Nos Blessures Cachées

Chapitre 30

Bzzz.

Je fus réveillé par l'arrivée d'un message. Grognant, je sortis le bras de sous la couette pour choper mon téléphone.

-Comment s'est passé ton combat hier soir? T'es blessé? Et avec Julian?

Je soupirai. Je n'avais pas envie de répondre, une première avec Lou. Ce n'était pas elle le problème, c'était que je voulais purement et simplement faire comme si hier soir n'avait jamais eu lieu. Ça m'était déjà arrivé de cogner quelqu'un jusqu'à ce qu'il s'évanouisse, ce qui n'avait même pas été le cas hier soir. Mais les remords n'avaient jamais été aussi forts. Je savais pertinemment que dans le monde des gangs, c'était la loi du plus fort qui régnait. J'avais fait ce que j'étais obligé de faire. Je ne pouvais malheureusement pas rendre ma victoire aussi simple que celle contre Mathis à chaque fois. Le public s'ennuierait, le patron serait en rogne et je deviendrais prévisible aux yeux de mes adversaires. Depuis que j'avais rencontré Lou-Anne, cela exacerbait mon envie de revenir à un quotidien paisible et sécurisant, qui ne risquerait pas de mettre en danger Archie. J'en avais marre de flirter avec l'illégalité, de foutre des baignes à des mec pétris de violence et d'orgueil, je voulais redevenir humain. Parce que oui, je sentais que petit à petit, chaque coup dans chaque combat m'enlevait un brin de plus de ce qu'il restait de bon en moi. Les affrontements étaient mes défouloirs, ils me débarrassaient de mes émotions les plus viles, les plus toxiques, mais ce n'était que provisoire, et ça n'ajoutait que plus au tas de culpabilité que je trimballais derrière moi.

Je finis par répondre brièvement.

-Je vais bien, ça été rapide pour une fois. Julian n'avait pas envie que je joue avec ma proie. Il a été satisfait de mon travail et il m'a laissé partir sans me faire chier. 

-Bon beh nickel alors!

Ça me donnait envie de vomir. Elle disait cela sans même savoir dans quel état était ressorti mon adversaire. Si elle avait été là hier soir, elle m'aurait fui. Elle se serait retournée et n'aurait plus jamais regardé dans ma direction. Je laissai mon téléphone dans ma chambre, ne voulant pas me laisser distraire pendant que j'étais avec Archie. Je devais faire bonne figure, et qui sait, peut-être que ça me changerait les idées?

Je me rendis dans la chambre d'Archie et fus étonné de le trouver profondément endormi dans son lit. D'habitude il était plein d'énergie le samedi matin, bouillonnant d'une joie de vivre à peine contenue. Ça le réveillait à chaque fois, et moi aussi quand il en profitait pour me sauter dessus quand il en avait assez d'attendre.

Profitant du sommeil de mon petit bout de chou, je partis préparer le petit déjeuner. Je coupai des tranches de pain que je mis à griller et sortis la confiture à la fraise. Je préparai également des œufs brouillés, bien assaisonnés. Je ne savais pas si c'était l'odeur de toutes ces bonnes choses qui l'avait réveillé mais Archie arriva pile quand je finissais d'installer nos assiettes.

–Salut bonhomme, bien dormi?

–Ouais, trop bien!

–Je vois ça, c'est déjà dix heures et demi! D'habitude t'es réveillé avant.

–Oui mais hier je suis resté réveillé parce que je voulais attendre que tu rentres pour te dire bonne nuit. Mais je me suis endormi avant.

–Fallait pas m'attendre Archie, tu sais que je rentre très tard! Et Nana? C'est pour ça qu'elle est là, c'est pour s'occuper de toi quand je peux pas le faire. Dis-moi que tu ne le referas plus.

–Mais moi je veux que tu sois là quand je m'endors.

–Oui mais c'est pas possible ça Archibald. Je travaille.