Chapitre 18:

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Lorsque j'arrive dans ma chambre je n'ai qu'une envie s'est d'hurler. À la place j'attrape mon oreiller et le jette contre un mur. Je jette la serviette et enlève et jette mes gants avec rage. Je laisse mes genoux tomber au sol et attrape mon crâne. Je regarde ma main bandée.

- Ça suffit je n'en peux plus. Il faut que quelque chose change.

Je lève les yeux vers le ciel, je n'ai jamais été croyante.

- Qu'est-ce que je peux faire pour me sauver? Qu'est-ce que je dois faire pour que l'on me pardonne?

En rebaissant mon visage j'aperçois l'entrée de mon dressing. Je me lève maladroitement et m'y précipite, je me poste devant le mur, devant le seul miroir qui reste dans ma chambre. Face à mon visage, la rage reprend le dessus je décroche le petit miroir délicatement orné et décoré et le jette violemment contre le sol. Le miroir se brise, son cadre se fend. Les débris de verre gisent à mes pieds, soudain j'ai envie d'ôter mes escarpins. Je serre violemment mes poings pour m'empêcher de faire quelque chose d'aussi insensé. Mes ongles s'enfoncent dans ma paume, des larmes coulent de mes yeux. Je ne sais pas si c'est de douleur ou de résignation.

Je tourne et sors en titubant légèrement. J'atteins la porte vitrée menant à mon balcon. Les larmes m'aveuglent mais j'arrive en tâtonnant à trouver la poignée que j'enclenche. Une bourrasque s'empresse de rentrer dans mes appartements lorsque j'ouvre en grand la porte. Mon regard s'accroche immédiatemment à l'horizon. Je me tiens au chambranle de la porte et laisse les larmes couler.

Je ne sais même pas pourquoi je pleure.

Je titube jusqu'à la rambarde en pierre et regarde le sol que je surplombe. Je ferme les yeux un instant savourant le vent qui souffle sur ma peau. Je rouvre mes yeux et commence à ôter les diverses épingles qui tiennent attachés mes cheveux. Une à une je les lance au vent alors que mes cheveux sont balayés par les bourrasques. Je me redresse et referme les yeux, un sourire flottant sur mes lèvres gercés.

- Madame?

- Émilie, très chère, laissez-moi s'il vous plaît.

- Mais vous avez le vertige madame.

- Je sais.

L'interruption de ma femme de chambre me ramène brusquement à la réalité. Je me retourne avant de rouvrir les yeux et rentre à l'intérieur, refermant la porte derrière moi. Laissant l'air libre derrière moi. La liberté.

Rapidement, j'enfile une paire de gants tirée de ma coiffeuse. Raccroche, derrière mon crâne les mèches tombant devant mes yeux avec une barrette sertie de pierre précieuse.  Je prends une grande inspiration, je suis prête à revenir dans la Cour.

Je sors en trombe de mon appartement, la posture parfaite et un air sûr fixé sur mon visage. Le petit déjeuner doit être terminé désormais, dans les couloirs je croise quelques groupes de nobles. Je ne prends pas la peine de leur accorder plus qu'un salut. Je ne suis vraiment pas d'humeur à plaisanter et à écouter un ramassis de ragots et de conjectures.

Je décide de me rendre dans les jardins. Cependant lorsque j'atteins les portes, les gardes me font signe de m'arrêter.

- Qui a t-il ?

- Vous ne pouvez pas sortir madame.

Sa réponse m'étonne, je m'empresse d'y répondre.

- Pourquoi cela?

Mon ton est froid mais j'ai réellement envie de savoir, à l'intérieur je suis confuse et je brûle que l'on m'éclaire.

- Suite au bal de la veille personne n'a le droit de sortir.

Je dissimule ma surprise et me retiens de leur en demander plus. Je paraîtrais suspecte de ne pas savoir ce qui s'est passé lors du bal.

- Très bien, je comprends. Au revoir messieurs.

Je fais demi-tour, agacée d'être aussi ignorante et décide d'aller trouver Louis.

Cependant cette tâche est loin d'être aussi aisée qu'il n'y paraît. Le château est immense et le Roi est plus souvent indisponible que l'inverse. En passant devant la salle de réunion j'y entends des voix. Aussi, je sais qu'il ne peut pas me recevoir. Après avoir poursuivie mes déambulations dans le château je suis arrêtée lorsque l'on m'interpelle.

- Vous tombez bien mademoiselle la duchesse.

Sur ma gauche, arrivant d'un autre couloir, se tient la Reine italienne.

- Votre Majesté, dis-je en m'inclinant

- Comment allez-vous ?

Je ne perçois aucune trace de douceur ou de pitié dans son ton.

- Bien Votre Majesté. Et vous?

- Ce n'est pas la question.

Je reste silencieuse. Tant que je ne sais pas ce pourquoi elle désire me parler, ou, ce qu'elle veut me reprocher il vaut mieux pour moi d'attendre.

- Vous faites partie des prétendantes au titre d'épouse de mon fils. Princesse. Reine. Vous rendez-vous compte de ce que cela signifie?

- Oui Votre Majesté, je vous assure que j'en ai conscience.

- Et? me demande t-elle en levant un sourcil interrogateur

Quelle est la bonne réponse?

- J'imagine que le prince décidera seul, mais je ne suis pas la bonne candidate.

- Vous le croyez?

- Oui.

- Le prince a l'air de vous apprécier, et ceux depuis le départ. Il se montre souvent plus arrogant et moqueur avec les gens qu'il apprécie. Et c'est ainsi qu'il se comportait avec vous.

Cette remarque paradoxale me surprend. Est-ce un mécanisme de défense pour éloigner les autres ?

- Je crains qu'il est porté son choix sur vous, or ni vous ni moi ne pensons que c'est une bonne idée.

- Est-il impossible de réussir à changer sa décision?

- Il ne m'écoutera pas.

- Je ne crois pas qu'il m'écoutera non plus.

- Si vous tenez à vos ailes, ne vous laissez pas être enfermé. Sinon, elles ne vous serviront plus à rien.

Elle me dévisage un instant, je m'incline devant elle et elle s'en va. Ainsi. Sans un mot de plus. Me laissant seule. Seule avec une décision impossible à prendre. Seule avec une trop lourde tâche pour mes épaules.










La meilleure amie du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant