Chapitre III

23 8 24
                                    

          - Rassemble tes affaires, ordonna-t-il. On va camper chez Lise et Time. Elles nous croiront, et avoir deux alliées de plus, ça rend les choses plus simples, quand on veut sauver le monde !

          - Mais qu'est-ce qu'on va faire chez Lise et Time ? demanda Baudering. Elles ont quitté la boîte il y a plus d'un mois !

          - Peut-être, mais comme elles vivent dans la montagne, les zombies ne seront pas beaucoup à venir empiéter dans notre mission, rétorqua Argan. Et puis, elle nous croiront, j'en suis sûr.

          Les deux hommes empruntèrent un chemin caché dans les broussailles et les feuilles tombées à l'automne. L'odeur de la forêt en hiver sentaient encore l'air libre et frais d'une journée banale. Bientôt, ce ne serait plus le cas. Le nuage ne tarderait pas à se dégrader, mais il laisserait derrière lui des familles entières dévastées.

          En arrivant devant une somptueuse et grande demeure appartenant aux deux filles qu'Argan voulait rejoindre, celui-ci alla frapper à la porte après avoir posé son sac à dos.

          La grande porte en bois s'ouvrit lentement en émettant un grincement sinistre, et une jeune femme apparut devant les deux hommes. Ses cheveux étaient châtains et attachés en chignon. Quelques mèches couvraient ses yeux vert émeraude et cachaient ses lunettes fines et rondes. Elle croisa les bras à la vue d'Argan et fronça les sourcils.

          - Qu'est-ce que vous faites ici ?

          - Tu sais ce que sont les zombies ? demanda Argan.

          La dame ne répondit pas, mais le mouvement de son bras indiqua qu'elle les laissait entrer alors les deux hommes suivirent leur guide dans la grande demeure.

          L'intérieur était très spacieux, lumineux et vintage. Des poutres en bois pendaient au plafond, la tapisserie était claire et semblait rugueuse, on devinait déjà quelques déchirures au niveau des coins. Des meubles en bois étaient disposés ici et là. Une autre femme était assise sur un canapé en cuir en sirotant l'eau de son verre.

          - Qu'est-ce qu'il y a, Lise ? appela la personne installée confortablement.

          - On a de la visite, répondit l'autre.

          À ces mots, l'intéressée se leva et rejoignit le groupe de trois qui attendait patiemment dans l'entrée. Ses cheveux bruns attachés en queue de cheval flottaient au vent et laissaient entrevoir deux profonds yeux bruns. Elle portait un gilet bleu ouvert sur une chemise noire, un short rouge arrivant au niveau de la moitié de ses cuisses, et ses sandales étaient de la même couleur que son short.

          - Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle.

          - Apparemment, des zombies, répondit Lise en haussant les épaules. Venez, on va s'installer dans les fauteuils pour que vous nous racontiez ce qu'il se passe.

*
**

          - Voilà toute l'histoire, finit Baudering, en se gardant bien qu'ils ne venaient pas d'ici.

          - J'ajoute également que c'est moi qui ai eu l'idée de venir vous voir ! sourit Argan. J'ai eu raison, n'est-ce pas ?

          Les deux femmes hochèrent la tête en souriant puis proposèrent de les loger le temps de trouver une solution.

          Les Yesewis acceptèrent bien volontiers et on leur montra leur nouvelle chambre pour les semaines à venir.

*
**

          La pluie tombait, ne cessait pas. Argan regardait les gouttes ruisseler sur la vitre teintée de sa chambre. Il ne parlait pas, mais ses méninges étaient en constante réflexion.

          Allait-il mourir s'il se faisait mordre ?

          Les scientifiques avaient assuré que non. Mais on n'était jamais sûr de rien, et peut-être étaient-ils au courant que leurs règles n'allaient pas respectées.

          Cela faisait déjà une semaine complète que l'homme collait sa tête contre la vitre, attendant que les choses s'améliorent. Ou se détériorent encore plus.

          - Viens manger, il est midi.

          Baudering se tenaient dans l'encadrement de la porte. Ses cheveux courts avaient très légèrement poussé mais ils étaient toujours aussi noirs.
Le blond se leva et passa à côté de son ami, tête baissée. Il avait quelque chose en tête, et le plus grand le savait. Sûrement à sa manière de se comporter, mais il flairait (ce n'est pas un chien) qu'Argan allait tenter l'impossible.

          Le repas passa dans le plus grand des calmes malaisant. Tout le monde regardait son assiette, les yeux rivés sur la viande juteuse (rip les vegans et les végétariens) qui séjournaient dans le plat.
Au moment du dessert, Argan se leva et regarda droit dans les yeux de Baudering, puis de Lise, et enfin de Time.

          - Je pars.

          Le grand faillit s'étouffer lors de la prononciation de ces deux mots, pourtant si simple. Lise écarquilla ses yeux reflétant la lumière de la lampe. Elle ne comprenait pas.

          Il avait toujours fait preuve de logique, de conclusion et d'idées réalistes et rationnelles.

          Ça ne l'était pas.

          Time ne dit rien et ne broncha pas, sûrement car plus rien ne pouvait l'étonner et qu'elle voulait d'abord finir son repas avant d'avoir une nouvelle information.

          - Pourquoi ? demanda Baudering. On est en sécurité, ici. Si tu pars, tu ne reviendras pas.

          - Je préfère aller voir comment cela se passe dehors, plutôt que de me tourner les pouces. Je reviendrais dans un mois, au plus tard.

          Argan semblait si déterminé, que personne ne pouvait l'arrêter dans sa pensée pourtant si absurde. Il alla débarrasser son assiette et remonta dans sa chambre, les mains dans les poches. Lise le suivit en trotinant et accompagnée de son air apeuré. Elle ne voulait pas le laisser partir. Personne ne le voulait, même lui. Mais il leur fallait réparer leur erreur.

          Lise supplia Baudering de faire en sorte qu'Argan change d'avis, mais celui-ci refusa, en expliquant que le blond pouvait bien faire ce qu'il voulait de sa vie, même la ruiner et que ce n'était pas son problème.

          - S'il te plaît ! réessaya la dame.

          - Quand je dis non, c'est non ! Laisse Argan aller se faire tuer s'il en a envie !

*
**

          - Crève pas... chuchota le brun à l'oreille du plus petit. Ce serait dommage que tu ne reviennes pas sur Puruto.

          Ce furent les derniers mots qu'ils s'adressèrent en tant qu'amis.

Un avenir... Je sauverai le monde à ma façonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant