XIX

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Kiera réajuste le masque qui lui couvre le visage, orné de tant de diamants qu'il éblouira tous les convives qui oseront poser leurs yeux sur elle.
Sa silhouette est maintenue dans une lourde robe qui lui donne l'impression de l'écraser au moindre de ses souffles.

La teinte rouge de l'étoffe lui rappelle cruellement le fluide vital de sa triste amie collant contre ses paumes alors qu'elle serrait son corps glacé contre elle, pleurant comme si cela pouvait l'aider à la ramener à ses côtés, la foule l'entourant, l'étouffant presque.

Elle traverse la salle de bal, verre à la main, ne fixant personne pour éviter qu'on ne lui propose une danse.
Si sa chère Adélaïde avait encore été de ce monde, c'est à elle qu'elle aurait aimé tendre la main, dans une courbette habituellement réservée aux gentilhommes, pour ensuite voltiger à ses bras, yeux noyés dans les siens, un sourire bête plaqué sur ses lèvres. 

Au lieu de quoi, son visage n'exprime qu'un désarroi pourtant mangé par ce masque qu'elle rêve d'arracher et d'envoyer à la figure de cet homme qui a promis plus tôt de l'épouser.
Elle ne veut pas se marier.
Pas à quelqu'un d'autre que le seul être qu'elle a jamais aimé.

Elle avance encore un peu, arrivant jusqu'aux larges fenêtres et leurs lourds rideaux rattachés par de minces rubans dorés.
Elle y glisse la main, savourant l'air frais qui caresse sa peau, avant d'y être arrachée, sa mère la poussant à nouveau dans la marre humaine, agacée de la voir bouger mollement.

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Le matin commence à se lever, les pieds de Kiera lui font mal alors elle remonte les longs escaliers ses talons à la main, sous le regard mauvais de ses parents qui ne manqueront pas de lui rappeler qu'elle doit tenir son statut de jeune fille de bonne famille.

Mais Kiera ne s'en préoccupe pas.
Elle grimpe jusqu'à sa tour, ouvre avec fracas ses grandes vitres, se penche sur son balcon pour happer une grande bouffée d'air frais puis jette d'un geste brusque son masque de bal.
De retour à l'intérieur, elle passe ses doigts gantés sur ses draps, qu'elle a noué la veille avant de rejoindre les festivités.

Tout est en place, la chaise n'attend plus que ses pieds et sa corde de fortune a grand hâte d'épouser la courbure gracile de son cou.
Bientôt sa silhouette pendra dans le vide, ses pieds oscillant faiblement tandis que sa vie lui échappera doucement, ses poumons à la recherche d'un peu d'oxygène, sa conscience s'éteignant progressivement. 

Finalement, son triste lieu où elle passait tous ses jours aura également été celui où elle y aura mis fin. 

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j'hésite à poster la fin aujourd'hui, comme ça ça sera fini
ça me fait quand même bizarre de poster ces chapitres puisque je les gardais depuis août mdr

et je répondrais à vos commentaires quand tout sera sorti

LES AMANTS NE MEURENT JAMAISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant