Les autorités parties, je remonte dans ma chambre, au calme. Je m'assois près de la fenêtre. Les yeux rivés sur le jardin, je me perds dans mes songes. Des souvenirs en pièces se rassemblent pour me rapeller de terribles moments. Ce sentiment de danger. Lorsque vous sentez chaque battement de coeur rattraper le précédent, tambouriner dans vos oreilles, le souffle court, les sueurs froides, l'adrénaline. C'est tout ce que j'ai connu.
Je vous ai dit que je pensais que tout s'arrêterait en arrivant ici. Je pense ne pas avoir été honnête avec vous. Un mode de vie comme le mien ne s'efface jamais. Nous sommes toujours rattrapés par notre passé. Je passe mes nuits à faire des cauchemars, tous les jours je crois entendre ces voix. Je ne vis pas un jour sans la peur, la peur d'être suivie, qu'on me veuille du mal, qu'on me cherche, d'être en danger. Comment croire que tout s'arrête? J'ai été achetée très jeune par un homme, vivant alors dans des conditions misérables, vendant mon corps pour récupérer ce que mon maître voulait. J'ai toujours été persuadée que notre enfance nous définissait en tant qu'adulte. J'ai cruellement manqué d'affection et d'amour. Je n'ai pas de famille, pas d'amis, rien que moi et mes traumas.
Peut-être qu'être mariée et intégrer les rangs de la bourgeoisie me rendra heureuse. Je l'espère.
La nouvelle bonne toque à ma porte, me sortant de mes pensées. Je tourne la tête vers elle, me levant. Elle se tient les mains jointes devant son tablier, l'air grave.
- Mr Georges vous attend dans son bureau
J' acquiesce, la regardant partir. Je me dirige alors vers son bureau. Je prend une grande inspiration avant de toquer.
- Entrez
J'ouvre la porte. Il est assis sur son bureau.
- Je vous en prie, asseyez-vous
Il me désigne un siège, sur lequel je m'assois.
- Je vous offre quelque chose à boire ?
- Non merci, je ne bois pas
- Soit...
Il va se servir un verre, avant de revenir s'asseoir sur son bureau. Il pose son verre et tape ses mains sur ses cuisses.
- Bien, ne perdons pas de temps... Henri m'a raconté ce qu'il s'était passé cet après-midi
- Que vous a-t-il raconté exactement ?
- Douteriez vous de sa version ?
- Premièrement, votre fils n'est pas vraiment intervenu, et deuxièmement, sans vous manquer de respect, Henri n'a pas exactement la réputation d'un garcon sage et honnête
- Bien, alors racontez-moi
- J'étais dans la forêt, je suis tombée sur cet homme, couvert de sang et armé, la bouteille à la main. Je me suis enfuie, j'ai demandé une arme, et je l'ai arrêté. Il avait avoué avoir agressé plusieurs filles. J'ai agi selon ma conscience et ce qui me semblait être juste.
Un court silence s'installe. Il boit une gorgée avant de répondre.
- Je ne sais pas quoi dire. L'important est que tout le monde soit saint et sauf. Néanmoins, j'espère que ce genre de ... réaction ? n'arrivera qu'en privé ...
- C'est-à-dire ?
- Disons que ce genre de comportement pourrait éveiller des soupçons. Les gens pourraient se poser des questions à propos de vous.
- Monsieur, je comprends, mais la probabilité que ce genre de situation arrive en public est tout de même-
- Il y a toujours une possibilité. Je vous place simplement les limites. Vous êtes une fille très intelligente, vous comprenez ce que je dis.
- Oui monsieur
- Bien... Vous pouvez disposer
Je me lève et me dirige vers la sortie.
- Louise ?
- Oui ?
- Dès demain, vous et Henri partez dans notre demeure de campagne.
Oh non, mon plan de mercredi tombe à l'eau.
- Oh mais je-
- Louise ? Il me semble avoir été clair
- Henri n'est sûrement pas d'accord
- Henri ne sait pas ce qui est bon pour lui. Je ne veux pas qu'il soit ici lors des préparatifs de votre mariage.
- Bien ...Je finis par sortir. Fantastique... Finalement, c'était un mal pour un bien. Me mêler de sa vie antérieure était sûrement une mauvaise idée, cela ne me regarde pas. Je sors sur le pas de la porte et regarde au loin. J'aperçois Henri sur un banc. Je m'approche de lui.
- Qu'est ce que tu me veux Louise ?
- Henri, je voulais vous rendre ceci
Je lui tend les poèmes pour lesquels il me courrait après. Il les regarde, avant de reposer son regard sur moi, en fonçant les sourcils.
- Tu ne vas pas courir au moins cette fois ? dit-il d'un ton sarcastique
- Je vous le promet
Il prend alors les feuilles de mes mains.
- Alors quoi ? Tu en as eu assez d'en rire ?
- À vrai dire, je les ai trouvé étonnement beaux
- Pff... C'est ça oui...
- Non, c'est vrai je suis sincère
Je vais m'asseoir à côté de lui.
- Il est diffilce de rendre beau ce qui ne l'est pas sur papier
- Serait-ce le premier compliment de Louise ?
- N'exagérons pas les choses
Je le vois sourire du coin de l'œil.
- Henri... Vous et moi serons mariés dans quelques jours. Et nous n'avons même pas pris le temps de discuter.
- C'est vrai... En même temps, qu'avons nous à nous dire ?
- Et bien, nous pourrions nous présenter
- *ris* Mais Louise, on se connaît !
- En êtes vous certain ?
- Je crois oui ?
- Que savez-vous de moi ?
- Et bien ... Tu étais notre servante. Tu es arrivée parce que tu as changé de maison, l'ancienne étant trop dure apparemment
Je soupire en regardant au loin.
- En effet, nous nous connaissons très peu... Henri, j'aimerai qu'on discute. Si je vous raconte mon histoire, me raconterez-vous la vôtre ?
Un léger silence s'installa, le vent dégageant ses cheveux de son visage, le regard plongé dans l'horizon.
- Très bien. Mais rentrons, je ne veux pas attraper froid
- Soit
VOUS LISEZ
Conditions
FanfictionLouise, nouvelle domestique d'une riche famille fait ses premiers pas après un passé douloureux. Alors qu'elle se satisfait de sa nouvelle vie, une autre l'attend.