Chapitre 3

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Après m'être rapidement rafraîchi dans ma chambre je me rend dans la Salle à Manger. Lorsque j'entre je remarque avec soulagement que je ne suis pas la dernière arrivée. Je fais une révérence à l'ensemble des familles royales européennes avant de m'assoir à la même place que le matin même.

Le déjeuner est délicieux mais très ennuyant personne ne m'adresse la parole. Absolument personne. Alors je reste là, les muscles tendues par je ne sais quelle angoisse, à manger en silence.

Le seul avantage à être ignoré c'est que l'on peut plus facilement écouter ceux qui nous entourent. Cependant aucune conversation n'est digne d'intérêt. J'apprend que la chasse a été plutôt bonne, au total cinq lièvres ont été attrapés et un sanglier que l'on aura l'honneur de manger ce soir.

Je n'aime pas trop le sanglier.

Depuis les crises d'il y a quelques siècles, les repas sont moins fastueux, Versailles n'achète que ce dont il a besoin et le peu qui n'est pas mangé contribue au repas des domestiques ou à la soupe populaire. Nos rois ont mis un point d'honneur à moins gaspiller. Même les lustres au dessus de nous sont purement décoratifs en journée, hors de questions d'allumer la lumière alors que le soleil innonde déjà la pièce.

En tout cas si j'en viens à repenser aux crises passés c'est que je m'ennuie encore plus que ce que je croyais.

L'animation arrive au dessert, alors que je m'apprêtais à plonger ma cuillère dans ma salade de fruits le prince Enzo a prit la parole.

- J'y songe. Je dois me trouver une épouse, alors serait-il possible que les candidates mangent à cette table?

- Vous avez raison ce serait plus évident pour faire votre choix. Que l'on rajoute quatre chaises ! poursuit Louis à l'intention des domestiques.

Les chaises sont immédiatement apportés cependant comme il ne serait pas tolérable que des nobles soit assis plus près du Roi que nos invités, le prince Enzo se décale de sorte à être le dernier sang royale de la table. Mes chères amies s'installent tout sourires et pleines de révérences le plus près possible de lui et moi je me lève au ralentis. Je quitte ma place, et me dirige lentement vers ma nouvelle place, la plus éloignée du roi, je fais une petite réverence au prince avant de m'assoir.

Je jette un coup d'œil vers Louis, il est en grande conversation avec son père et ne me regarde pas. Je ne comptais peut-être pas pour lui. Ou bien il n'osait pas me regarder car il souffrait aussi de savoir qu'on étaient de plus en plus loin l'un de l'autre.

Je suis ridicule. Mes pensées et mes espoirs sont ridicules.

- Mesdemoiselles, nous appelle Enzo, je suis heureux de vous avoir près de moi, je ne vois pas vraiment comment je pourrais trouver la future reine de l'Italie sans passer du temps avec les candidates.

Les quatres autres dames pouffent à ses mots, il n'y a pourtant rien de drôle dans ce qu'il a dit.

- Prince Enzo, susurre Zoé, nous nous demandions si vous accepteriez de jouer aux cartes avec nous cet après-midi.

- Pourquoi pas, répond-il platement

Je le regarde sans émotion alors qu'au fond de moi je suis surprise, moi qui croyait qu'il se laisserait séduire par une femme aussi aguicheuse que Zoé je reste stupéfaite par sa froideur.

- Cependant nous sommes trop pour jouer, deux d'entre vous ne pourront pas jouer.

- Ce n'est pas grave je ne suis pas très en forme aujourd'hui, dis-je en feignant un mal être.

- Vous avez pourtant la peau fraîche et les yeux éclatants, ma compagnie vous serez t-elle désagréable?

J'ai passé ma vie à essayer de cacher ce que je ressens j'ai du mal à croire que le regard qu'Enzo pose sur moi puisse me faire rougir. J'ai l'impression que tout le monde attend ma réponse alors que personne à part les autres prétendantes n'ont entendus ses paroles. J'ai l'impression que mes entrailles se tord et je me sens soudainement vide comme si j'allais tomber.

La meilleure amie du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant