Chapitre XX

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          - Merci d'être compréhensif, Suungaalhkyinn. Je vais essayer.

          - Et ne t'en fais pas, on a ici tous le même point de vue, tu pourras être serein.

          Angus prit son courage à deux mains et sortit de sa cachette, se précipita vers Yann en criant d'arrêter.

          - Yann, Ahmed ! Arrêtez-vous ! Ils ne sont pas nos ennemis !

          - Qu'est-ce que tu racontes ? Bien sûr que si, Baudering nous l'as assuré ! D'ailleurs, t'en a un qui te court après ! rétorqua Yann en tirant dans l'épaule de Suungaalhkyinn, qui eu un temps d'arrêt, avant de reprendre sa course.

          Il rejoint Angus, pour, semblait-il, tenter de parlementer, mais arrivé à proximité, planta un couteau dans le dos du roux.

          - Tu croyais quand même pas qu'on se lierait d'amitié avec un être inférieur ? Baudering, si ! Sa noblesse l'a rendu faible, c'est pourquoi nous ne sommes plus amis depuis un bon moment déjà !

          - Pourtant, quand je t'ai entendu dire que vous aviez seulement peur de votre boss, ça voulait dire pour moi que nous avions des projets en commun ! souffla Angus en tombant, tentant d'attraper le couteau planté dans son dos.

          - Il y a une chose de plus dangereuse que le boss : c'est tout simplement vous, les Hom-

          Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Ahmed tira sur lui, entre ses deux yeux. Yann s'agenouilla auprès du blessé, sortant des bandages d'une trousse. Délicatement, il le pansa avant de l'emmener dans un coin calme pour finir de le soigner. Avec le peu de forces qu'il lui restait, Angus posa sa main ensanglantée sur celle de l'historien en secouant négativement la tête. Il était trop tard, et Angus le savait malheureusement. Il n'y a que dans les histoires où les personnes s'en sortent miraculeusement. Ce satané Suungaalhkyinn avait visé les points vitaux, pour ne pas qu'il n'en réchappe.

          Du sang coulait de sa bouche, sa vue se brouillait au fur et à mesure des secondes qui passaient. Malgré sa faiblesse, il réussit à sourire.

          - Je pensais pas qu'être bienveillant et compréhensif était plus dangereux qu'être égoïste...

          - Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est beaucoup plus sûr ! La preuve, quand tu es blessé, on vient te sauver, alors que lorsque tu es égoïste, tu n'as pas d'amis, et donc personne pour te sauver !

          - Tant mieux, alors...

          Dans un dernier souffle, Angus ferma les yeux. Sa main glissa de l'habit de Yann et tomba par terre. Et c'est ainsi que s'éteignit la vie d'Angus.

          Yann pleura toutes les larmes de son corps : pendant plus d'un an, il avait assisté à tout ses cours d'armes, avait gouté tout ce qu'il avait préparé avec joie et veillé tard dans la nuit à papoter avec lui, se racontant plein d'histoires sur leur passé. De son côté, Ahmed, qui avait vu la scène, laissa perler une petite larme au coin de son œil. Furieux, il tira dans la tête de tous les Yesewis sans armes qui tentaient de s'enfuir, jusqu'à ce que plus personne ne soit en vie.

          La salle était maintenant remplie de cadavres, les murs étaient devenus rouges de sang. Seules deux personnes étaient encore en vie : Yann et Ahmed. Le demi-groupe de Yann avait été décimé par les ennemis, et celui d'Angus était resté caché derrière la porte, attendant les ordres de leur chef, malgré le vacarme qu'ils avaient pu entendre.

          - Notre travail est fait, assura le grand. Sortons d'ici, et veillons les horizons. Ce n'est pas maintenant qu'il faut se relâcher. Yann ! Arrête de pleurer. Ce n'est pas en pleurant que nous vaincrons les Yesewis, malheureusement. Dépêchons-nous, la bataille que nous avons gagnée n'est pas la guerre.

          Yann se releva péniblement. Ses yeux étaient rouges. Rouges de peine et de malheur. Ils rejoignirent le reste du groupe qui patientait en dehors de la salle et expliquèrent tout ce qu'il s'était passé.

          - Vous ne pouviez pas rentrer ? rugit Ahmed. On aurait pu éviter tous ces morts de notre côté !

          - Angus nous a défendu d'entrer, rétorqua Mathieu. Il voulait régler ça sans aucun blessé, peu importe le côté, ennemis ou amis. Qu'il est con ! Une bataille, c'est forcément des blessés et des morts. Si on pouvait régler tout ça en blablatant, ça se saurait !

          - Nous pouvons simplement espérer que tout se passe bien pour les autres. Espérons qu'Arabel, Chaïm et Bao n'aient pas cet acte de gentillesse qui les mèneront à leur perte.

*

**

          Arabel se cacha derrière un bosquet, suivie par son équipe. Leur idée était simple et claire : contourner le château, creuser un trou qui rejoigne la pièce où étaient cachés les soldats puis placer une grenade et profiter de leur surprise pour les tuer. Enfin s'ils étaient toujours en vie.

          Voyant que personne ne se trouvait sur le chemin de ronde, le groupe se précipita aux abords des murs et les contournèrent pour arriver à celui dans lequel il fallait creuser un trou. Derrière le rempart, on entendait de la musique, tellement forte qu'elle traversait le mur. Il n'y aurait donc aucun souci pour y faire le trou sans attirer l'attention. Quatre personnes restèrent, dont Arabel, les autres s'éloignèrent pour ne pas se faire happer par la fumée et par l'explosion de la grenade. En groupe, ils se bousculeraient et mourraient bêtement.

          Une fois le trou creusé, Arabel vérifia une fois de plus si les gardes se trouvaient bien ici. Oui. Elle ordonna alors aux trois qui l'accompagnaient de déguerpir au plus vite, puis elle dégoupilla la grenade, la lança dans la salle et partit en courant. Une, deux secondes. Elle se retourna et vit la grenade foncer droit sur elle.

Un avenir... Je sauverai le monde à ma façonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant