Mains Liées Et Coeurs Brisés

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[-Je le connais mieux que quiconque.]

L'atterrissage est brusque et mon dos s'en souviendra...
Je peine tout juste à comprendre ce qu'il vient de se passer que je vois Maxime suspendu à la fenêtre par la seule force de ses bras.

Je me lève tant bien que mal en me dégageant des sacs poubelles pour sortir du conteneur gris en plastic avant de saisir nos sacs et valises que Maxime a dû pousser par la fenêtre en même temps que moi .
Mes pieds touchent le sol mais mes jambes fléchissent; mon dos me fait tellement mal.

Soudain la casquette bleu foncé d'un policier dépasse de la fenêtre, Maxime lâche aussitôt la bordure et s'écrase dans les ordures.
Je tends ma main qu'il saisis afin que je le tire hors de là.

Cette vue paraît tirée par les cheveux, elle paraît si absurde mais pourtant nous courons bel et bien main dans la main à travers les quelques arbres qui séparent l'hôtel de la rue commerçante.

Ce ne sont malheureusement pas des branches qui craquent à chacun de nos pas, mais des emballages et d'autres détritus dont une cannette qui roule sous mon pied me faisant chavirer en avant...

Maxime me ratrappe fermement avec son autre main, son regard est.... pensif? Égaré? Déterminé.

-Maxime : Ça te dirait de faire du camping ?

-Jordan : Qu- quoi ? Maxime on a pas le temps de plaisanter! Il faut qu'on se cache !

-Jordan : Suis-moi! C'est ça mon idée de cachette.

Maxime me lâche et regarde devant lui, je regarde alors dans la même direction que lui pour découvrir un magasin aux murs noir qui font ressortir le nom "Décathlontronnant au dessus de  l'entrée sur un rectangle bleu comme le ciel

-Jordan : Oh j'ai compris !

Nous avançons précipitamment vers le magasin en devançant les passants qui s'apprêtent à entrer.

Le petit portillon passé, nous nous trouvons directement devant les tentes.

Maxime part de son côté pour regarder, je fais de même en inspectant les étiquettes des tentes.

-Jordan: Là ! Max, j'ai trouvé !

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-Maxime : C'est ce qu'il nous faut !

-Jordan : En plus soixante-cinq euros ça va.

-Maxime : Je vais m'en occuper en attendant tu pourrais aller chercher des sacs ou des trucs pour le camping ?

-Jordan : Oui bien sûr ! On se retrouve à la caisse.

Je pars rapidement chercher un rayon dans lequel je pourrais trouver des sacs de couchages, des sacs à dos et d'autres trucs.

Alors que j'arrive à la caisse je vois Maxime passant ses bras autour du cou d'une femme. C'est Julie.

Je baisse le regard et mon adrénaline s'annule en même temps.
Je paye les articles et les range dans les deux sacs à dos que j'ai achetés.
Maxime ne me remarque même pas , aucun des deux ne me voit pourtant je suis juste devant eux.

Je serre mes poings avant de finalement les relâcher de dépit.
Je suis désespérer de moi même, d'avoir cru un seul instant que s'il me tenait la main c'était pour...
Je soupire et sors du magasin pour l'attendre.

Le stresse, la colère et la peur s'ajoutent à mon impatience.
Seul sous les derniers brins de fraîcheurs du matin, je tape du pied; tous nos sacs sont autour de moi et je ne cesse de ronger mes ongles tout en regardant dans tous les sens.

Les portes coulissantes s'ouvrent sur Maxime qui sort avec Julie, tout deux s'approchant de moi.

Maxime prend les mains de Julie dans les siennes avant de l'embrasser sous mes yeux qui s'embuent. Sa femme part et Maxime prend, sans un mot, plusieurs sacs. Il commence à avancer ainsi vers une direction inconnue.
Je récupère à mon tour les sacs et presse le pas pour le rejoindre mais le silence entre nous deux pèse...

Alors que le soleil commence a scintiller dans le ciel bleu, mon ami place ses lunettes de soleil devant ses yeux.

C'est donc ça l'amour ? Trouver chaque acte de l'être aimé incroyable ?

Je prend ma casquette et l'enfonce sur mon crâne l'air de rien pour finalement rejoindre celui qui fait actuellement vibrer mon cœur comme un pianiste fais vibrer les cordes de l'instrument en appuyant sur les touches pour jouer la douce mélodie de l'amour.

Nous marchons sur plusieurs kilomètres sans vraiment discuter, quelques fois nous parlons des directions à prendre mais ça s'arrête là.

Nous marchons depuis longtemps si bien que ce silence me pousse à tout remettre en question...

-Jordan: C'est moi...

Maxime tourne la tête vers moi; d'un air curieux ses yeux se lèvent vers mon visage comme s'ils me demandaient d'approfondir mes paroles.

-Jordan: Mon ennemi... et bien c'est moi : mon pire ennemi.

-Maxime: Je suis désolé mais je ne saisis pas.

-Jordan: En réalité... J'agis comme un autre. J'ai enterré le vrai moi pour cette personne

-Maxime: Quelle personne ?

-Jordan: Quelqu'un que j'aime... J'agis pour lui plaire, du moins j'essaie mais ça ne porte pas ses fruits. Peut être que si J'agissais comme je le ferais j'arriverais à me faire remarquer.

-Maxime : Suivre le troupeau c'est pas forcément quelque chose de remarquable, c'est vrai; mais je suis sûr que si cette personne connaissait le réel toi: celui que je fréquente, elle tomberait raide dingue de toi !

Je souris timidement à la réponse de Maxime, j'ai tenté quelque chose de risqué, je l'assume.
La réponse de Maxime aurait pû être pire mais je suis quand même déçu, dans mes rêves il m'aurait dit qu'il m'aimait et qu'il ne voulait pas me voir partir avec quelqu'un d'autre...

...mais les rêves ne sont qu'une douleure dissimulée qui pèse sur toi quand tu t'y attaches trop.

Remords Inavouables (joyxem)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant