L'Opale Noire

Chapitre 17

Les allées, bordées de lanternes, éclairaient le chemin jusqu'au lieu de la fête. Des vampires et des humains qu'Iseult ne connaissait pas se joignaient à eux. Elle suivait Judith le long du chemin, déjà, elle percevait les rires des convives, la lueur des fées s'apercevait déjà. Les festivités avaient lieu à l'orée de la forêt, au bord du lac. Quand elles arrivèrent, la jeune femme distingua des grandes nappes étalées sur le sol sur lesquels étaient posés des paniers à pique-nique. L'après-midi, l'accès lui avait été interdit, elle comprenait pourquoi à présent. Des lampions pendaient aux arbres, colorés et lumineux. Un orchestre attendait son moment pour jouer, les musiciens portaient des habits aux couleurs vives, et leurs instruments paraissaient différents de ce qu'elle connaissait. Tandis qu'elle les observait, elle se souvint des nomades croisés quelques années plus tôt, ils se déplaçaient de ville en ville et de village en village. Une fois, elle en avait accompagné sur les routes, la nuit avec Morgan et deux autres chasseurs confirmés, à l'époque elle n'était qu'une apprentie. Elle se souvenait avoir été subjuguée par leurs danses et leurs chants, sans y avoir participé, les femmes se mouvaient au rythme de la musique, s'en était hypnotisant. Rien à voir avec ce qu'ils voyaient dans les tavernes ou lors des bals officiels.

Arrivées près des nappes, Judith saluait déjà un vampire qu'elle embrassa langoureusement. Les mains d'Iseult serrèrent sa robe, elle ne savait pas où elle devait se mettre, pour tous les autres cela paraissait naturel de se déplacer de nappe en nappe. Certains humains offraient déjà leurs gorges en guise de repas. Un instant, elle se dit qu'elle n'était pas à sa place, peut-être aurait-elle mieux fait de rester avec un livre dans sa chambre. Elle reculait déjà lorsqu'elle vit Nathaniel s'approcher, en un battement de cils il se trouva à ses côtés, lui offrant sa main.

– Je t'ai réservé une place, lui annonça-t-il.

Lui aussi s'était changé, sa chemise était bordée de broderie, et ouverte sur le haut pour laisser entrevoir son torse. Ses manches remontaient au-dessus de ses coudes, comme à son habitude, il paraissait à l'aise où qu'il soit, décontracté aussi. A l'inverse, Iseult se tenait droite comme un piquet et assez tendue pour que ses muscles lui fassent mal.

– Tu es magnifique ce soir, lui souffla le vampire.

– Merci, Judith à bon gout.

– Tu ressembles à une prêtresse, fit remarquer Nathaniel.

Iseult jeta un œil à sa robe, la simplicité l'avait soulagée. Elle restait belle sans être encombrante, le drapé des manches était long, mais pas assez pour toucher le sol. Quant à la ceinture, enroulée autour de sa taille, elle permettait de souligner sa taille et de rendre l'ensemble élégant. Sans compter que la jeune femme ne portait jamais de vert, cela était une première.

– Tu préfèrerais ? demanda-t-elle soudain.

– De quoi ?

– Que je sois une prêtresse.

Avec politesse, Nathaniel l'invita à s'asseoir et l'y aida, avant de se joindre à elle.

– Non, je préfère que tu sois toi-même et que tu fasses ce que tu aimes.

– Vraiment ? fit-elle, stupéfaite par sa réponse.

– Qu'est-ce qui te fait croire le contraire ?

Il lui avait remplit une assiette avec des petits sandwichs et du fromage qu'il posa entre eux.

– On m'a toujours dit que je faisais une erreur en devenant chasseuse, parce que je ne suis qu'une guérisseuse.