XV

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Pablo se languissait, le froid l'enveloppant tout autant que les capes dont il pouvait encore se draper des mois plus tôt, avant qu'il ne signe sa propre déchéance.
Non pas qu'il regrette son geste. Ce qu'il avait fait, il l'avait fait en pleine conscience, parfaitement alerte des risques.

Risques qui avaient été encore pires que ce qu'il avait pu entrevoir dans ses cauchemars cependant.

Il pose ses mains glacées contre la rambarde de son balcon, rejetant l'envie pressante de l'enjamber pour terminer sa course dans le vide.

La lune solitaire ne lui renvoyait qu'une image médiocre de lui-même, aussi, il préféra retourner dans sa chambre, tirant les lourds rideaux pour bloquer la vue.
Il ne voulait plus voir ce monde auquel il n'aurait plus jamais accès.

Il laissa son corps s'échouer sur son lit qui grinça de manière peu élégante.
Dans le silence.
La seule chose qui lui tiendrait compagnie désormais.

— Hey pretty boy, tu me laisses l'accès à ta chambre ou est-ce que je dois crever de froid encore longtemps ?

Il se redresse immédiatement, reconnaissant cette voix, après tout comment aurait-il pu en être autrement ?

Pablo court pratiquement jusqu'à ses rideaux et les rouvre bien plus vite qu'il ne les avait fermés, ravi de découvrir la silhouette de son amant.
Ce dernier ne lui laisse pas un instant avant de fondre sur ses lèvres, ses mains caressant tendrement ses joues, tandis que celles de Pablo l'enlaçent comme s'il avait peur de le perdre.

Et bientôt les deux jeunes hommes sont en contact avec l'immense lit bancal de Pablo, aussi inséparables que s'ils avaient été liés avec des cordes épaisses.

Les cheveux souples de Sam lui font comme une auréole sur le matelas clair. Les mains de Pablo ne l'ont pas lâché et ses baisers se sont faits plus intenses.

Pablo finit par retirer les boutons cuivrés de la chemise ample qui entoure le corps frêle de son amant, pour pouvoir y poser ses mains. D'abord sur le torse, en une caresse presque timide, puis jusqu'à la taille, où il s'attarde longuement, ne s'arrêtant qu'aux hanches osseuses de Sam.
Il n'a cependant jamais rompu le contact de leurs bouches, rendant leurs étreintes presque fiévreuses.

Leur amour consumé, les deux amants restent allongés, main dans la main, fumant des cigares hors de prix que Pablo a volé plus tôt dans les tiroirs de son père.

— Personne ne t'a vu sur le chemin ?

— Absolument pas, qu'est-ce que tu crois ? Je suis le voleur le plus doué de cette ville médiocre !

— Si la ville est si médiocre, est-ce vraiment glorieux pour toi d'en être un des meilleurs occupants ?

— Oh shut up.

— Je ne fais que souligner une interrogation, je n'ai jamais dit que je détenais la vérité entre mes paumes.

— Come on my love, on sait tous les deux que ce n'est absolument pas vrai. Pas avec ce petit air sérieux qui te fait ressembler à un vieux politicien.

— Ça, c'était la phrase de trop Sam.

Ils s'embrassent à nouveau, riant faiblement. Le cœur de Pablo est rempli de joie et déborde d'amour, même s'il sait que ce n'est que provisoire.

Et, pour une fois, c'est lui qui choisira comment les choses se termineront.
Il n'aura plus jamais à se plier à la volonté d'autrui.

Peut-être que c'est ainsi qu'il trouvera le bonheur.

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on approche petit à petit de la fin, ça me fait tout bizarre omg

LES AMANTS NE MEURENT JAMAISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant