11. Subtrist

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— Tu ne retourneras pas au Blue Pearl.

Tranchant comme le vent de la soirée, son ton était glacial et tellement méchant que mes poils s'hérissaient. Ça se voyait qu'il ne voulait pas prolonger la discussion à ce sujet. Têtue comme je suis, je ne laissa pas ses mots décider à ma place.

On ne se connaît même pas, nous ne sommes rien l'un par rapport à l'autre. Il n'a aucun droit sur moi.

— Fais moi descendre.

Il ne réagissait pas, voyant que mon ordre ne lui fit aucun effet, je détacha ma ceinture et tenta d'ouvrir la portière, mais au même moment, j'entendis un cliquetis annonçant la fermeture des portes.

— Tu joues à quoi ? Demandais-je irritée.

Il me lança une oeillade, un ricanement sortit de sa bouche, il se concentra à nouveau sur la route.

— Toi tu te la joues suicidaire, Bella ?

Je reposa mon dos contre le dossier, essayant de calmer mon bouillonnement. Quand il retournait mes questions contre moi, ce sentiment de folie de le tuer me montait à l'esprit.

« Bella »

Je calmais mes pulsions en serrant les dents et les poings. Ressortant cette colère sur mes cuticules que j'arrachai. À présent en sang.

— Fais gaffe je risque de te manger toute crue si tu me montres du sang, murmura t-il.

Je lui lança un regard noir qu'il ne perçu pas du fait que le sien était rivé sur la route.

J'étais exaspérée par son comportement mi-passif, mi-autoritaire. Je ne lui dois aucun compte je ne vois pas pourquoi il ne me laisserai pas aller où je veux ?

Le reste du trajet passait en silence, sans compter que j'eus demander à de nombreuses reprises où nous allions. J'avais ma réponse à présent : nous étions sur le pas de sa chambre d'hôtel.

Je lui dis que je prendrais mon masque que j'avais complètement oublié et que je m'en irais.

Je n'eus évidemment pas de réponse.

— As-tu vu mon masque ?

Il était adossé contre son bureau, les mains sur ce dernier. Derrière lui j'aperçus un bout de ruban noir.

Je m'approchai alors de lui, pour récupérer ce qui m'appartenais. Il stoppa ma main lorsque je la tendis.

— Si tu prends ceci, il faudra me rendre mes vêtements...

Son regard perçant tomba sur mon corps, portant effectivement son pull ainsi que son jogging.

Il était clair que je ne pouvais pas sortir à moitié à poil de cet établissement, au péril de ma vie. Je laissa tomber l'idée de récupérer mon masque, dans tous les cas je n'en aurais pas besoin les prochains jours à venir.

— Bon, permets-moi de sortir avec tes vêtements, je te les rendrai un jour.

— Demain, dit-il.

— D'accord tu viendras me trouver au bar.

Son visage laissa place à l'agacement, un roulement de yeux et sa tête pivota vers la droite, me laissant voir sa mâchoire bien définie par sa peau fine.

Un agacement très séduisant...

Ferme-la Kaella.

Je partis alors avec un bas beaucoup plus large pour moi à la taille et un pull sentant le boisé à mon dos.

ALBATROSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant