14. Darkness

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Le vent était fort cette soirée là, j'aurais pu dire que j'avais froid, mais je ne ressentais rien. J'étais venu il y'a au moins deux heures, j'avais assisté au couché du soleil, je l'avais vu rentrer et j'étais seul depuis trente minutes.

Les quelques lampadaires de la rue clignotaient et n'allaient pas tarder à s'éteindre. Comme un sifflet j'entendais le vent dans mes oreilles me murmurer des choses..

Ma clope finit, je la jeta par terre et l'écrasa avec mon pied. Une buée s'échappa de ma bouche, cette fois ce n'était pas la fumée de la cigarette, mais la condensation de mon souffle.

Un groupe de quidam se taquinaient et riaient à gorge déployée à quelques mètres de ma position. Je les observais de loin, sous les néons de l'affiche indiquant le nom du bar, le Blue Pearl.

Il était encore tôt pour rentrer, il n'y avait encore personne, pas d'ambiance rien, j'hésitais au début, mais lorsque je reconnu Carlo s'écarter du groupe et passer à côté de moi, les mains dans ses poches, pour s'engouffrer à l'intérieur du bar, je réfléchis une deuxième fois à mon hésitation.

Il était absurde de garder un œil sur lui, mais ce mauvais pressentiment qui torturait mon cœur ne me lâchait pas.

Il fallait que je le surveille.

Au cas où.

Les autres se calmaient, je ne les entendais que murmurer en regardant à gauche et à droite. Je vérifiais que mon couteau était bien coincé dans ma ceinture, un tic que j'avais depuis longtemps.

Sentir ce bout de métal pointu et froid glisser entre mes doigts me rassurait. Il devait être toujours à sa place, toujours.

Au cas où.

Je me demandais bien pourquoi les autres hommes n'étaient pas rentrés également, laissant ce bourreau seul, mais je savais que Carlo était un assoiffé de viande fraîche et qu'il aimait expérimenter les choses nouvelles seul.

Leur a t-il interdit d'entrer le temps que ça dure ? Sûrement.

Je savais aussi qu'elle travaillait dans ce bar. Seule à s'occuper de la préparation du Blue Pearl tôt dans la soirée. Alors je compris.

Il ne s'était pas aventuré seul à l'intérieur juste pour profiter de la belle vie, il voulait aussi s'en prendre à une viande fraîche.

J'en étais sûr mais c'était quand même à laisser prouver. Je devais vérifier.

Au cas où.

D'une démarche peu rapide, je me dirigea vers l'entrée, toujours en guettant le petit groupe pour être sûr qu'ils ne me verraient pas rentrer.

Sinon ça serait difficile. Très difficile.

Pourvu que je me trompe et que ce que je pense ne se déroule pas.

Une cloche sonna lorsque je poussa la porte d'entrée, et tout de suite mes sens étaient en alertes car il n'y avait personne mais des cris et des coups sur une porte attira mon attention :

Ça venait du couloir.

Je m'empressa d'aller voir ce qu'il se passait, main posée sur mon couteau. Je passais près des tables délabrées et le sol pitoyablement sale. Plus je m'approchais, plus j'entendais la voix de Carlo et ce qu'il était entrain d'hurler et mes soupçons s'estompaient de plus en plus.

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