mouillés de Jeanne et je me surpris à avoir moi-même les larmes aux yeux. Ne pouvant plus soutenir le regard de la femme qui m'avait élevé, je baissai la tête et passai une main tremblante dans mes cheveux. L'eau qui s'était trop accumulée au coins de mes paupières finit par déborder et couler sur mes joues.

Les regrets me harponnèrent avec la violence d'un raz de marée. Je n'avais jamais pu faire mes adieux comme il se devait à Ivan, je ne pourrais jamais le remercier de tout ce qu'il avait fait pour moi, lui avouer à quel point il avait compté et l'amour que je lui portais. Encore une fois, j'avais tout gâché, tous ceux qui m'approchaient finissaient par en payer les conséquences. 

Un contact doux et bienveillant sur mon genoux me ramena à la réalité. C'était la main de Lou-Anne. Elle essayait de me transmettre son soutient et sa compassion dans ce geste apaisant.

J'entendis distinctement Jeanne qui se levait de son fauteuil pour s'approcher de moi. Elle s'installa à ma droite et me prit dans ses bras, comme elle l'aurait fait quand j'étais petit et que je m'étais fait mal. Elle ne dit rien mais je sentis sa peine en écho à la mienne, et le réconfort qu'elle voulait m'apporter malgré sa propre souffrance. Je me blottis dans ses bras, redevenant un instant l'enfant en besoin de réconfort qui se réfugiait auprès d'elle. Quand je sentis que je n'étais plus sur le point de craquer, je mis fin à notre étreinte et regardai Jeanne droit dans les yeux.

–Je suis désolé Jeanne.

Je m'étais exprimé d'une voix rauque, sans jamais détourner le regard, espérant ainsi traduire toute la sincérité de mes propos. Le vieille femme prit ma main entre les deux siennes et m'avoua:

–Il aurait tellement aimé te voir avant de...

Sa voix se brisa puis elle se reprit.

–Nous avons essayé de te retrouver mais c'était comme chercher une aiguille dans un botte de foin. Et tu ne pouvais évidemment pas deviner.

Soudainement, Archie entra en trombe, les yeux débordants de larmes et des sanglots plein la gorge.

–Papa, je me suis fait piquer par une guêpe!

De suite, l'ambiance pesante qui s'était installée dans la pièce retomba et je me concentrai sur le bobo de mon fils.

–Où est-ce que tu t'es fait piquer Archie? Montre-moi.

Il me tendit son bras, où je vis effectivement la piqûre et la zone alentour qui était en train de gonfler et prendre une teinte rouge.

–Oh ça fait mal ça hein? C'est pas marrant! Viens là.

Nos Blessures CachéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant