Je t'aime.

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Le strident bruit de la grille de métal déraillant de sa trajectoire pour frapper l'autre grille me réveil en sursaut. Aussitôt, on me saisit par les avant-bras.
Le gardien me tire à l'extérieur de ma cellule et me plaque contre un mur, joue écrasée contre le béton rugeux, et insère mes poignets dans les menottes. Il me pousse ensuite par le dos pour me faire rejoindre une file avec d'autres détenus.

Dans la précipitation j'ai gardé le porte-clé dans ma main et l'ai caché en serrant mon poing. C'est la seule chose de lui que j'ai avec moi pour le restant de ma vie.

Je cherche une poche sur mon pantalon mais rien, alors discrètement je le fait glisser dans mon caleçon.

Une autre file se constitue sur ma droite. Parmis ces détenus il y a un en particulier qui vient cracher sur ma tenue.
Je me retourne vers une cellule et regarde la lumière faussement chaleureuse jaillir au travers des barreaux.
Cependant la file avance, escortée par des gardes devant et derrière.

Nous arrivons dans un couloir serré par lequel je n'étais pas passé durant la première période que j'ai passé ici avant le jugement.

Il est long et étroit, haut et oppressant, plein de vie mais il renvoie le froid du béton sombre qui compose les murs.
Au sommet d'un d'entre eux se trouve une grille rectangulaire protégée par des barreaux. Cette fenêtre est aussi grande que dans ma cellule.
Elle recrache les rayons pâles du soleil comme un repas qu'elle n'arrive pas à digérer.

Les détenus entrent au fur et à mesure dans deux salles au bout du couloir, je comprend assez vite par les phrases surgissant de tous les sens que c'est une visite médicale.

Je jette un regard vers l'autre bout du couloir par lequel nous sommes arrivés mais en retournant la tête vers la porte je vois Julie, c'est elle l'infirmière aujourd'hui.
Je ne peux pas me retrouver avec elle, je ne pourrais même pas ouvrir les yeux face à elle. Je me détache du rang et me retrouve entre les deux files, je commence à rebrousser chemin lentement comme un zombie sans être agité.

Les gardiens me barrent la route alors je me débat mais ils serrent de plus belle mes bras. Mes coups d'épaules brusques se transforment en cris de désespoir.
Soudain un gardien sort un petit manche noir qu'il plaque contre mon bassin. Je ressens l'électricité pénétrer mon corps comme le venin d'un serpent dans sa proie. Chaque vibration électrique s'enfonce un peu plus loin dans mon corps en remontant chaque muscle, chaque organe, chaque os, chaque nerf. Je finis par m'écrouler au sol. C'est comme si ce dernier me rappelait à chaque fois pour retourner à la terre de la Terre qui m'a créé.

Les gardiens me relèvent et me poussent contre le mur dans le trou entre deux détenus sauf que cette fois il n'y en a plus qu'un à ma gauche.
Il s'avance et rentre dans la salle.

Je suis à côté de la porte qui s'ouvre au bout de quelques longues minutes.
Sans un mot je passe à côté d'elle, tête basse, et entre dans la salle éclairée d'une puissante lumière blanche.

Je ressens que je ne vais pas avoir le même sort que les autres.

-Je ne comprend toujours pas... Dit Julie dans un calme effrayant.

Je ne répond pas et reste dans un silence de culpabilité.

-Comment on peut laisser vivre une personne alors qu'elle a détruit une famille, une mère, une fille, un destin altéré à tout jamais; alors qu'elle a retiré une vie pour... pour - Tu vas pas t'en sortir si simplement.

-Tu vas me tuer ?

-Te tuer ? Elle pousse un rictus de tristesse. Ce serait trop simple pour toi, comme le fait d'être là, non je vais faire en sorte que tu sois libérer.

Remords Inavouables (joyxem)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant