Chapitre 11 : Le Deltax

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Nous suivîmes M.Acer la tête baissée, sans un mot, comme des condamnés à mort qui savaient leur sentence inévitable. Nous étions tous abattus d'avoir été attrapés la main dans le sac. Alex grommela qu'il savait que c'était une mauvaise idée de sortir si tôt de son lit. Constant semblait bien plus touché que nous, il ne cessait de remettre ses lunettes en place, le regard dans le vide. J'espérais qu'un d'eux ne m'en voudrait personnellement, car j'étais celui les avait menés dans ce piège. En prime,cette pièce secrète ne nous avait pas vraiment révélé quelque chose d'exceptionnel.

Je ne savais que trop bien où nous conduisait M.Acer. Il marchait d'un pas vif vers les couloirs de la direction Inévitablement vers le bureau de notre cher Bones. Je l'imaginais déjà se frottant les mains en découvrant qu'il allait pouvoir punir tout mon dortoir. Un vrai cadeau de Noël pour lui.

À un tournant, j'aperçus l'expression sur le visage de M.Acer pendant un bref instant . Je fus surpris. Là où je m'attendais à une certaine colère, une exaspération ou même une impassibilité, je vis ce qui semblait ressembler à de l'inquiétude. Comme s'il ne savait pas comment réagir face à notre bêtise. Je voulu en faire part à mes amis, mais il apparut que je fus le seul à l'avoir perçu.

Nous arrivâmes bien trop vite dans le couloir de la direction. Alors qu'on se trouvait devant la porte du bureau de M.Bones, M.Acer déjoua mes pronostics. Il toqua sur l'entrée d'en face. Le bureau de M. Rose lui-même.

Merde. C'est pas bon ça.

Nous eûmes tous un mouvement de surprise ou d'affolement : Tim leva la tête en l'air, Constant fit les gros yeux au bord de la crise de panique, et mon propre cœur s'accéléra. Je n'étais jamais encore allé dans le bureau du dirigeant de Kaälos. Si M.Acer nous y emmenait c'est que cela devait être bien plus dramatique qu'on ne l'imaginait. Nous entendîmes une voix grave venant de l'autre côté de la porte en bois, nous indiquant d'entrer. M. Acer appuya sur la poignée et poussa la porte nous abandonnant à la découverte du magnifique bureau de notre directeur.

C'était un bureau rond construit dans l'une des anciennes tours frontales. Un pan entier de mur avait été remplacé par de vastes vitres incurvées et laissaient passer la lumière de l'extérieur, offrant une splendide vue sur les arbres enneigés aux alentours. Un imposant meuble en bois occupait le centre de la pièce. Un somptueux fauteuil était rangé derrière et deux autres chaises plus modestes se tenaient de notre côté du bureau, surement pour accueillir les visiteurs. Cette belle pièce finement disposé, me fit penser au célèbre bureau ovale de la maison blanche que j'avais souvent vu en photo dans mes livres ou en reportage à la télé. La pièce dégageait cette même impression d'autorité écrasante, un sentiment qui donnait presque envie de s'agenouiller dès votre entrée.

Un phénoménal lustre baignait la salle dans une lumière douce et sur les murs étaient appuyées d'énormes bibliothèques qui montaient jusqu'au plafond. Remplies de manuscrits qui paraissent avoir vécu mille vies, aucune poussière n'était pourtant visible, preuve qu'une certaine attention y était apportée. Devant l'une des collections de livres, des lunettes rondes sur le bout du nez, déchiffrant une encyclopédie du bout des doigts, M.Rose était là. Dominant rien que par sa simple présence. Et sans avoir même ouvert la bouche. Dans un costume bleu marine impeccable, ses cheveux bruns bien coiffés et à peine grisonnant ne traduisaient pas le fait que cet homme était aux alentours de la cinquantaine.

Il releva la tête, entendant que M.Acer n'était pas seul à rentrer. Il fût presque aussi surpris que nous en nous apercevant. Il enleva ses lunettes d'une main et les mit dans la poche de sa veste. il posa ensuite l'ouvrage sur son bureau en y glissant un marque-page émeraude :

- Et bien que me vaut cette visite matinale ? Rien de grave j'espère William. C'est une période de fête pour moi aussi, dit-il en souriant amicalement.

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