10 - PANCAKES

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Mai 2022, Monterrey, Mexique.



J'ouvre les paupières mais l'intensité de la luminosité dans la pièce m'aveugle instantanément et me force à plisser les yeux. Après quelques secondes d'adaptation, je me redresse doucement en détendant mes membres engourdis. Je profite de mon instant d'émergence pour détailler attentivement la pièce. Je suis plongée dans un grand lit double, blanc et d'un confort à en faire jalouser les morts.

Les draps sentent le propre d'où un fort parfum agréable s'échappe. L'odeur caresse mes narines et me force à me lever. Je retire la couverture kaki qui recouvre mon corps et je bondis hors du lit tel un chat sauvage. Je me lève si brusquement que je me prends la couette dans les pieds, m'étalant de tout mon long contre le sol froid. Un gros boum résonne brusquement contre le parquet tandis qu'une douleur aiguë m'irradie les côtes. Si la douleur n'était pas aussi prononcée, j'en rigolerais probablement.

Je me redresse rapidement, comme si de rien n'était, et mon regard s'illumine soudainement face à la vue qui s'étend devant moi. Je n'avais visiblement pas pris correctement le temps nécessaire pour détailler la chambre. Les murs sont matelassés d'un vieux gris clair moderne tandis que le mobilier s'accorde parfaitement à l'atmosphère de la pièce. Un sublime lustre en cristal aux multiples reflets argentés est disposé au centre la pièce. Face à moi, une gigantesque baie vitrée teintée laisse filtrer la lumière réfléchissante du jour où une vue à couper le souffle s'étend. Le soleil fait rage dans la pièce et je me laisse bercer par l'étendue de la ville de Monterrey sous mes yeux.

J'ai l'impression d'être à la maison.

La maison...

La chambre est composée de deux autres pièces, marquées par des portes métalliques. J'en ouvre une première où un gigantesque dressing en chaîne noir s'étend et me fait de l'œil. De longues bandes de leds s'enclenchent à l'intérieur des meubles sous mon passage. Les vêtements sont parfaitement rangés et classés dans un dégradé de couleur très propre. Au bout de la pièce figure un grand miroir dont les finitions dorées reflètent la lueur douce de l'endroit. Ce dressing pourrait parfaitement être assimilé à celui de mes rêves. Il manque quand même quelques chaussures.

Un raclement de gorge derrière moi me fait brusquement sursauter.

À travers le miroir, mon regard plonge magnétiquement dans celui d'Esteban. Il se tient debout, derrière moi, les cheveux humides et une serviette autour des hanches. Il doit probablement sortir de la seconde pièce, qui est donc une salle de bain.

Est-ce que je dois à nouveau tenter de m'enfuir ?

Est-ce qu'il compte encore m'enfermer ?

Le fait que je sois la fille de son patron lui donne t'il encore le droit de me toucher ?

Je me retourne et mes yeux se figent sur son corps musclé. Je le détaille attentivement du regard. Ses muscles sont contractés et font ressortir ses veines le long de ses avant-bras. Ses pectoraux gonflés laissent apercevoir une légère cicatrice sur l'un d'eux. Il est encore mouillé par sa douche matinale et de fines gouttes descendent le long de ses abdominaux parfaitement dessinés.

Il est vraiment bien foutu... le chien.

Il se racle de nouveau la gorge et je lui adresse un regard noir, me maudissant de l'avoir maté aussi ouvertement.

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