5 - OSTAGGIO

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Mars 2022, ???, Mexique.



Ils savaient.
Ils savaient qu'on viendrait.
Ils savaient qu'on serait là.
Ils savaient ce qu'on préparait.

Ils étaient au courant de tout. Absolument tout.

Tout semble plus clair et plus évident maintenant que j'y réfléchissais. Ce silence étrange dans chaque pièce de cet immense building. Cette absence de difficultés. Cette facilité à laquelle on grimpait les échelons un à un. C'était voulu, tout était calculé pour nous coincer.

C'était si... prémédité.

On s'était fait avoir comme des rats.

J'aurai dû être plus méfiante.

Je suis stupide.

Tellement stupide.

Le visage de mes collègues déferlèrent dans mon esprit. J'espérais qu'ils allaient bien car s'il venait à leur arriver quoi que ce soit je ne m'en remettrai jamais.

...
Et bordel j'ai un mal de chien à la tête.


J'ouvre lentement les yeux, les paupières lourdes.

La pièce dans laquelle je me trouve est sombre uniquement éclairée par un néon rouge à l'entrée du couloir qui laisse passer une faible lueur de jour à travers ma porte en bois, forgée de fer. Le froid de cet endroit me fait frissonner et le fait que je sois assise sur le sol glacial n'arrange rien. Une odeur nauséabonde règne dans ma cellule. Elle sent le renfermé et la décomposition. C'est à peine respirable. Je retiens un haut-le-cœur à chaque nouvelle bouffée d'oxygène.

Les parois de ma cellules sont composées de briques noires mais on peut facilement apercevoir à plusieurs endroits de longues traînées de sang séché arborant les murs.

L'ambiance est glauque et lugubre. Glaciale.

La pièce est entièrement vide, seule une petite chaise rouillée gise au beau milieu de la pièce. Apparemment, je ne suis pas la première à habiter ces lieux. Les traces présentes au sol ainsi que sur les murs confirment ma théorie.

L'image de mes collègues me revient en tête. Sont-ils ici ou ont-ils réussi à s'échapper ?

Mais par dessus tout, étaient-ils en vie ?

Des questions fusent dans tous les sens mais je n'ai aucune réponse à leur offrir.

Ma cage thoracique se compresse brutalement me forçant à me calmer et à reprendre doucement mon souffle.

Je mets un temps fou à me remémorer les événements passés. Je suis encore complètement sonnée. Sous le choc.

Brusquement, je me redresse et me mets à fouiller dans mes poches et à ma grande surprise il n'y a plus rien. Ils ont dû prendre un malin plaisir à me dépouiller de toutes mes affaires. Mon glock n'est plus là tout comme les trois dagues que je transporte quotidiennement dans leur étui, positionné sur ma cuisse gauche. Ils ont même pensé à retirer les pinces qui retenaient mes cheveux. Putain, ils sont loin d'être bêtes. Mon regard glisse lentement sur mes jambes nues. Ces dernières sont couvertes d'hématomes bleutés.

Ils n'y sont pas allés de mains mortes.

Une impression de déjà vu me parvient à l'esprit. Cette pièce faisait ressortir mes plus vieux démons. Des démons que j'avais mis des années à enfouir.

— T'es trop longue ! Ça fait déjà deux minutes que t'aurais dû enlever ces putain de menottes. Bordel ! Tu veux que je te mette une deuxième balle dans le corps pour ta deuxièmes minutes de retard ? À moins que tu comptes encore passer la nuit ici ? Cinq jours ne t'ont pas suffit ? S'exclama la voix, exténuée par mon incompétence au bord de la crise de nerfs.

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