Chapitre 16:

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Face à moi, un homme qui m'a fait rire, à la langue fleuri de doux compliments qui m'ont fait rougir sous mon masque. Un homme qui a fait battre mon cœur par sa douceur et ses manières alors même que je ne le voyais pas.
Un homme qui n'est ni un noble de la Cour, ni Louis.

Face à moi se tient le prince d'Italie.

Il a enlevé sa perruque et retiré son masque de plume et derrière ses lentilles aux reflets violets je devine désormais le noir de ses iris.

Je reste un moment ainsi à le regarder muette par la surprise.

Dans ses yeux je vois les mêmes sentiments que lorsque mon visage était couvert, son sourire seulement s'étant élargi.

En moi un torrent de sentiments confus m'assaillent.
Je ne comprend pas, jamais j'aurais pu me douter... enfin comment est-ce possible? Je ne sais pas quoi faire tellement mes sentiments se contredisent et se battent en moi mais lui réussit à faire s'évaporer mes doutes.

Sans que ses yeux ne quittent les miens sa main m'attrape par la taille et m'amène avec force contre lui. Mon corps et contre le sien, et je sens son torse se soulever au rythme de sa respiration. Je peux sentir contre ma poitrine les battements accélérés de son cœur tandis que je me perds dans son regard.

Ses doigts viennent naturellement caresser ma joue.

Ma respiration s'accélère encore et malgré la fraîcheur du soir je n'ai pas du tout froid. Mon corps est emplit d'une douce chaleur et semble en sur tension.

Son regard qui plonge dans mes yeux me fascine. Je ne peux pas détourner mes yeux un seul instant de ceux qui brilent de mille feux face à moi.

Ses doigts sont légers sur ma peau et m'effleure à peine, mais ce simple contact envoie des milliers de décharges électriques dans mon cœur. Sa main sur ma joue glisse le long de mon cou, s'attarde un instant sur mon épaule avant de descendre le long de mon bras. Ses doigts s'accrochent un instant au mien.

J'ai l'impression que tous mes sens sont exacerbés que le moindre de ses souffles m'effleurent dans une caresse folle et que ses doigts laisssent une trace de feu sur ma peau.

Ses yeux se détachent des miens pour se poser sur mes cheveux, tout en gardant sa main autour de ma taille, il utilise son autre main pour défaire mon chignon. Mes cheveux se détachent en une cascade qui se pose sur mes épaules.

Il passe cette main dans mes cheveux et m'embrasse. Je perds tout sens avec la réalité, il ne reste plus que lui, que ses lèvres contre les miennes, que sa langue qui joue avec la mienne et surtout son bras qui me tient de toutes ses forces contre lui. Mes bras viennent s'accrocher à son cou tandis que les siens m'entourent, je ne pensais pas qu'il était aussi fort mais la puissance de ses bras qui me sert contre lui me fait me sentir en sécurité. Je me perd dans ce baiser, il me rend folle en un instant. Je ne voudrais plus quitter la chaleur de ses bras.

Ses lèvres s'éloignent de quelques centimètres des miennes, nos souffles se confondent dans la nuit, il me regarde comme si j'étais la plus merveilleuse femme du monde.

Prise d'une impulsion je réduis la distance qui séparaient nos lèvres, il m'embrasse avec passion me donnant l'impression que tout mon corps se transforme en un brasier ardent. Mes doigts s'emmèlent dans ses cheveux, mon coeur semble enfin sûr de lui. Je gémis contre ses lèvres comme si je l'avais attendu depuis toujours. Un tourbillon se créé en moi, plus rien n'existe autour de nous. Mon cœur semble s'accrocher au sien.

- Aliénor?

Je recule d'un pas surprise, m'empourpre de gêne et de honte en me tournant vers la voix. Un homme se tient près de la porte menant au jardin. Il s'avance vers nous et je peux sentir d'ici sa colère. Il retire son masque d'un geste brusque et le jette par terre.

- Louis...

Je suis terrassée, qu'ai-je fait? Je croyais aimer Louis mais Enzo... il a su me rendre folle amoureuse de lui derrière un masque. Je repense à cette soirée a l'opéra, même sans masque il s'est parfois montré charmant avec moi. Avant il n'y avait que Louis dans ma vie, je vivais pour l'aider, l'écouter et l'épauler mais désormais, je n'ai besoin que d'une personne et ce n'est pas lui.

Ses poingts sont serrés et je vois qu'il tremble légèrement.

- Aliénor, je croyais que tu m'aimais, assène t-il.

Son reproche me fait mal parce que je ne voulais pas le blesser, même si après ce que je lui ai dit je comprends bien qu'il soit perdu.

- Je ne pensais pas que tu étais comme ça, je sens du mépris dans sa voix et de la douleur dans ses yeux

- Comment? je demande d'une petite voix

Sa main s'assène contre ma joue lorsqu'il me répond une trainée. Je recule d'un pas surprise par son geste.

Il s'arrête un instant, il me regarde, regarde sa main puis me regarde de nouveau.

- Je...

Il ne finit pas sa phrase.

Ma main est posée contre ma joue par automatisme, je vois du coin de l'œil Enzo s'avancer vers Louis mais je le retiens en posant mon autre main contre son torse.

- Je ne suis pas une traînée, dis-je calmement

- Je sais, murmure t-il la tête basse

- Au début des bals masqués j'ai cru qu'il était toi,

Louis relève le regard vers moi. Je vois sa main rouge et me demande si ma joue a pris la même teinte.

- J'avais cru que c'était toi qui te montrait aussi romantique et poète. Je ne savais pas, je savais juste que je me sentais incroyablement bien et apaisée avec lui. Sans son masque il m'était insupportable car je ne voulais pas le voir autrement je voulais rester à Versailles car je suis ton amie, je ne voulais pas t'abandonner. Je t'ai longtemps aimé d'amitié et d'un coup je t'ai aimé autrement, tu étais beau, fort et magnétique. Et puis tu m'as dit que tu m'aimais.

- Mais je t'aime, dit-il piteusement

- Je t'aime aussi, mais pas assez pour vivre ainsi, je lui fait un petit sourire. Si tu t'énerves ainsi pour un baiser que m'arrivera t-il dans tes bras lorsque je serais mariée? Lorsque je serais à un autre homme, qu'il m'embrassera, qu'il me touchera, qu'il me fera des enfants?

Une larme coule sur la joue de Louis alors qu'il a de nouveau baissé la tête.

- Qu'arrive t-il à la maîtresse du roi? D'un côté elle est méprisée par les autres femmes, de l'autre elle subirait ta jalousie et puis elle serait désirée par les autres hommes.

Il me regarde en fronçant les sourcils.

- Louis... pour eux la maîtresse du roi cherche soit le pouvoir soit le plaisir. Si il me croit libertine qu'essayeront-ils de me faire? Et toi que feras-tu ? Peut importe ce qui arrivera demain je vais te laisser Louis. Je voulais te le dire ce matin avant que tu ne partes

- S'il te plaît, je t'en suppli j'ai besoin de toi.

- C'était peut-être vrai lorsque nous étions enfants mais plus maintenant. Peut-être que demain Enzo choisira quelqu'un d'autre que moi mais en tout cas je partirais tout de même en Lorraine au château familial. Je m'y reposerai et je réfléchirai. Et si le prince me choisit, je le suivrais et tu le sais très bien.

- La France a besoin d'un roi qui sache prendre des décisions et c'est toi qui m'aidait, qui m'aidera? Mes conseillers sont incompétents et moi trop indécis.

- J'ai trop longtemps tenu un rôle de reine et de princesse avant cela au près de toi. N'oublit pas que tu es mariée, Catherine est intelligente elle pourra t'aider.

- Je ne pensais pas que ma vie changerait lorsque j'ai voulu prendre l'air, soupire t-il, je suis désolé de t'avoir frapper...

- Moi aussi.

Et je repars à l'intérieur sans un regard en arrière pour les deux hommes que je laisse derrière moi.

La meilleure amie du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant