CASA SILVA

7 - EL SEÑOR

??? 2022, ???, Mexique.

C'était officiel je ne pouvais plus me blairer cet endroit que ce soit en nature ou en peinture. J'avais envie d'arracher mes yeux de leurs orbites. Cela faisait presque deux semaines que j'étais ici. Je le sais car c'est aujourd'hui que le fameux "Pedró" doit faire son grand retour.

Néanmoins, je n'ai aucune idée de la date, du jour ou même de l'heure qu'il est. J'ai perdu toute notion du temps.

Tout ce que je voyais, c'était mon corps qui mourait petit à petit, qui s'asséchait et qui cédait . Et pourtant j'essayais de me battre pour ne pas fermer les yeux pour le restant de mes jours. J'acceptais chacun de ses coups en silence me laissant me plonger petit à petit dans un monde plus obscur. Un monde où personne ne pourra venir me sauver. Aucune larme n'avait coulé sur mon visage mais mon âme elle, pleurait à ne plus en pouvoir, elle souffrait.

Cela faisait des jours que j'étais enfermée, que je n'avais pas vu une seule lueur de soleil.

J'étais affamée.

Je ne sentais plus le sang circuler dans mes vaisseaux sanguins. J'avais perdu l'usage de tous mes membres. Je me rappellais encore la douleur que me procurait ces coups de poignards qu'il avait lentement enfoncé dans ma chair pour m'immobiliser. Cette douleur me déchirait les entrailles à tel point que j'avais vomi le peu de choses qui restaient encore à l'intérieur de mon organisme. J'avais l'impression que mon âme se détachait de mon corps. Je la voyais hurler, pleurer et souffrir. Mais par dessus tout, ce qui me tuait, c'est que je ne pouvais rien y faire. J'étais terriblement impuissante face à ses maux. Elle était à l'agonie et petit à petit elle succombait, elle suffoquait et elle se brisait.
Ce qui me tuait le plus n'était pas les coups ou les marques qui régnaient sur mon corps. C'était le fait de revivre en permanence mes plus grands traumatismes. Cet endroit réanimait absolument tous mes souvenirs les plus enfouis. Mes pensées se remémoraient mes interminables années de captivité. Des années que je n'aurais jamais voulu vivre. Ces années m'avaient privé de mon enfance et m'avaient volé mes rêves et ma pureté. Et rien ne pourra jamais remplacer le temps que j'avais perdu à pourrir.

Malgré moi, j'avais plongé dans ce monde la tête la première sans aucune possibilité d'en sortir.

Voilà le terrible sort de ma destiné.

J'avais grandi dans la violence et mon corps dans la souffrance. Des dizaines de marquent resteront à jamais gravées sur mon corps. Elles étaient mes témoins et les gardiennes de mes plus grandes peines.

Mon mental était le dernier survivant de cette longue liste, il essayait de tenir bon jusqu'au bout, il encaissait jusqu'à ce que mon corps rende son dernier souffle. Il était le dernier qui se battait encore pour ma vie car mon corps, lui, avait déjà cédé. Et mon mental viendra à son tour bientôt le rejoindre.

Du sang s'échappait de mes plaies.

Si je survie, je me demande dans quel état je vais retrouver mon corps. Je serai probablement amputée de ma jambe droite et peut être défigurée à vie ?

Je ne sais pas dans quel état était ma joue mais ce dont j'étais certaine, c'est que la douleur me fait atrocement souffrir.

C'était à ça que rimait ma vie alors ? J'étais née pour souffrir et être torturée éternellement ? Treize longues années ne suffisaient-elles pas ? Pendant combien de temps allais-je encore souffrir et attendre de succomber à mes douleurs ?