Remords Inavouables (joyxem)

Le bon vieux temps

Nos matelas désormais gonflés et prêt à l'emploi nous les rentrons dans la tente, il y a suffisamment de place pour nos deux lits d'appoint, nous avons même ajouté une petite table pliable entre ces derniers. Sur celle-ci j'ai posé nos lampes torches que j'avais pris le jours où nous devions partir pour un simple tournage...
D'ailleurs, je ne sais toujours pas où Maxime voulait m'emmener ni même ce qu'il voulait faire.

Soudain le visage de Maxime change d'expression alors qu'il fixe d'un regard vide le sol...

-Jordan: Maxime, ça va ?

-Maxime: tu- tu peux me laisser seul deux minutes... s'il te plaît.

Je me lève intrigué et sors de la tente à quatre pattes, j'aspire entre mes dents la douleur que le sol inflige à mes genoux et me redresse.

C'est inutile que je reste là.

Je commence à marcher dans la carrière ensoleillé, ma casquette et mes lunettes de soleil sont restées dans la tente, donc je subit ce soleil puissant.

Je traîne des pieds jusqu'à arriver devant un arbre, je met un coup de pied sans vraiment de puissance contre le tronc afin de... passer le temps ? Probablement.

Je me retourne et pose mon dos contre l'écorce plutôt dure, je me laisse descendre le long de l'arbre jusqu'à me retrouver assis par terre, jambes repliées sur elles-mêmes.

Je lève la tête vers le ciel bleu passant dans les trou du feuillage de la forêt jusqu'à ce que mon crâne touche l'écorce. J'amène mes mains à ma bouche.

Pourquoi me demande-t-il de le laisser seul quand il est mal à chaque fois ? Je veux l'aider, je peux l'aider.

Je ferme les yeux et me laisse bercer par le silence, les feuilles ont arrêtées de bouger. Cependant un bruit débarque, celui de l'eau.
Je me relève surpris et me dirige vers la source du bruit.

Plus loin dans la forêt se cachait un grand ruisseau qui semble plutôt profond pour un ruisseau.
Je m'acroupis au bord de l'eau pour regarder mon reflet dans l'eau s'écoulant vers l'ouest que je reconnais grâce au soleil qui entame maintenant son second quart de ronde.

Tu l'aimes et tu le laisses en sachant qu'il est mal. Tu l'aimes et tu ne restes pas près de lui. Tu l'aimes et tu l'abandonnes alors qu'il a clairement besoin de toi.

Je me relève après ma révélation, en courant dans les petits cailloux bordants le ruisseau je pars et cours vers la tente.

-Jordan: Maxime !

-Maxime : Jordan ? Je... je t'ai dit que je voulais être seul.

-Jordan: Oui et justement. Je ne te laisserais plus jamais seul ! Laisse moi t'aider Maxime, je suis là pour toi

-Maxime : Je sais bien mais... tu ne peux pas m'aider sur ce coup.

-Jordan: je peux essayer !

-Maxime: Très bien... enfaîte c'est Alicia et Julie. C'est comme si.... on me les avait arraché. Comme si on m'avait retiré mes amours, mes deux poumons.

-Jordan: je comprends.

-Maxime : Non ! Justement, tu ne peux pas comprendre la douleure que ça fait quand on t'arrache ta femme, ton amour, celle qui te fait sourire et pour qui tu vis. Quand on t'arrache ton enfant, la prunelle de tes yeux et que tu sais pertinemment que... que tu ne le verras jamais grandir, jamais se faire des amis, jamais ramener de petits copains à la maison, jamais passer son brevet, son bac, jamais se marier et fonder une famille! Tu ne peux pas comprendre ça et tu ne le comprendras peut être jamais de toutes manière !

Maxime a dégagé une telle émotion qu'aucun mot n'arrive à sortir de ma bouche, je reste figé tête basse, je n'ose plus bouger.

-Maxime: Désolé Jordan... c'est pas ce que je voulais dire, bien sûr qu'un jour t'auras une famille, du moins je l'espère de tout cœur ! Je suis juste détruit à l'idée de...

Maxime tombe sur mon épaule en larmes, je passe ma main sur son dos pour le réconforter tout en calant ma tête contre la sienne.

Toi tu ne sauras jamais ce que ca fait de voir la personne qu'on aime pleurer dans tes bras en sachant pertinemment qu'elle ne t'enlacera jamais par amour car elle a déjà une famille et que tu es accessoirement son meilleur ami... cette douleure aussi fait mal si tu savais.

-Maxime : Je ne sais pas pourquoi je me comporte comme ça avec toi (dit-il en ingurgitant) J'agis sans réfléchir, tu es la dernière personne a qui je pourrais en vouloir après tout ce qu'on a vécu ensemble...

Un long blanc traîne à la fin duquel Maxime s'assoit a côté de moi en finissant une autre bière.

-Maxime: Après la naissance de ma fille, c'est notre voyage au Japon qui rentre dans les plus beaux jours de ma vie. Je m'en rappelle comme si c'était hier : tu venais de passer la soirée avec moi quand tu m'as demandé de me coucher tôt, je ne comprenais pas car j'étais fatigué. Le lendemain, le bruit du klaxon m'avait réveillé brutalement, une fois debout j'ai constaté une tenue prédisposée sur une chaise, en revanche mes placards était vide, il manquait plein de truc, j'étais paniqué. Je suis descendu et ai ouvert la porte après m'être habillé, tu m'attendais dans ta voiture en me demandant de me  presser.

-Jordan: C'est vrai que tu es lent quand tu t'y met !(Dis-je en rigolant)

-Maxime: j'étais pas réveillé ! Tu es marrant toi : a trois heure du matin me faire réveiller par mon pote qui klaxon... bref une fois à l'aéroport tu n'as pas pu me garder la surprise plus longtemps. Je me rappelle que sans réfléchir je t'ai embrassé sur la joue tellement j'étais heureux... Mais je te voyais stressé et j'ai compris que tu m'avais fait passer devant ta peur de l'avion.

-Jordan:  Tu es mon meilleur ami, c'est normal que je te fasse passer avant moi

-Maxime: Ces semaines étaient les plus belles de toute ma vie tu sais et ... avec du recul c'est idiot, mais je crois que j'étais amoureux de toi à cette époque... alors je voulais te le dire quand on était devant ce temple après avoir pris la photo (dit-il dans un rictus )

-Jordan: Tu...tu m'aimais ?!

-Maxime: C'était vraiment idiot !

Je souris pour répondre à son rire mais je ne parviens pas à le maintenir longtemps, un masque ne peux se garder que trop peu de temps...