H: Où tu vas ?
- Dans ma chambre
H: Non, on va dans ma chambre
- Pourquoi ? Ma chambre est très bien
H: Mon lit est plus confortable et il y fait plus chaud
- Très bien...Je le suis dans sa chambre avant d'aller m'asseoir sur son lit. Il se sert un verre et va sassoit à l'autre bout du lit. Il boit une gorgée avant de reposer le verre sur la table se chevet.
- Je propose que l'on raconte chacun notre histoire, qu'en dites vous ?
H: Pourquoi pas... Mais je veux que ce soit toi qui commence
- Si vous le voulez
H: Tu
- Comment ?
H: Tu, Louise. Je veux que tu me tutoies
- Bien. Alors, ce sera TUIl s'allonge au fond du lit, pendant que je m'asseois en tailleur en face.
- Avant que je commence, promettez moi de ne porter aucun jugement et de ne pas m'interrompre
Henri se contente d'acquiescer.- Je suis née dans une petite maison que ma mère occupait avec deux autres familles. Mais, on y était pas souvent, puisque ma mère travaillait pratiquement à plein temps pour le compte d'une famille. La famille Campbell. Elle faisait presque tout, ménage, entretien, lessives, couture... Elle avait finalement élevé les enfants, plus qu'elle n'a pu m'élever. Je me souviens qu'une vieille dame qui vivait chez nous me gardait. Dès l'âge de 7 ans, j'ai commencé à travailler pour les Campbell. Évidemment, des tâches mineures, rémunérées bien piètrement. Mais tout argent était bon à prendre. Ils n'étaient pas méchants, mais disons que j'ai vite appris comment fonctionnait la société, et que manifestement j'étais en bas de la pyramide. Ma mère est tombée très vite malade, elle restait au lit, alors j'ai du travailler deux fois plus. Ma mère est décédée peu de temps après. Je n'avais plus personne, du moins plus de famille. Pourtant, les Campbell m'ont gardée. Quand j'ai eu 15 ans, Monsieur Campbell a commencé à devenir de plus en plus proche. J'étais plutôt heureuse, je me sentais prise sous l'aile de quelqu'un. Il m'avait appris à lire. Je savais que c'était incroyable. Un homme de cette classe ne faisait pas ce genre de chose d'ordinaire. Il était de plus en plus présent. Néanmoins, plus le temps passait, moins j'étais à l'aise. Il devenait trop insistant.
J'avais le droit de dépoussiérer les livres de la bibliothèque. Enfait, Mr Campbell m'appréciait bien. Il m'avait appris à lire. Je savais que ce n'était pas normal. Je savais très bien comment les choses se passaient dans les autres demeures.
Un jour, sa femme est partie avec les enfants chez sa famille. Mais lui, il est resté. Je me rappelle très bien de ce jour. Il faisait froid. J'avais effectué mes tâches cette journée. J'étais si fatiguée.
Henri, je... je me souviens m'être assoupie un instant devant le feu. Je sais que c'est une erreur de ma part je.... je n'aurais pas dû... mais il y faisait tellement chaud.... je...
J'attends quelques secondes avant de reprendre. Je veux juste vite finir de raconter tout ce qu'il s'est passé pour libérer ce poid.
Je me suis réveillée en sentant un poids sur moi. Quand j'ai ouvert les yeux, il était là, sur moi. Il me caressait la peau en m'embrassant le cou. Il avait une main sur ma cuisse. J'ai tout de suite essayé de me dégager, mais il m'a attrapée par le cou. J'ai hurlé, crié, je l'ai frappé, j'ai.... J'ai tout fait Henri, croyez moi....
Je sens une larme chaude couler sur ma joue, tandis que ma gorge se noue.
Je n'ai pas osé en parler. Il savait que personne ne me croirait, et je finirai alors sans emploi, et personne ne voudrait d'une soit disant menteuse. Alors il a continué. Sa femme le savait, je le sais. Elle me le faisait savoir en me traitant comme une moins que rien. Ça a duré des mois. Mais un soir, ils m'ont dit de prendre mes affaires. Ils m'ont dit que je partais avec un homme. Ils m'avaient vendue. J'ai essayé de partir mais ils étaient plusieurs, je n'ai rien ou faire.
Cet homme avait plusieurs filles comme moi, qu'il envoyait à des hommes, pour les dépouiller. Il se fichait du comment, tout ce qu'il voulait c'est qu'on revienne avec ce qu'il voulait, ce que ses clients voulaient. Mais un jour, j'ai décidé de m'enfuir. Ils avait envoyé des hommes pour me ramener, mais j'ai réussi à les fuir. C'est après que j'ai rencontré Mme Henriette. Elle engageait des filles comme moi, pour des tâches. J'allais travailler dans les champs, j'allais sur les marchés. Puis elle m'a parlé d'une famille, qui cherchait une domestique. Un endroit sûr. Alors j'ai accepté, même si j'avais peur, j'ai décidé de lui faire confiance. Le reste de l'histoire, vous- ... enfin, tu, la connais....
Je reste assise dans le silence. En regardant mes mains. Henri soupire.
H: Bon sang... Louise si j'avais su tout ça je ne t'aurais pas traitée ainsi...
- Je dois avouer que mon attitude fut loin d'être irréprochable... Je me suis mise sur la défensive... Mais quand je te voyais, je revoyais ces hommes ... avec leur sourire en coin, arrogants...
H: Je comprends maintenant....Il me tend un mouchoir.
H: J'avais un grand frère...
...
Il était... bon, intelligent.... généreux... il ... il était mon modèle... Je voulais être comme lui... Je savais qu'il serait toujours à mes côtés... Il était tombé amoureux d'une fille. Seulement personne dans la famille ne l'a accepté. Quand il est venu annoncer leurs fiançailles, mes parents ont refusé, et une violente dispute a éclaté. Mon frère a décidé de partir, pour aller vivre avec elle. Ils s'étaient donné un point de rendez vous... Seulement, elle n'est jamais venue. Mon frère a attendu des heures. Il a essayé de la rejoindre, mais il faisait nuit... il a pris une petite rue... et c'est là qu'ils l'ont....Je me rapproche à ses côtés, pour le réconforter.
- Prends ton temps HenriH: Ces sales voleurs s'en sont pris à lui. Ils l'ont dépouillé, mais quand ils ont essayé de lui prendre la bague qu'il comptait offrir à cette fille, il s'est débattu. C'est là qu'ils l'ont abattu...
Il se met alors à pleurer à chaudes larmes. Il s'effondre, le visage entre les mains. Je le prend dans mes bras, le serrant contre moi.
Je ne sais pas quoi dire. Et je pense qu'il n'y a rien à dire. Je passe ma main dans ses cheveux, pour le calmer.
Après quelques minutes, il reprend.
H: Tu sais ce qui me dégoute le plus dans cette histoire ? Cette fille, j'ai appris plus tard, qu'elle ne comptait même pas le rejoindre....- Henri, je suis désolée...
Nous restons ainsi pendant de longues minutes. Sa tête contre ma poitrine, pleurant, comme s'il s'était retenu trop longtemps de pleurer. Comme un barage qui finit par céder. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi, tout ce dont je me souviens, c'est m'être endormie, le cœur plus léger.
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Conditions
FanfictionLouise, nouvelle domestique d'une riche famille fait ses premiers pas après un passé douloureux. Alors qu'elle se satisfait de sa nouvelle vie, une autre l'attend.