C'était étrange.
J'avais vécu 20 misérables années à ne rien faire d'autre que stresser pour mes études dans l'espoir d'avoir un foutu job qui payait bien, et pourtant depuis que je savais que mes jours étaient comptés, que j'avais tout arrêté, je ne m'étais jamais senti aussi vivant. Non, pour être très exacte, je ne me contentais plus d'exister, depuis que Felix était entré dans ma vie, je vivais.
Enfin, depuis quelques semaines je ressentais ces foutus papillons, j'avais la rage et l'envie de vivre pour l'embrasser au moins une fois.
C'était probablement cette rage qui m'avait permis de me réveiller quelques heures après mon malaise de gros faible, allongé dans une chambre d'hôpital.
Wow, c'était définitivement trop étrange de se réveiller avec toute la famille penchée sur toi. Même Junghyeong me regardait avec des grands yeux apeurés.
- Vous faites peur.... j'avais commenté d'une voix étonnamment grave.
J'entendais ma mère soupirer de soulagement puis mon père déglutir en ravalant ses larmes. Dongsun était partie s'assoir avec son fils dans les bras pour le câliner tendrement sans un mot. Puis quelques minutes plus tard, le médecin était dans la chambre, dossier sous le bras.
Là, j'étais coincé. Je n'avais pas d'autre choix que d'avouer à mes parents ma condition fragile puis également, ma mort imminente.
Lorsque le médecin se pencha vers moi, il s'écria soudainement.
- Puis-je m'adresser au patient seul à seul ?
Sa voix était forte, autoritaire, du genre je cause tu la boucles parce que tu es impressionné. Et c'était ce qu'il s'était passé, la seconde suivante, j'étais seul, face à ce gros bonhomme un peu effrayant. Il avait des allures d'épouvantail, je sentais que la garde de nuit était passée mais pas le repos.
Il me regarda droit dans les yeux durant de brèves secondes avant de me sourire. C'était terriblement gênant.
- C'est marrant, je trouve rarement des stades cancéreux aussi avancés chez des patients qui viennent pour un malaise dû à la chaleur. Votre médecin m'a envoyé votre dossier y a à peine une heure, avait-il balancé avec un sourire en coin, la tête penchée.
- Marrant ? j'avais demandé un peu sceptique.
Voir des enfants tomber était marrant, entendre des blagues de ses potes était marrant, mais une maladie incurable qui m'amenait inévitablement à la mort de façon lente et douloureuse, ça n'était pas spécialement marrant. J'aurais plutôt dit stupide ou absurde.
- Vos parents étaient dans tous les états à votre arrivée, ils pensait que vous n'étiez plus habitué à la chaleur, à mon avis ils doivent pas être au courant.
- Pas vraiment non.
- Vous attendez qu'ils trouvent votre corps sans vie un beau matin ? Marrant.
- Macabre plutôt.
- Non non, ce qui est marrant c'est à quel point vous vous fichez d'eux ! Il rigola avant de secouer la tête en prenant une feuille de son dossier. M'enfin... Bon, je suppose qu'on vous avait déjà expliqué, la radiothérapie, chimiothérapie, les aller retour à l'hosto, les traitements qui vous tueront avant la maladie, tout ça ?
- Oui.
Pourquoi avait-il dit que je me fichais de mes parents ce gros con ? Parce que je ne leur avais pas dit « Hey j'vais crever sinon vous ça va ? Parce que moi pas ! » non c'était nul.
- Vous ne souhaitez pas faire tout cela ?
- Non.
Il me jeta un coup d'œil avant de soupirer en s'emparant d'un stylo accroché à la pochette de sa blouse puis il avait barré quelque chose sur sa feuille.
- Je vais vous prescrire des anti douleurs alors. Quelque chose qui vous évitera de vous évanouir de douleur tous les quatre matins du moins.
- Et pour les saignements ?
- Mettez du coton dans le nez.
- Génial.
- Je plaisante. Il nota quelque chose sur son papier. C'est bon. Je pense avoir tout mis. Pensez à venir nous voir une fois par mois, histoire de voir l'évolution. C'est très intéressant pour nos étudiants.
Mais ce type est tordu, je m'étais dit en prenant sa feuille qu'il m'avait tendu tout sourire.
- Pensez à en parler avec votre famille, avait-il soudainement dit en rangeant son stylo dans la poche de sa blouse. Vous êtes malade et vous allez mourir. Un enfant ne se remplace pas, aidez-les à se préparer à votre absence. Qu'ils se fassent au moins à l'idée.
- Je ne sais pas comment aborder le sujet.
- Je vous aurais proposé de le faire à votre place mais honnêtement, je n'ai ni temps ni patience. Puis vous êtes leur fils. Ne pas leur dire reviendrez à les mettre devant le fait accompli parce que vous aviez eu trop peur d'en parler. Ça les détruirait encore plus.
J'avais doucement baissé la tête en comprenant ce qu'il voulait dire par « vous vous fichez d'eux ». C'était juste ... tellement délicat de dire à ceux qui m'ont mis au monde que j'allais le quitter avant eux. Je revoyais enfant, ma mère me dire à quel point elle m'aimait, qu'elle me souhaitait la plus belle et agréable des vies, je revoyais mon père m'enlacer en me disant qu'il priait chaque soir pour mon bonheur, qu'il m'aimait plus que tout. C'était trop dur de leur faire si mal. J'avais tout fait pour eux, pour leur faire plaisir et les rendre fier, je ne pouvais pas mourir, pas maintenant.
- Vous avez une lourde maladie, douloureuse et longue. Croyez-moi on se reverra. Il marqua un long temps de pause avant de reprendre. Vous avez une copine ?
Oula, question fâcheuse. Quoi que, j'allais bientôt crever alors tant pis.
- Un copain.
C'était un mensonge, Felix et moi n'étions pas en couple. Mais c'était plutôt agréable de voir que le médecin n'avait pas sourciller une seconde, juste un hochement de tête.
- Prévenez-le également. Et préparez-le à l'idée aussi, trop souvent ce n'est pas fait et je me retrouve avec des urgences pour tentative de suicide, c'est fatiguant.
- Mais c'est horrible, je n'avais pas pu m'empêcher de commenter en grimaçant.
- Oui, alors prévenez-le. Bonne nuit monsieur Seo.
Puis il était parti aussi vite qu'il était venu. Un peu étrange quand même ce bonhomme.
Maintenant, j'allais devoir faire face à ma famille. C'était probablement le moment que je redoutais le plus mais l'étrange docteur avait raison, j'avais laissé passer trop de temps, et il m'en restait si peu.
***
je suis pas médecin donc svp soyez indulgents 🫶🏻😢

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REGARDE MOI. changlix
FanfictionÀ 20 ans, Changbin apprend qu'il va mourir. Il n'est pas vraiment choqué, plutôt déçu car de toute sa vie, il n'a connu que l'école et l'angoisse des examens. Rien d'autre. Pas d'amour, pas de joie ou de tristesse. Il se lance donc dans une quête no...