6. Utopia

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Debout derrière le bar, je guettais le moindre mouvement qui pourrait provenir du couloir.

Des petits bruits me faisaient sursauter à chaque fois, en pensant que c'était Keath, fou de rage à la recherche de sa montre ou alors le patron lunatique venant pour me casser la gueule de la merde que « j'ai » causé la veille.

Honnêtement être face à ces situations ne me font pas réellement peur. Ce qui me rend aussi nerveuse est le fait que je pourrais me retrouver à la rue.

Et ça, c'est mon cauchemar.

Vivre en dépend des petites pièces que me lanceront des passants gentils, m'effraie.

Jusqu'à ce jour j'avoue que je n'avais pas peur de vivre à la rue, mais quand ça en devient une possibilité, tout bascule et tout peut devenir réalité.

Nos pires cauchemars peuvent devenir réalité.

Mais est-ce vraiment la chose pour laquelle j'ai vraiment peur ?

J'en doute.

Je sais que c'est une chose horrible, mais n'y'a t'il pas pire dans la vie ?

Tous les malheurs que nous vivons, quelqu'un, quelque part dans ce monde, ne vivrait pas cent fois pire ?

Anna me reproche tout le temps de minimiser mes vécus, mais pourquoi devrais-je leurs donner une grosse ampleur et les laisser prendre le dessus sur moi ?

J'étais entrain d'essuyer  le même verre depuis trois minutes quand j'entendis le patron arriver vers moi.

"Glup" fit le son de ma salive passant tant bien que mal de ma gorge.

Faites en sorte qu'il m'épargne pour cette erreur...

En plus je suis seule avec lui étant donné qu'il est encore très tôt pour qu'il y'ai des gens dans le bar. Quand je suis arrivée je me suis directement dirigée dans les vestiaires pour y déposer ma valise que j'avais traînée avec moi jusqu'ici et je m'étais vêtue de mes vêtements de travail.

Héléna n'était pas présente, je pense qu'elle viendra au soir pour faire son spectacle.

— Je vois que tu es en pleine forme la nouvelle, dit-il en me regardant de haut en bas.

Il était en face de moi, assis sur une chaise du comptoir.

— Bah si c'est ce que vous dites alors... soupirais-je en haussant les épaules.

— Tu m'en as fais une putain de frayeur hier...

Je détourna les yeux, honteuse d'avoir commis un bel acte.

— Vous... vous me renvoyez ?

Il ouvrit grand les yeux avant d'éclater de rire, un rire de fumeur.

Il s'étouffa presque.

— Tu rigoles ?! Te renvoyer ? Jamais de la vie !

Surprise par sa réponse j'ouvris à mon tour grand les yeux.

—A-ah bon... je veux dire...Vous n'êtes pas fâché par rapport à ce qu'il s'est passé ?

— Je l'aurais été si tu avais indiqué aux ambulanciers où se trouvait le corps idiote !

Quoi ?!

Je n'ai pas dit aux soignants mon emplacement...?

Comment ?

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