19. Whelve

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Tout commençait à s'adoucir, les perce-neige sortaient leur tête de la terre, mais elles n'allaient pas tarder à arrêter de fleurir. Les temps devenaient de plus en plus chauds. Mon café dégageait une fine vapeur, et mes mains glacées se réchauffaient au contact de la tasse.
Alejandro, le gars au comptoir, avait tenté de dessiner un coeur avec la mousse, je l'avais vite déformé en mélangeant le café devant ses yeux. Sa mine choquée puis joueuse me renfrogna, je ne voulais pas rentrer dans son jeu mais cet imbécile comprenait tout dans le sens de la drague.

Débile...

Le café commençait à se vider peu à peu tandis que l'angoisse qui m'abritait puisait ses forces dans mon énergie. Alejandro continuait à me fixer de son regard insistant mais toutefois innocent. C'était sur qu'il était plus jeune que moi, un gamin qui veut juste se faire remarquer par les plus grandes.

Un papa et sa fille se tenant main dans la main, étaient les dernières personnes à quitter ce lieu où j'attendais depuis de longues heures qui paraissaient interminables, je perdais patience. Je guettais les alentours pour voir si personne ne venait mais je ne voyais que les œillades maladroites de Alejandro. Ma boisson était finie, je jouais avec la cuillère.

Tandis que je commençais à gigoter sur cette chaise dure en bois (m'ayant aplatie les fesses au passage), une nouvelle silhouette apparut derrière le comptoir.

— Ve a limpiar la mierda, alguien vomita. (Va nettoyer la merde, quelqu'un a vomi).

Un métisse aux cheveux courts frisés noirs venait de jeter un vieux torchon sur le torse d'Alejandro qui sursauta en l'attrapant. Puis ce dernier murmura quelque chose à l'inconnu et ils me regardèrent tous deux, je les scrutais sans gêne également. Et le serveur se faufila à l'extérieur du comptoir pour le longer et rentrer aux toilettes.

Je baissa mes yeux vers ma tasse vide, j'étais la dernière restante dans le café, le soleil s'était couché et je me demandais si j'allais devoir attendre encore longtemps.

— Je peux vous aider ? Dit une voix à côté de moi.

Je tourna ma tête en direction du beau garçon, il se tenait un peu à l'écart de ma table pour sûrement éviter de me déranger avec sa corpulence très...très imposante. Son t-shirt noir moulait les muscles que formaient ses bras, il avait un regard lourd, comme s'il avait fumé. Ses lèvres étaient charnues et roses, comme les miennes. Il avait quelques taches brunes sur son corps ayant une teinture déjà foncée. Il portait un jean baggy bleu foncé et, intérieurement je me disais que tous les hommes devraient porter ce genre de bas car c'était tellement plus beau que les slim.

— Bonjour, répondis-je pour commencer et me redressait sur ma chaise (je crus entendre mon dos craquer), j'attends le patron.

— Je suis là, dites-moi.

J'affichais un visage surpris.

— Vous parlez tous très bien anglais ou c'est moi qui ait de la chance de rencontrer des anglophones ? Riais-je en me levant et lui tendis la main. Kaella Rosa, me présentais-je.

Il la serra avant de me répondre en souriant ;

— Malik, et vous savez de base je ne suis pas d'origine Américaine, je suis Sénégalais.

— Wow c'est peu commun dans mon entourage ! Voire même inexistant.

Il riait faiblement avec cet air charismatique qu'il avait depuis son arrivée. Tout en regardant sa montre, il me proposa gentiment :

ALBATROSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant