Chapitre 28

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/!\ TW : Scène sexuelle explicite 


Les semaines qui suivirent furent plus calmes. Iseult fut heureuse de retrouver sa vie, simple et organisée. Son temps se séparait entre l'Académie et les cours avec Caeriel qu'elle avait repris. Si elle maîtrisait mieux son don, cela n'était pas encore parfait. Des nuances lui échappaient encore, le vampire s'appliquait à lui expliquer ce qu'il connaissait, mais leurs dons n'étaient pas tout à fait les mêmes. De plus, Iseult n'appréciait pas l'idée de jouer avec les esprits, cela lui paraissait immoral et bien loin de ses principes. Caeriel prit le temps de lui expliquer que c'était une nécessité qu'elle sache se prémunir contre eux. Certains morts vagabondaient sur terre sans but jusqu'à trouver une ancre qui leur permettrait d'interagir avec le monde des vivants. La plupart étaient inoffensifs, mais d'autres pouvaient influencer son esprit ou en prendre possession, ce qu'elle ne souhaitait pas.

Ses mains devant elle, comme posées sur un mur invisible, elle comptait ses respirations. La guérisseuse s'entrainait à faire venir à elle les âmes perdues entre les deux mondes. Cela ne l'enchantait guère, elle suivait les instructions de Caeriel dont la voix calme lui donnait des instructions claires. Sa présence rassurait Iseult, il ne la brusquait jamais, même lorsqu'un exercice lui paraissait trop compliqué ou qu'elle n'y parvenait pas avant plusieurs heures de travail. Il patientait jusqu'à ce qu'elle y parvienne et à ce moment-là, elle voyait se dessiner un mince sourire sur ses lèvres.

Elle sentit une caresse sur ses paumes, des mains glacées entrèrent en contact avec les siennes, un frisson remonta le long de ses bras. Elle n'aurait su décrire le touché particulier qu'avait la mort, il lui donnait l'impression de s'enfoncer dans de l'eau dense qui engourdissait ses membres et rendait difficile sa respiration. Avec lenteur, Iseult rouvrit les yeux pour découvrir une femme, il aurait été difficile de lui donner un âge. Son corps ne ressemblait pas à ce qu'elle connaissait, les spectres, ces âmes vengeresses, étaient solides et l'on pouvait les toucher. Le fantôme devant elle n'existait que par les sensations qu'elle lui faisait ressentir et son aspect brumeux, un coup de vent aurait pu la faire disparaitre.

– Essaie de lui parler, souffla la voix de Caeriel à son oreille.

Sans que la guérisseuse s'en aperçoive, il s'était rapproché d'elle. Accroupi à ses côtés, il observait lui aussi la femme éthérée.

– Qui es-tu ? articula Iseult.

La bouche presque invisible s'ouvrit, mais aucun son n'en sortit. Un poids comprima la poitrine de la chasseuse qui tentait de garder une respiration calme malgré la gêne. Elle répéta sa question. Un hurlement strident échappa au fantôme, l'air resta bloqué dans ses poumons. La créature la traversa, bloquant ses capacités respiratoires, un cri resta coincé dans sa gorge. Son corps était pressé par une force invisible qui la broyait. La sensation disparue après quelques instants. De la sueur perlait sur son front et sa respiration haletante était douloureuse. Iseult porta une main à sa poitrine, courbée en deux. Les doigts de Caeriel effleurèrent son dos, il lui tendit une outre d'eau qu'elle porta à ses lèvres pour boire avec avidité. Il lui semblait qu'elle était desséchée.

– C'est beaucoup mieux, la complimenta-t-il.

– Je n'arrive toujours pas à communiquer avec ces fantômes...

– Tu sais les invoquer, tu n'y parvenais pas la semaine dernière. Certains répondent même à tes ordres, alors laisse-toi du temps.

– Je n'aime pas l'idée de leur imposer quoi que ce soit, souffla Iseult.

– Ce n'est pas agréable, mais quand tu maîtriseras l'exercice, tu seras capable de te protéger d'eux avec plus d'efficacité.

Elle but une nouvelle gorgée d'eau. Ses entrainements duraient entre une et deux heures, mais ils la laissaient toujours épuisée. Caeriel l'invita à se relever, il avait fait porter dans la crypte où ils s'entrainaient de quoi se nourrir. L'endroit se trouvait un peu à l'écart de la demeure et assez loin de celle-ci pour que les curieux ne s'y aventurent pas. Le seigneur avait compris qu'elle appréciait le calme. Or lorsqu'il se trouvait dans son bureau, les autres le sollicitaient.

L'Opale NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant