Chapitre 14

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Cette mélodie était envoûtante, douce, très douce, et lente, extrêmement lente. Tellement lente que les pas de Chat Noir étaient callés sur la pulsation. Il était hypnotisé par cette musique, et il connaissait bien Luka : quand il composait une œuvre si plaintive c'est qu'il allait mal, et il savait aussi que quand elle était claire de la sorte c'était en rapport avec une peine de cœur. Et Luka n'avait qu'une peine de cœur : Marinette.

Pourquoi tout revenait toujours à Marinette ? Pourquoi cette fille était partout ? Et surtout pourquoi elle lui avait pris Chloé ? Sa meilleure amie... son amie d'enfance, celle qui le comprenait mieux que personne, pas même Nino ne pouvait le comprendre comme elle. C'était égoïste de sa part de vouloir l'avoir que pour lui seul, après tout elle avait aussi le droit de vivre sa vie sans lui. Mais il aurait espéré qu'elle ne vienne jamais à trouver mieux que lui, à trouver quelqu'un d'autre que lui. Non il n'était pas amoureux d'elle ! C'était juste une amie évidemment mais il savait qu'il avait besoin d'elle, et la voir si loin lui brisait le cœur dans un sens. Car, qui à part elle pourrait comprendre qu'il aime Luka ?

Oui, il aimait Luka, il avait toujours été persuadé d'aimer Ladybug mais il s'avère qu'il avait mal compris l'attirance qu'il avait à son égard. Il avait une très grande affection pour la coccinelle mais ce n'était pas de l'amour. Il le savait car, en présence du guitariste il était gêné, il avait du mal à parler, il se sentait bien, en sécurité, il avait chaud, très chaud. Tout ça, il ne l'avait jamais ressenti avec l'héroïne à pois... parfois il aurait souhaité être tombé amoureux de Ladybug, les choses auraient été plus simple...

Alors, en entendant cette mélodie il s'était demandé : « pourquoi ne pleure t'il pas de la sorte pour moi ? » car il le savait : il pleurait, il exprimait sa tristesse, son chagrin. Une musique plaintive, douce et lente de la sorte ne pouvait qu'exprimer cela. Il prit alors son courage à deux mains et marcha, en accord avec la pulsation vers le bateau du garçon aux cheveux bleus.

Arrivé devant il hésita, il savait pertinemment que le garçon était sur le pont, à l'avant du bateau, accoudé avec sa guitare, pris dans sa mélodie et son univers. Il voulait vraiment lui parler, le voir, il avait le courage de le faire pourtant, tout son être refoulait cette idée.

Pourquoi faire ? Pourquoi lui parler en Chat Noir ? Il va se poser trop de questions...

Ce qui était vrai, il savait ça car le héros en lui-même ne lui avait jamais adressé la parole, alors pourquoi maintenant ? Et pour lui dire quoi ? Le réconforter ? Il n'en a pas besoin non ? Mais maintenant qu'il était devant il ne pouvait pas faire marche arrière, il s'y refusait, il n'était pas lâche. Il eut donc la force de faire un pas de plus pour gagner le pont.

Il était là, les yeux fermés, imaginant la suite que pouvait prendre sa composition. Ses cheveux bleus en bataille, désordonnés et ses doigts au-dessus des cordes de son instrument. Il fredonnait, cherchant la fin de sa triste mélodie. Étrangement il n'y avait aucune larme sur son visage ce qui surpris Chat Noir qui lui, s'attendait à le voir dévasté par l'annonce de Chloé et Marinette. Pourtant non, il pleurait pour autre chose... mais quoi ?

- Je sais que tu es là Chat Noir, j'ai entendu le bruit de tes pas.

Le héros sursauta, étonné de constater qu'il avait fait autant de bruit.

- Im- impressionnant. Tu as l'ouïe fine.

Le guitariste ouvrit ses yeux et planta son regard bleu dans celui du félin.

- La musique permet de développer ce sens. Même quand tu étais statique je pouvais discerner ta respiration. A vrai dire, tu es assez bruyant pour un chat. Répondit-il, un sourire au coin à sa dernière phrase.

- Je rêve ou tu as plaisanté ? S'étonna le héros. Tu sais plaisanter toi ?

- Bien sûr, ça t'étonne ? A ce que je sache tu ne me connais pas. Lança le bleuté un sourcil relevé et un air perplexe sur le visage.

Mince ! C'est vrai que je ne lui ai jamais parlé sous cette forme !

- Et bien, tu peux désormais supposer que tu me connais son ma forme civile !

Le musicien affichait un air pensif, il avait les yeux plissés et semblait être en pleine réflexion suite à cette nouvelle.

- Intéressant... je ne connais pas grand monde, ça réduit les possibilités. De plus, les blonds aux yeux verts ne courent pas dans les rues parmi mes connaissances.

Le garçon afficha de nouveau son sourire et ferma les yeux.

- Mais je ne vais pas chercher. Annonça Luka.

- Par- pardon ? Questionna le félin. Tu es à deux doigts de savoir qui je suis et tu ne vas pas essayer de deviner qui se cache sous mon masque ?

- Je n'ai aucune raison de le faire. Je sais pertinemment que si quelqu'un vient à savoir ton identité le Papillombre pourra interroger la personne au courant. Moins il y a de personnes dans la confidence mieux ce sera. Je ne veux pas mettre en danger les parisiens.

- Ton intelligence me frappe de plein fouet ! S'esclaffa Chat Noir. Tu viens de te justifier de manière parfaitement épatante et tout cela ne manque pas de sens !

Mais soudain, une dure réalité le frappa. Lui et Luka ne pourraient jamais être ensemble s' il ne connaissait pas son identité, si Luka ne cherchait pas, cela n'arriverait jamais. Le guitariste ne voulait pas être impliqué dans cette affaire de super-héros et Papilombre. Parti de ce principe, leur relation ne pouvait être qu'utopique. Le visage de Chat Noir se décomposa à cette affreuse constatation.

- Ça va ? Lui demanda le bleuté en posant sa guitare et en se rapprochant du héros. Tu es pâle d'un coup.

Trop- trop proche.

Les joues du félin prirent une magnifique couleur rouge, il se secoua la tête pour sortir de ses pensées.

- Je vais bien ne t'inquiète pas, j'étais juste- juste en train de réfléchir. Ouais c'est ça.

- Tu n'as pas l'air sûr, tu ne me cacherais pas quelque chose ? Et ce serait pour ça que tu serais venu me voir ?

Dans un sens oui... mais je n'ai jamais eu le courage de le faire.

- Non non ! Te prends pas la tête, je vais bien, j'ai juste constaté quelque chose d'assez... ennuyeux.

Autant lui dire ça, il va me laisser tranquille après.

- Et bien dis moi ! Si ça se trouve je peux t'aider !

Ah, et bien ça a fait l'effet inverse... Mais tu pourrais m'aider oui, si tu acceptais de savoir qui je suis vraiment. Autant mentir.

- Tu ne peux pas m'aider Luka, je suis désolé.

Malheureusement pour lui sa voix tremblait trop et on pouvait voir que lui-même ne croyait pas à sa réponse. Le guitariste poussa un soupir et plaça sa main sur l'épaule du héros.

- Tu mens, ta voix tremblait trop pour que tu dises la vérité. Alors je te le demande une dernière fois : Qu'est ce que tu me caches et en quoi je peux t'aider ?

Chat Noir était au bord de la crise de nerf, il était terrifié et tout son être lui répétait la même chose à tel point que ça lui était rentré dans la tête.

Il ne t'aime pas. Il ne t'aime pas. Il ne t'aime pas. Il ne t'aimera jamais.

- Tu- tu pourrais m'aider oui. Mais il y a une condition... et cette condition tu l'as refusée il y a quelques minutes.

Luka se posa d'abord ces questions : « Quelle condition ? Qu'est ce que j'ai refusé récemment ? » et soudain la réponse le frappa de plein fouet.

- Ton identité. Je dois connaître ton identité. 

Un soir, j'ai vu une coccinelle [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant