Chapitre 10 : Une goutte de miel

57 14 41
                                    


Après ces journées qui restèrent parmi les plus agitées de ma scolarité, les semaines passèrent sans encombre. Ici la vie était beaucoup plus intense, filait beaucoup plus vite et avant que je puisse le voir, Décembre fut là.

Les pouvoirs de chacun avaient finalement tous émergés au fil des jours. Nous nous efforcions, jour après jour d'en comprendre les spécificités et nous nous évertuions à les améliorer. Tim lui avait appris à contrôler beaucoup plus facilement sa transformation en Ours et pouvait désormais la tenir beaucoup plus longtemps sans s'effondrer. Moi-même, j'avais dorénavant saisis comment activer ou désactiver mon méta et l'énergie que cela me consommait. Nous avions aussi retenté deux fois de plus l'entrée dans des tableaux avec M.Acer, et tout le monde commençait vraiment à bien maîtriser l'immersion.

J'avais aussi parlé à Constant des sentiments de Catherine pour lui, mais il avait détourné de suite le sujet. Rougissant, il m'avait simplement dit que "ce n'était pas les filles qui l'intéressait", me faisant comprendre que sa priorité était sûrement porté sur les cours. Enfin, dans un dernier épisode des « feux de l'amour », il semblerait que Dante et Eva s'étaient finalement mis ensemble. S'ils le niaient tous les deux pour des raisons inconnues, je ne maîtrisais que trop bien la signification des sourires et regards en coin qu'ils s'adressaient.

Le jour de Noël advint plus vite que je ne l'attendais, et le château se para de guirlandes et d'éclairages qui lui prêtaient un côté plus festif. Tout le personnel portait un minuscule badge en forme de bonnet du père Noël ce qui donnait un air plus joyeux à tout le monde. Celui de M.Bones était accroché de travers comme pour montrer qu'il ne s'incluait pas dans l'humeur festive. Les plus petits du château guettaient désespérément la neige chaque matin, mais elle ne semblait pas vouloir venir et les températures restaient même plutôt chaudes pour la saison. A vrai dire je n'avais connu qu'une seule fois Kaälos sous une légère couche blanche depuis que j'étais arrivé ici.

Comme chaque année, en ce jour spécial nous avions le droit à un gargantuesque repas, suivi d'un discours de notre directeur, M.Rose, et d'une sorte de bal, qui tenait plus de la « boum ». Chaque année, les mêmes invités étaient là : De vieux projecteurs aux couleurs vives qu'ils devaient utiliser depuis l'antiquité, une boule disco assez kitsch et une playlist qui mélangeait les sons de toutes époques et dont les transitions étaient parfois un peu douteuses, à mon avis. Néanmoins, quelle que soit le peu de budget octroyé à cet évènement, chaque élève sortait sa plus belle tenue pour l'occasion. Dans mon cas était une chemise bleu ciel qui devenait un brin plus serrée chaque année, sur laquelle j'enfilai une veste de costume grise, que j'avais achetée lors d'une de nos sorties à l'extérieur dans un magasin chic. Je complétai le tout avec un nœud papillon à poids blanc. Tous mes amis étaient aussi sur leur trente et un pour cette occasion. Tous, sauf Tim qui venait tous les ans simplement habillé du même polo usé.

Dante était pourtant notre styliste en chef et nous conseillait sur chaque vêtement, sur notre coiffure et sur l'attitude que nous devions adopter. Alex, Tim et moi l'écoutions en rigolant, mais Constant et Basile étaient deux disciples parfaits et lui obéissaient au doigt et à l'œil, dans une sorte de cérémonie militaire tacite dont il était le chef d'orchestre. Nous espérions tous secrètement attirer des compliments ce soir et je me demandai si l'équivalente effervescence régnait dans les dortoirs féminins plus loin dans l'étage.

La soirée qui arriva montra que les filles avaient mis autant de soin que nous à se préparer. Elles étaient toutes ravissantes, portant des tenues magnifiques aux couleurs éclatantes qui brillaient sous les lumières du grand hall. L'air était rempli de l'excitation de la fête.

En entrant dans le réfectoire pour le traditionnel dîner, je l'aperçus immédiatement au milieu des presque deux cents personnes qui devaient être là. Elle portait une robe noire à paillettes, ses fines épaules partiellement découvertes, et ses cheveux étaient parfaitement tressés. Un collier de perles blanches éclairait son visage, rehaussé par un soupçon de rouge à lèvres. Calixe était éblouissante. En m'asseyant à la table réservée à notre dortoir, elle m'aperçut et me fit un signe de la main que Tim ne manqua pas de remarquer.

SYKOOù les histoires vivent. Découvrez maintenant