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Je ne sais pas quoi lui répondre... c'est assez confus dans mon esprit.
Ma tête me dit que ce ne sont que des suppositions, mais mon coeur me hurle de le trouver et de l'embrasser.
Quel goût ont ses lèvres ?

- Attends, imagine un peu qu'il s'intéresse vraiment à moi. Mais Nancy ? C'est une amie, et normalement on ne sort pas avec l'ex d'une amie...

- Mais s'ils s'en foutent tout les deux ?!

- Non Robin, Steve n'a pas l'air d'avoir oublié Nancy et tu le sais aussi bien que moi ! Tu l'as vu toi aussi, il la regarde sans arrêt, et quand les racines nous ont attaquées dans le laboratoire la semaine dernière, il s'est précipité pour l'aider elle, et je ne passerai pas en second plan pour un garçon, c'est hors de question. Même si je suis complètement hypocrite, puisque c'est ce que je fais avec Billy...

- Mais peut-être que si tu fais premier pas, il réalisera que tu lui plaît. Si aucun de vous deux ne va vers l'autre, vous allez vous tourner autour longtemps.... Un garçon, c'est con, Cat. Va le voir, si vraiment tu en as envie. Et puis Billy bah... tant pis !

- Il est là, le problème.. je suis complètement perdue...

Un éclair de lucidité passe sur son visage.

- Je ne t'ai pas présenté Vickie, viens on va la chercher ! Elle est drôlement longue.

Je suis Robin dans les escaliers, on se fraie un chemin entre nos camarades de classe. C'est l'excitation générale dans toute la maison, quand le nouveau hit de Madonna résonne.

Arrivées à l'étage, Robin ouvre une première porte, celle de la chambre d'amis, où j'avais dormi avec elle, le soir où j'avais vu la première fois, un démochien. Elle rigole en m'avouant ne plus du tout savoir où est la salle de bains, je lui indique la porte face à celle de la chambre de Steve, mais c'est celle de la chambre, et non celle de la salle de bains qu'elle ouvre à la volée.

Avec Robin, nous restons scotchées face à la scène qui se déroulait il y a une seconde sous nos yeux : deux personnes étaient en train de s'embrasser. Pendant un instant je refuse d'y croire, mais quand mes yeux rencontrent ses yeux dorés j'ai la sensation qu'il me plante un couteau en plein cœur.
Je regarde la fille face à lui, qui c'était tournée dos à la porte quand celle-ci s'est ouverte, je sais qui elle est, je la reconnais de dos, mais j'attends malgré tout de voir son visage dernière ses boucles brunes. Nancy nous regarde avec des yeux coupables.

Je fais demi-tour et m'engage dans les escaliers, direction la sortie, j'entends la voix de Robin dire.

- Vous êtes trop con.

Je veux m'écarter le plus possible de cette situation, comme si ce que je viens de voir allait disparaître en m'éloignant. Mes ongles s'enfoncent dans la peau de mes mains, de rage, je meurs d'envie d'y retourner et de laisser l'empreinte de ma main sur la joue du brun. Je suis énervée contre lui, mais aussi contre moi même, car au fond de moi, je savais que ça devrait arriver... mais j'ai continué à m'attacher à lui et j'ai même peut-être commencé à développer des sentiments !
Je suis incapable de reprendre mon souffle, j'ai envie d'imploser.
Je comprends que j'apprécie Steve beaucoup plus que je ne le devrais, rien de tout cela était prévu...
Si ce que je viens de voir me touche autant, je dois absolument tirer une croix sur lui, cette sensation fait trop mal. Je suis tellement énervée que je retiens des larmes de couler, il n'est pas envisageable que quelqu'un me voit pleurer, et certainement pas à cause d'un garçon.
Les quelques verres que j'ai bu ont envie de ressortir, mon ventre se tord.

Sûrement que Steve et Nancy ne comprennent pas la réaction que j'ai eue, mais sur le coup je m'en fiche complètement. Nancy, à cet instant, je la hais, et si je lui avait parlé ? Si je lui avait dit que j'aimais bien Steve ? Ce baiser aurait-il eu lieu ?

Je sors de la maison Harrington en claquant la porte dernière moi, le vent glacial qui s'engouffre sous ma veste me fait du bien, je croise les bras et pars en direction de chez moi. Rentrer à pied me fera le plus grand bien, j'ai besoin d'être seule de toutes façons.
Mais la porte de la maison s'ouvre et on m'interpelle.

- Tu rentres déjà ?

C'est Billy, je me retourne vers lui, il fait nuit, heureusement il ne verra pas la larme qui coule sur ma joue. Je ne veux pas lui répondre car je ne veux pas éclater en sanglots.

- Catalina ? Ça va ?

Il s'approche, alors je réponds d'une voix tremblante :

- Je suis fatiguée, je rentre.

Je reprends mon chemin, mais Billy vient à ma rencontre, il m'attrape le bras pour me forcer à me retourner face à lui.

- Quelqu'un t'a fait chier ?

Je ne réponds pas, et la porte d'entré s'ouvre une nouvelle fois. C'est Steve.

- Cat tu...

Il s'arrête net en voyant que je suis avec Billy.
Billy nous regarde l'un après l'autre en essayant de comprendre la situation, je ne sais pas ce qu'il en déduit, mais rien de bon n'en ressort.

- Je vais te refaire le portait Harrington.

Il fonce sur Steve et lui envoie un crochet du droit, que Steve n'a pas dû voir venir. Il perd l'équilibre. Je me précipite sur Billy, et Robin qui vient d'ouvrir la porte, retient Steve dans sa chute. Je prends entre mes mains le visage de Billy, pour le forcer à me regarder dans les yeux.

- On s'en va, raccompagne-moi, s'il te plaît.

Billy jette un regard assassin, par dessus mon épaule, comme pour évaluer la situation. Il finit par me regarder dans les yeux. Ses yeux bleus sont injectés de sang. Je lui prends une main doucement, sans le lâcher des yeux, et m'engage sur le chemin de ma maison.
Juste avant de perdre la maison Harrington des yeux, d'un dernier coup d'œil, je vois Steve, il est debout et nous regarde nous éloigner, il passe une main dans ses cheveux et baisse la tête.
Mon cœur se resserre. Je devine dans son dernier regard, qu'il sait qu'il m'a brisé le cœur, j'en suis certaine.

————'

Sur le chemin, Billy ne me reparle pas de ce qui vient de se passer et ça m'arrange bien. Le trajet se fait en silence, nous sommes bras dessus, bras dessous, comme si le moment était complètement hors du temps. Mais la réalité nous rattrape très vite.

Quand on s'engage dans ma rue, plusieurs lumières bleues et rouges clignotent dans un silence de mort. Devant la maison de ma voisine Susan, il y a trois voitures de police et une ambulance. Sur un brancard, un corps recouvert d'un drap blanc. Le baiser entre Steve et Nancy me semble si loin. Ma voisine vient sûrement de perdre la vie.
Je reconnais Hopper qui sort de sa maison, il fronce les sourcils dans notre direction, il vient à notre rencontre.

- Susan est morte, ne dormez pas chez toi Catalina. Ce n'est pas une mort naturelle, si tu vois ce que je veux dire.

Mon cerveau ne fait qu'un tour, dans la panique le seul à qui je pense c'est Toto. Je me précipite chez moi. Toto, mon bébé.
J'entends Hopper me crier quelque chose, mais je l'ignore.
Billy me court après, mais ne m'empêche pas de rentrer chez moi, je cherche mon chat partout et Billy fait de même, quand je le vois profondément endormi sur mon lit je suis soulagée. Billy me laisse le temps de souffler, puis me propose :

- Viens dormir chez moi, avec ton chat.

Friends don't lieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant