14 - PARTENZA

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Mai 2022, Monterrey Mexique



Abasourdie par sa demande soudaine et inattendue à trois heure du matin, je mets du temps à réagir. Ma seule réaction fut de froncer les sourcils en attendant qu'il développe son propos.

Comprenant que je n'allais pas bouger tant qu'il ne se sera pas décidé à parler, il me tend une main que j'accepte aussitôt et m'entraîne à l'autre bout de l'appart. On entre dans une chambre et il ferme la porte aussitôt après notre passage, évitant ainsi les oreilles et les regards intrusifs. Il souffle quelque chose d'inaudible dans sa barbe avant de se tourner face à moi, les bras croisés et le regard sévère.

— Il faut que je retourne en Sicile.

Son affirmation me cloue sur place.

Mon cœur rate brusquement un battement.

Mes sourcils se froncent davantage.

L'incompréhension se lit sur mon visage.

La Sicile... je l'avais presque oublié...

— Pourquoi ça ? Je chuchote, honteuse d'avoir oublié mon propre pays pour un autre.

Son regard s'assombrit légèrement et vient immédiatement s'amarrer au mien. Il décroise ses bras et souffle.

— Katherina... ça fait presque deux mois que nous sommes au Mexique et qu'il n'y a plus personne pour gérer Casa Silva. Bon sang, rester ici n'a plus d'intérêt pour nous.

Son ton réprobateur est doux. Il se masse l'arrière du crâne, presque gêné par la situation.

Et c'est probablement l'une des premières fois que je ne partage pas son avis. Contrairement à lui, j'ai encore des affaires à régler au Mexique avant de pouvoir rentrer. Mes responsabilités en tant qu'héritière doivent être cédées et la piste concernant la disparition de mes 3 membres doit encore être approfondie. Je refuse de partir sans savoir ce qui leur est arrivé. La question familiale est aussi un enjeu dans lequel je ne sais pas encore me positionner.

— Mais je-

— Je sais que je ne peux pas te demander de partir. Tu as encore des choses à éclaircir ici. Me coupe t'il comme s'il lisait dans mes pensées. Mais il faut que quelqu'un prenne la relève.

Il baisse la tête. Son regard se dirige vers sa valise, au sol, déjà prête depuis ce qu'il me semble être une éternité.

— Ma décision est prise, je pars tôt dans l'après-midi. Souffle t'il.

Sa réponse me stoppe net dans mon élan mais je ne peux m'opposer à sa décision car il a considérablement raison. J'hoche la tête, avalant ma salive de travers.

Voilà ce que je déteste le plus chez cet homme : son impulsivité.

Je pense que je peux ajouter cette énième décision prise sur un coup de tête à la longue liste qui orne son palmarès. Mais malheureusement et comme toujours, il a raison. Et le fait qu'il soit rationnel à ce point là, m'inquiète sérieusement.

Mais sa décision me touche.

Et il faut que quelqu'un gère la mafia.

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