Chapitre 21

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Ça faisait 20 minutes que je restais bloqué face à mon stupide téléphone. Je le regardais, sans oser y toucher, à la fois poussé par l'envie de tout avouer à Lou mais fébrile à l'idée de sa réaction. J'étais paralysé par la peur, et cette prise de conscience me donna le courage d'agir.

-Faut que je t'avoue un truc.

J'attendis impatiemment de voir ce qu'elle allait répondre, j'anticipais déjà ses mots et lesquels j'emploierais pour y répondre. Mais la réponse ne venait pas. Elle ne vint pas dans les cinq minutes suivantes. Quand dix minutes eurent passées, je reposai mon portable, déçu.

La journée se déroula étrangement. J'étais là sans être là, j'avais l'esprit ailleurs sans qu'il ne soit non plus focalisé sur Lou-Anne. Certes, je ne pouvais empêcher mes pensées d'y revenir, mais j'étais plus dans un entre-deux cotonneux, coincé entre mes actions de la journée et mes questionnements sur le comportement de mon amie.

J'attendis. Un jour. Deux jours. Au bout de trois, j'avais arrêté d'espérer, je me disais qu'elle avait eu trop peur de ce que j'allais avouer, ou qu'elle n'avait jamais osé me dire qu'elle ne m'apréciait pas ou peut-être qu'elle voulait simplement éviter les confessions pour ne pas ternir l'image qu'elle avait de moi. Quoi qu'il en fut, j'étais déçu.

Un goût amer persistait dans ma bouche, une ombre planait au-dessus de moi en permanence. Je ne comprenais pas comment ça pouvait me mettre dans un tel état. Comment j'avais pu donner autant d'importance à une personne que je connaissais depuis si peu? C'était exactement pour cette raison là que j'étais réticent à m'inscrire sur FreeMe, au début.

J'étais en train de ruminer ma mauvaise humeur et mes sombres pensées quand mon téléphone vibra. J'étais en plein taff, en train de faire la vaisselle, alors j'y prêtai pas plus attention que ça. Il vibra à nouveau cinq minutes plus tard. Puis les vibrations se succédèrent à un rythme effréné. Daniel me jeta un coup d'œil.

-Quelqu'un a l'air de vraiment vouloir te parler.

Je mourrais d'envie de savoir si c'était Lou, mais je me retenais par respect pour mon patron. Me donnant une tape sur l'épaule, il montra mon téléphone d'un signe de tête.

-Aller, vas-y, il n'y a personne. Ça m'emmerde plus d'entendre ton portable vibrer toutes les deux secondes que de devoir te remplacer à la vaisselle. Et après tu me feras plaisir, tu mettras ton téléphone en silencieux.

Abandonnant l'assiette sale dans l'évier, je récupérai l'objet de mes préoccupations. Mon cœur se mit à battre plus vite lorsque je lus le nom sur l'écran. Je m'empressai d'ouvrir ses messages pour voir ce qu'elle avait écrit.

-Désolée!
-Je suis vraiment désolée de pas avoir répondu plus tôt!
-Excuse-moi, c'était compliqué.
-Je pouvais pas te répondre avant, mais c'était vraiment pas contre toi.
-J'espère que tu ne m'en veux pas.

Je pris mon temps pour réfléchir à ce que j'allais lui dire. Je ne voulais pas agir sous le coup de la colère mais je voulais qu'elle comprenne à quel point ça m'avait impacté. Je tentai d'analyser mes sentiments, ce que je ressentais.

-Tu m'as vraiment blessé en ne répondant pas. Je ne suis pas le genre de personne à se vexer pour un vu mais habituellement tu réponds toujours très vite, et là que c'était important, tu as mis trois jours à répondre! J'avoue que je comprends pas. J'ai déjà du mal à me confier, alors si tu me coupes dans mon élan ça va pas aider.

-Je suis vraiment désolée, je t'assure que mon but n'était pas de te faire douter de ma confiance, et surtout pas de te blesser.

-Donc quoi? Tu vas juste me dire que t'es désolée? Il n'y a même pas de raison valable au fait que tu m'aies laissé en plan avec mes inquiétudes pendant trois jours?

Nos Blessures CachéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant