CASA SILVA

15 - RAPIMENTO

Mai 2022, Texas, États-Unis.

ESTÉBAN

L'agitation de la pièce me fait sortir de ma torpeur m'arrachant à des pensées bien trop funestes. Le lit rebondit doucement ce qui me secoue légèrement. Mes paupières encore fermées filtrent un espèce de brouillard rougeâtre me faisant comprendre que la pièce dans laquelle je me trouve vient d'être illuminée. Le soleil doit probablement s'être levé. Mon corps est chaud, presque brûlant, ce qui est plutôt inhabituel. J'essaye de bouger, les paupières encore closes, mais quelque chose retient mon bras m'empêchant de me relever. Mes neurones mettent un temps fou à se reconnecter.

Putain j'avais presque oublié ce détail.

Le corps endormit de Katherina repose sur mon bras. Elle semble être sur le point de se réveiller puisqu'elle n'arrête pas de bouger dans tous les sens. Cette idée me met fortement sur les nerfs.

Bordel, cette tontas m'a réveillé à force de gigoter comme un ver.

— Bouge encore et je te pète la gueule. La menaçais-je d'une voix rauque entre deux claquements de langue.

Elle grogne et je sens son corps se redresser brusquement contre le matelas.

Putain.

— Qu'est-ce tu fous là ?! Hurle t'elle, d'une voix horrifiée.

Bordel me casse pas les oreilles de bon matin si tu ne veux pas que je t'étouffe avec un coussin.

— J'ai aucun compte à te rendre. Braillais-je en me tournant de l'autre côté pour me rendormir.

Elle devra se contenter de ça pour réponse. Certes je me suis glissé dans son lit pendant qu'elle dormait mais c'était uniquement parce que Kol prenait toute la place dans le canapé. J'ai essayé de dormir avec lui mais dans un canapé aussi petit avec nos deux gros gabarits c'est peine perdue.

Comme électrocutée par mon contact, elle se relève machinalement et se retire instantanément du lit me laissant à moi seul l'entièreté de la place du grand lit double dans lequel je m'étale aussitôt en écartant les jambes. Après quelques minutes à tourner dans le matelas mou, je finis par enfin trouver une position confortable. C'est le moment de se rendormir.

Cette garce comprit aussitôt mes intentions et elle ouvrit complètement les rideaux faisant entrer une quantité innombrable de lumière.

Les rayons du soleil m'aveuglent soudainement malgré mes paupières closes. Je râle de mécontentement ce qui la fait glousser. Je l'insulte mentalement avant de me mettre à réfléchir à comment je vais lui faire payer cet affront.

— T'es une femme morte Katherina. Lui annonçais-je sans pour autant ouvrir les paupières.

— Je ne vois pas de qui tu parles, je suis Amber River. Me fit-elle malicieusement en référence à son identité temporaire pour notre mission.

Je finis par ouvrir les paupières, agacé par son ironie. Déjà que je ne suis pas matinale si en plus elle vient me casser les couilles, c'est pire. Je la fusille du regard puis je me relève brusquement du lit prêt à lui faire sa fête dont elle se souviendra pour le restant de ses jours. Elle déglutit soudainement avant de partir en courant s'enfermer dans la salle de bain.