Chapitre 14 : Sur le départ...

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Bonjour,

Et voilà la suite. Le final de cette histoire n'est plus très loin...

Bonne lecture !


Chapitre 14 : Sur le départ...

Tout bonne chose avait une fin ; et cette tendre parenthèse ne faisait guère exception. Comme convenu, Hughes s'était éclipsé dans l'heure de midi pour rejoindre sa femme. Ainsi, je me retrouvai seul, dans cette morne chambre de caserne, à ruminer... Mais bien vite, je dus me ressaisir. En effet, mes obligations n'étaient jamais loin : le général Grumman m'attendait, sans faute, au bureau dès le lendemain. En soupirant, je gagnai la salle de bain où je pris une douche salutaire. Légèrement ragaillardi, je commençai à ranger mes affaires et à refaire ma valise. Le départ de mon train étant prévu pour dix-sept heures, je devais rejoindre la gare une demi-heure avant.

Vers quinze heures, enfin je refermai définitivement la porte de cette triste pièce et gagnai l'administration pour leur remettre la clé. Par les fenêtres du couloir, je constatai que le soleil était bien présent mais l'aura d'imposants nuages ne laissait rien présager de bon. D'ailleurs, on sentait déjà que l'atmosphère se faisait de plus en plus lourde. Je m'apprêtais à sortir des locaux par le perron lorsque que la gestionnaire, à qui j'avais eu affaire à peine quelques instants plus tôt, me héla en me courant après. Les joues rosies par l'effort, à ma hauteur, elle posa les mains sur ses genoux pour reprendre péniblement sa respiration. Après quelques secondes, elle me demanda la voix hachée par son souffle court :

« Lieutenant Colonel... Veuillez me pardonnez mais ne souhaiteriez-vous pas que je vous fasse appeler une voiture ?

- Merci de votre sollicitude, Sergent mais ça ira parfaitement pour moi... » lui répondis-je avec l'un de mes sourires les plus charmeurs, ce qui l'a fit rougir davantage.

Elle se redressa, me salua en me souhaitant un bon retour au quartier général de l'Est et repartit à grandes enjambées vers son bureau. Sans plus de cérémonie, je tournai à mon tour les talons et quittai tranquillement la caserne par la porte principale. Sans m'en rendre véritablement compte, mes pas me menèrent malgré moi, dans le parc, où deux jours auparavant, Hughes et moi nous étions promenés au clair de lune. Sans difficulté, je retrouvai alors « notre » banc entouré de buissons où je m 'assis quelques instants avec mélancolie. Au lointain, le beffroi de la gare me rappela bientôt qu'il était déjà quinze heures trente. A regret, je repris ma marche jusqu'à la gille en fer forgé et suivis les rues jusqu'à la grande place de Centrale. Une fois arrivé à destination, dans les temps, je m'autorisai à m'asseoir à la terrasse d'une brasserie où je commandai un café noir et une pâtisserie. Encas bien mérité ! Je ne pouvais le nier. Mon ventre criait famine car je n'avais rien avalé depuis mon réveil.

Perdu dans mes pensées, à touiller nonchalamment la cuillère dans ma tasse, je sentis soudain une main se poser sur mon épaule et un souffle venir me caresser délicatement l'oreille. En dépit de tout le self-control dont j'étais capable, je ne pus m'empêcher de tressaillir. Je n'avais pas eu le temps de trop m'inquiéter car immédiatement j'avais reconnu l'odeur de l'après rasage de mon frère d'arme. Ce dernier murmura moqueusement :

« Dis-moi, beau brun, ce n'est pas très sérieux tout ça ! Ce n'est pas très bon pour ta ligne ! et tout en se redressant, il laissa échapper un gloussement, trop fier de sa plaisanterie. Bien vite, il contourna la table et vînt prendre place face à moi, un petit sourire en coin. Pour ma part, je m'étais renfrogné mais bien décidé à ne pas me laisser faire, je surenchéris :

- On en reparle dans quelques mois ! Le temps que ta douce épouse te soigne avec ses bons petits plats !

Malgré la boutade, il ne perdit pas sa bonne humeur même si un voile de tristesse ternit subrepticement son regard. Faisant mine de rien, sous la table, il vint discrètement coller sa jambe à la mienne, seule marque de proximité que nous pouvions nous offrir, dans cet espace public, bondé, sans trop attirer l'attention sur nous.

GhostOù les histoires vivent. Découvrez maintenant