Chapitre XXI

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          Une, deux secondes. Elle se retourna et vit la grenade foncer droit sur elle.

          « Heureusement », elle tomba à une distance qui ne les toucherai pas beaucoup. Arabel attrapa le plus de monde qu'elle put attraper et courut le plus loin possible.

          La grenade explosa.

          Elle balaya dans un souffle tout ce qui ce trouvait autour d'elle : les arbres, la terre, la poussière, et même des Hommes qui restaient bouche bée devant ce spectacle. Avec le peu d'Hommes qui lui restaient, Arabel se releva pour essayer de distinguer qui avait pu relancer l'objet. Malgré la poussière, elle distingua plusieurs formes mouvantes se diriger vers eux à pas furtifs.

          - Restez sur vos gardes ! cria-t-elle. Ils arrivent !

          - Arabel ! appela une femme d'une trentaine d'années. Il me reste une grenade, je vais contourner les ennemis qui approchent et je m'occupent de ceux qui restent dans la grande salle !

          - D'accord, mais fait gaffe Damia !

          La dame jeta des regards discrets aux silhouettes terrifiantes puis rampa dans la terre et la poussière sans attirer l'attention. Dans le brouillard, elle vit quelqu'un se rapprocher dangereusement d'elle. Des écailles roses malgré la pénombre... Pas de doutes, c'était un ennemi ! Elle retint son souffle, même si le vacarme de la grenade avait dû abimer bon nombres de tympans. L'ombre passa à quelques centimètres de la battante et poursuivit son chemin. Elle ne l'avait pas vue. Damia continua sa route et sortit enfin du halo de poussière, cheveux ébouriffés et yeux tout rouges. Elle se redressa aussi vite qu'elle le put et partit en courant vers le trou du bâtiment.

          Là-bas, la fête battait toujours son plein, malgré l'attaque subie dix minutes auparavant. Les chanteurs et les musiciens entamaient la plus grosse musique de la journée, et personne ne devaient se douter que les soldats avaient laissé passer une ennemie. Elle allait dégoupiller la grenade quand une tête de Yesewis sortit du trou et fixa intensément Damia dans les yeux. Les siens étaient d'un noir profond et redoutable qui pourrait assommer quiconque d'un seul clin d'œil.

          - Je suis Laatpaitbone, le Yesewis qui vous a gentiment rendu ce que vous avez perdus tout à l'heure ! Si vous voulez refaire la même erreur, libre à vous, mais ce serait très bête, tu sais ?

          Et il se posta au niveau du trou, empêchant n'importe qui d'y entrer. Damia souffla un bon coup, prépara son arme et la lança de toutes ses forces vers l'ennemi qui l'attrapa au vol avec une grande précision et la renvoya d'un sourire moqueur. La dame courut vers la grenade, la saisit et se précipita vers le soldat.

          - Tu sais, je fais du rugby !

          Elle embrocha Laatpaitbone et tout deux tombèrent ensembles au milieu de la grande salle festive.

          - Adieu ! sourit-elle d'un air mélancolique. Merci d'avoir accepté d'être mon dernier adversaire !

          Dans un vacarme assourdissant, la pièce ainsi que la tour et les murailles disparurent. Tout disparu : les tables, les chaises, les confettis et les gâteaux. Il ne restait plus qu'un champs de ruine sur lequel gisaient quelques ossements ayant résisté à la calcination.

          Pas une mouche ne volait.

          - Non... Pas Damia... geignit Arabel.

          De rage, elle attrapa son couteau caché dans son pantalon spécial et le planta dans le Yesewis en face d'elle. La profondeur de l'entaille le fit s'évanouir, et il s'effondra aussitôt.

          - Attaquez sans craindre la mort ! hurla-t-elle. Les renforts ont été mis hors d'état de nuire, il ne reste que ceux devant vous !

          Surpris par cette grande nouvelle, les Yesewis les plus proches se retournèrent vers le château en ruine, abasourdis. C'était la fin pensèrent-ils tous au fond d'eux, lorsqu'un des leurs le cria haut et fort.

          - C'est la fin ! Nous sommes perdus !

          - Ça peut ne pas être la fin si vous vous rendez maintenant, avertit Arabel. Bien entendu, on vous gardera avec nous et au moindre signe de rébellion, vous serez abattus, mais ça vaut le coup, non ?

          Un des Yesewis s'adressa à Arabel en la pointant avec son arme.

          - Tu veux nous faire croire que tout se passera bien si on vous écoute ? Mais au final, vous avez juste peur de mourir, non ? Et vous tentez la ruse.

          - Ça aurait pu, mais non, rétorqua la cheffe. Mon rôle n'est pas d'abattre, mais de soigner. Maintenant, c'est à vous de décider. Vous contestez ? Ou vous approuvez ?

          - Moi, je me rends ! s'écria un jeune Yesewis en lâchant son arme et en se précipitant vers le groupe d'humains.

          Après plusieurs hésitations, d'autres suivirent et se rangèrent du « bon » côté, sous le regard interloqué du méfiant. Après quelques circonspections, seul le soupsçonneux était resté de marbre devant les changements de ses compagnons d'arme. Il n'y avait plus que lui.
          L'un d'eux se tourna vers lui.

          - Aayoneaakyimashi, viens avec nous, notre avenir est plus prometteur qu'avec le boss.

          - Qui te dit qu'ils ne nous enfonceront pas un couteau dans le dos ? rétorqua-t-il.

          - Avec le boss, nous vivons selon ses humeurs. Avec eux, une fois la guerre finie, nous retrouverons notre liberté, ainsi que celle de tous les habitants. Nous avons plus de chance de finir en vie.

          - Hum, intervint Arabel. Baudering nous a dit que votre entrée à l'armée reposait seulement sur votre fierté et votre tranquillité. Mais depuis que votre boss est apparut, l'armée a été fragilisée et c'est ici que vous êtes le plus en danger. Je n'ai pas raison ?

          Tout le monde se tut. Ils savaient qu'elle n'avait pas tord. Alors, lentement, Aayoneaakyimashi lança ses jambes en avant et rangea aux côtés d'Arabel qui sourit de satisfaction.

          - Ne t'imagine pas que je te fais confiance, l'humaine.

          - D'accord, si tu le dis... Par contre, je te dis merde, le racisme on l'avait déjà assez sur Terre, j'en veux plus ici !

Un avenir... Je sauverai le monde à ma façonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant