Le lendemain matin, je me lève tôt pour profiter du lever de soleil. Je décide d'aller me promener dans le village. Les marchands appellent déjà de leurs étales. Je m'aventure alors, c'est la première fois de ma vie que je ne m'y rend pas par devoir, mais par envie. J'ai toujours pris plaisir à me rendre au marché. Les odeurs des produits frais, des herbes, du poisson frais... Non, enfait pas le poisson. Durant cet instant, j'oublie. J'oublie. J'oublie ma vie. J'oublie que je suis fiancée à un homme troublé que je n'arrive pas à cerner. J'oublie ce que j'ai subi pour être ici. J'oublie tout. Je vis.
Je m'arrête alors à une toute petite boutique. La plume du maître. Une librairie ? Je n'ai pas les moyens de m'acheter un livre. J'hésite à entrer. Mes doutes s'arrêtent, lorsque je reconnais une voix familière.
? : Mais je t'assure, depuis la dernière fois, je n'ai plus aucune nouvelles, ce n'est pas son genre
Je me retourne alors, et je la reconnais. C'est la fille qui était avec Henri ce fameux matin. Je me cache alors, car je ne veux pas prendre le risque d'être reconnue. Je tends l'oreille.??: J'ai entendu beaucoup de choses. Certains disent qu'il est fiancé. Je n'y crois pas une seconde. Tout le monde sait qu'il ne ferait pas cette erreur après son frère
Vous pensez à la même chose que moi ? La mort de son frère a évidemment un lien avec une femme. Pourtant à ce que je vois, il ne deteste pas les femmes tant que ça...
? : Je suis sûre qu'il reprendra contact avec moi. De toute façon sa fiancée ne peut certainement pas être mieux que moi
Elle et ses deux amies se mettent à rire. Si seulement elle savait.J'aimerai tant faire bonne impression. C'est vrai, après tout, en me voyant on ne se doute pas un seul instant que sa fiancée, c'est moi. Je me demande si je vais recevoir de l'argent... Enfin, je ne m'attends pas à grand chose... Et puis, je ne suis pas venue ici pour cela. Je suis venue ici, car c'est de loin le meilleur endroit pour récolter des ragots et des informations personnelles sur les habitants de la ville. Surtout quand vous faites partie d'une classe sociale aisée. Il me faudrait donc me trouver quelqu'un. J'ai l'impression de reprendre "du service". Ça ne me plaît pas du tout, mais je sais qu'aujourd'hui je ne risque rien. Je scrute du regard la foule de gens, et j'analyse les profils. Commençons par ce monsieur: sa posture indique qu'il a des douleurs dans le bas du dos, sûrement dû à la fatigue d'être assis, un homme ainsi habillé ne travaille pas dans les champs. De plus, ses cheveux grisés montrent son âge, il doit travailler dans l'administration. Ses rides sur le front sont marquées, ils doit souvent froncer les sourcils, je ne devrais pas m'y frotter, il doit être désagréable. Passons à quelqu'un d'autre. Cette fille là-bas, elle porte une jolie robe avec des détails en dentelle. Ses cheveux sont joliment coiffés, mais elle n'arrête pas de regarder les hommes autour d'elle. Elle n'en a pas peur, à vrai dire, on dirait qu'elle les charme. Je pense que c'est une maîtresse, ou du moins qu'elle collectionne les conquêtes. Elle doit sûrement en savoir sur Henri... Je me demande comment l'approcher. J'ai une idée, mais je n'ai pas ce qu'il me faut pour l'instant. Mais j'ai peur de ne plus la retrouver. Tant pis Louise, le tout pour le tout.
Je sors de ma cachette et m'approche d'elle. Heureusement qu'elle est seule.
M: Pardonnez moi mademoiselle
Elle se tourne vers moi, un peu surprise et interrogative.
? : Nous nous connaissons ?
M: non mademoiselle, mais je viens d'arriver dans la ville, je m'appelle Élisabeth.
? : Et bien, enchanté, je suis Anne De Reventon. Y a-t-il un problème ?
M: Loin de là, à vrai dire, je suis artiste peintre, et je vous avoue que je vous ai remarquée au loin. Votre portrait est divinement délicat, et j'aurai voulu savoir si vous pourriez être mon modèle.
Elle est flattée, cela se voit à son petit sourire, et son regard sur les autres.
A: Artiste peintre vous dites ?
M: tout à fait
A: Me serait-il possible de voir quelques unes de vos œuvres
Pas de panique Louise, pas de panique.
M: Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas encore débarqué mes affaires. Mais je peux vous proposer de venir chez vous vous les montrer.
A: Pourquoi pas, après tout, on ne reçoit pas de tels compliments tout les jours. Que diriez vous de mercredi, vers 15h?
M: Cela me semble convenable, pourrais-je avoir votre adresse ?Je sors mon petit carnet de ma petite ceinture, et note son nom et son adresse.
M: Très bien, je suis ravie d'avoir fait votre connaissance, je dois y aller à présent.
A: très bien, nous nous verrons bientôt.
M: MademoiselleJe repars dans l'autre sens. C'est fantastique. Je suis certaine de pouvoir obtenir quelque chose, il suffirait de la flatter un peu.
Un problème se pose maintenant: je n'ai rien à lui montrer. Je n'ai même pas ce qu'il me faut. A qui suis-je sensée demander cela ? Mme Jeanne ? Oh, elle me poserait trop de questions. Après tout, je n'ai qu'à demander à Henri, il me le doit bien après hier soir. Je ceuille quelques fleurs sur le chemin du retour.
J'arrive sur le pas de la porte quand celle-ci s'ouvre sur une fille. Mon estomac se noue. Elle ne s'attendait pas à me voir et hausse les sourcils, surprise.
?? : oh pardon
Elle met sa main devant sa bouche et se met à glousser, puis s'en va. Je me retrouve alors face à Henri, un verre de lait à la main, à peine vêtu. Mon visage commence à chauffer. Toi mon grand, tu me dois deux services.
H: C'est pour moi les fleurs ? Comme c'est charmant
Le sourire en coin, il essaie de se moquer de moi. Je vais dans la cuisine chercher un vase pour mettre les fleurs. L'important est de garder son calme. Alors que je remplis le vase dans l'évier, il y dépose son verre
H: Oublie pas de laver mon verrePardon ? Je finis mon bouquet et vais dans ma chambre pour le poser près de ma fenêtre.
H: Tu m'as entendu ?
Je ne réponds pas. Il arrive alors à l'entrée de ma chambre.
H: Pour qui tu te prends ?Je sors mon carnet de brouillon et m'assois sur mon lit. Ce sont des idées qui m'étaient venues et que j'avais esquissées.
M: J'ai un service à vous demander
H: un service ?
M: à vrai dire vous m'en devez deux, mais je n'en ai besoin que d'un aujourd'hui
H: tu plaisantes?
M: J'en ai l'air ?
H: et pour quelle raison ?
M: il me semble vous avoir aidé hier
H: je n'avais pas besoin de ton aide
M: je n'ai pas de temps à perdre avec des mensonges malhonnêtes. Je sais très bien que vous ne le dirrez pas.
H: bien, quand au second ?
M: le second ? Vous avez couché avec
Il se met à rire doucement, puis il se mord la lèvre.
H: J'avoue qu'elle était pas mal, mais en quoi cela vaut un service ?
M: après hier soir, savoir que vous avez osé aller chercher une fille pour passer la nuit... Vos parents ne serraient guerre ravis.
H: ce n'est pas si dramatique
M: vous voulez du dramatique ?
Il fronce les sourcils. Je m'appuie sur le lit en me rapprochant de lui, d'un air menaçant, le sourire au coin.M: Je suis mieux placée que personne ici pour avoir ce que je veux. Je sais manipuler les gens, surtout ceux qui sont faciles à lire.
H: *souffle du nez* tu crois que tu peux me manipuler ? Je ne suis pas un livre
M: si, mais vous êtes verrouillés. Mais je vais sûrement aller chercher la clé dans la semaine. Et c'est la que vous intervenez.
H: Quoi ?
M: J'ai besoin de matériel pour peindre, ainsi que plusieurs toiles.
H: Tu plaisantes? Depuis quand tu sais peindre en plus ?
M: Depuis toujours, vous l'auriez su si vous me l'aviez demandé. Il me faudrait tout cela au plus vite.
H: Pourquoi me le demander à moi ?
M: Parce que vous êtes mon fiancé ?
H: Quand ça t'arrange...
M: Je ne le suis jamais à votre égard, alors à quoi bon ?Il reste silencieux, en me regardant. J'attends.
H: Très bien, mais alors pas un mot sur la fille
Je lui tends la main
M: Marché conclu ?
Il me serre la main
H: Marché conclu
M: Vous savez, vous avez beau faire l'idiot, je sais que vous êtes quelqu'un de bon.
H: Tu n'as pas encore la clé pourtant
M: certes, mais j'ai lu le résumé...
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Conditions
FanfictionLouise, nouvelle domestique d'une riche famille fait ses premiers pas après un passé douloureux. Alors qu'elle se satisfait de sa nouvelle vie, une autre l'attend.