2

41 10 2
                                    

Les anciens avaient l'habitude de dire que:<< Xalé lokoye def xam ko ndax xalé Dou faté>> Ceci était une pure vérité. Car l'enfant peut oublier certaines choses mais d'autres le marquent à tout jamais. Raison pour laquelle les anciens nous ont mis en garde sur notre comportement vis à vis des enfants. Mais chez l'enfant ce n'est pas juste les faits des uns et des autres qui le marquent mais les moments qu'il juge important pour lui sont marqués à l'encre indélébile dans son cerveau. Raison pour laquelle je me souviens comme hier du jour où je me suis voilée.
Même si j'ignore totalement les circonstances je sais que ce jour j'étais allé au daara avec un foulard de ma mère. En ces temps j'avais trois ans et on habitait à Sangalkam. On m'avait inscrit depuis mes deux ans dans cette école coranique. Et je me rappelle j'étais une élève très intelligente j'ai maîtrisé très rapidement les règles du tajwid. L'imam m'aimait bien. Ce jour là, lorsque je suis arrivée, je lui ai tendu le voile, il a fait des invocations et récité le Coran puis m'a mis le foulard. Depuis ce jour je suis voilée. Étant plus petite, je me souviens que lorsqu'on m'enlevait le voile soit je m'évanouissais soit j'avais des migraines atroces. Si aujourd'hui je ne m'évanouis plus, je vis quand même avec des migraines chroniques.
Faisons un jeu de mot sur le mot voilée car de la même manière que je me souviens de ce jour merveilleux où je me suis voilée c'est de cette même manière que je me souviens du jour où je me suis faite violée dans ma propre maison, dans la chambre même de mes parents.Pouvai-je parler de viol?N'était-ce pas un inceste? Y avais-je laissé mon honneur? N'ayant que huit ans à cette époque, je n'avais rien compris mais là tout est clair dans ma tête.
Mais pour moi les liens familiaux sont plus importants que tout et qu'il faut à tout prix les préserver quitte à en souffrir.
C'est ma mère qui me sortit de mes pensées
-À quoi penses-tu jeune fille? me demanda t'elle
-Je me remémorais juste le jour où je me suis voilée. Pourquoi m'avez vous voilé déjà?
-Moi Mariama Sarr! Je ne t'ai pas voilée. Tu t'es voilée toi même. C'était ta décision.
-Ma décision à trois ans sérieusement Maman?
-Je m'en souviens comme si c'était hier. Tu es allé au daara avec mon torchon de cuisine pour dire à l'imam que tu voulais te voiler. Et il t'a demandé de me dire de te donner un foulard pour ça. Et le soir, je te l'ai donné et tu es revenu du daara un nouveau voile sur la tête. C'était un cadeau de la femme de l'imam. Et depuis lors tu es voilée.
Je me mis à rire tellement l'épisode du torchon était marrante.
-Je croyais que c'était votre décision.
-Non ma fille, ce n'est pas une décision que l'on doit prendre pour nos enfants je trouve. Je peux te faire porter le foulard afin que tu t'y habitues et prenne ta décision lorsque tu seras pubère et non te l'imposer. Au bas âge, vous ne comprenez pas l'importance du voile, il faut tout savoir sur cette obligation pour pouvoir prendre une décision. Même pour toi, renseigne toi davantage et  celà te reconfortera dans ta décision.
-D'accord maman. J'avais déjà lu un passage du coran sur ça. Il est dit à la sourate 24 verset 31:
Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs soeurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l'on sache ce qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Dieu, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès.
-MashaAllah. Médite sur ses paroles la lecture seule ne suffit pas.
-D'accord maman. Je t'accompagne aujourd'hui à la plage.
-Tu ne dois pas réviser?
-Non Ma laisse tomber suis en vacances et je préfère de loin t'accompagner.
-D'accord. Allons y.
Elle porte le plateau de Maad sur sa tête et tient le panier de cacahuètes. Tandis que moi je portais celui des mangues. Nous marchons un peu avant d'atteindre la plage des Almadies qui n'était pas très loin. En cette période, la plage était animée et bondée de personnes : touristes, natifs ...tout le monde venait y passer le temps. Contrairement aux dames lébous qui avaient installées des tables fixes et vendaient leurs produits à des prix hors norme, ma mère ainsi que d'autres peulhs portaient leurs plateaux sur la tête et sillonnaient entre les groupes de personnes. Je suivais ma mère discrètement et m'arrêtais lorsqu'on l'interpellait. Elle était connue de certaines habituées de la plage. Arrivée à un groupe installé sur les parasols, je reconnus une ancienne camarade de l'école Stella Maris de Ouakam. Eh oui malgré notre situation je n'ai étudié que dans des écoles privées réputées. Ayant effectué ma préscolaire à l'établissement Notre Dame des Anges, j'ai fait l'élémentaire au Stella Maris. Et actuellement suis au cours privé Anne Marie Javouhey. 
Ah cette Camarade,Rita, elle aimait tellement frimer et se croyait au dessus des autres. Lorsqu'un jour, son insolence l'a conduit à s'attaquer à ma meilleure amie Suzy, elle a eu affaire avec moi. De base je ne suis pas agressive mais ce jour là, je l'ai flanquée une de ces gifles qu'elle n'oubliera pas de sitôt. Malheureusement pour moi, la maîtresse m'a vu et j'ai été punie.
Je ne pus m'empêcher de la regarder longuement avec son maillot de bain deux pièces, elle n'avait pas changé. Je me suis rendue compte qu'elle ne m'avait pas reconnu et heureusement pour moi. Je n'aurai su quoi lui dire. Même cette épisode date du CE1 j'aurai quand même eu honte.
Après que toute sa famille ait achetée nous sommes partis. Et j'ai dit à ma mère qui elle était. Elle n'a rien dit, elle a juste continué sa ronde.
Nous sommes rentrés vers 19h. Et je me suis dépêchée de préparer le dîner . J'ai du interrompre la cuisson des pâtes pour prier. Après la prière Assane est venue avec ses amis. En effet malgré notre situation, tous les amis de mes frères venaient manger chez nous. Ma mère était très hospitalière même s'ils ne venaient pas, elle leur réservait toujours un bol au cas où. Elle ne dérogeait pas à la règle du téranga sénégalais.
Je servis le repas quand mon cousin arriva ainsi que mes autres frères.
Nous étions entrain de manger lorsque mon cousin dit soudainement
-Sama diabar dji temps yi meune nga togue dh
-Les cousins sont fait pour les cousines mom doxoul si samay dome té en plus yow magam nga yalène bokk même wène bingène napp
Je fus pris d'un haut le cœur, mon ventre se nouait horriblement. Je le regardai et quittai le bol.
-Bon appétit dis je avant de partir me réfugier dans la chambre les yeux larmoyants.









Max de vote et de partage.
C'est mon premier livre soyez indulgent.

Le Chemin Vers Le BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant