- La France ne ruinera pas l'Italie ! Il faut tuer la malchance avant qu'elle ne nous touche !
Ses mots résonnent de la bouche d'un des conseillers avant qu'il ne quitte la salle, traîné par les gardes sur ordre du Roi.
La Reine est agenouillée à mes côtés près de son fils.
- On a appelé une ambulance, ils vont arriver.
Je ne sais pas à qui elle parle, moi, son fils ou elle-même.
Pour ma part, les seuls mots qui sortent de ma bouche en un flot faible mais continu sont des supplications.
- Je t'en prie ne meurs pas pour moi... je t'en prie...
Je ne remarque l'arrivée des urgentistes que lorsqu'une main essaie de m'éloigner du blessé.
Je me retourne vivement et croise une paire d'yeux étonnament rassurant. Devant ce regard, j'accepte de reculer laissant ma vie de mon mari à quelqu'un d'autre.
Je les regarde s'affairer autour d'Enzo comme si j'étais dans une dimension éloignée et que je ne pouvais qu'observer la scène.
Pendant qu'il est emmené, mon esprit semble se réveiller, je m'empresse de les rattraper et les supplie de me laisser venir à l'hôpital avec eux. Je sais que je ne dois pas le laisser. Il faut que je l'accompagne. Je ne peux pas rester seule sans lui et attendre sagement dans notre chambre en pleurant sa chaleur. Il faut que je reste le plus près possible de lui. Je sens en moi son sang qui s'échappe de son corps, je sens sa plaie au fond de ma poitrine. J'ai aussi mal que si j'avais pris la balle et je ne veux pas que quelqu'un d'autre soit au près de lui. Il est le centre de mon univers maintenant que je ne suis plus rien seule, je dois m'accrocher à lui. À notre amour.
Les urgentistes acceptent de me laisser monter en voyant mon air désespéré. Durant tout le trajet je tiens la main de mon époux, incapable de le lâcher ni de le quitter des yeux, comme si il risquait de disparaître si j'avais le malheur de le quitter des yeux ne serais-ce qu'une seconde.
Je lui murmure ce qui me passe à l'esprit en français. Mes paroles vont du fait que je l'aime au fait que je le déteste d'être si nécessaire à ma vie. Quoi que les urgentistes puissent penser de moi ils ne disent rien. Et je continue de le supplier dans ma langue de me revenir en vie. Si il meurt, je meurs avec lui. Il est la seule personne à avoir encore confiance en moi, même moi j'en suis incapable. Et entre nous deux il est certain que celle qui doit mourrir c'est moi, lui il a une famille, un peuple qui l'aime, la vie lui ouvre les bras, la folie me tend les siens. Il ne peut pas mourir.
Lorsque l'ambulance s'arrête, je lâche sa main et recule laissant des médecins le récupérer et l'emmener. Je reste figer jusqu'à ce qu'une main se pose sur mon épaule. Je ne me retourne pas, continuant de regarder dans la direction qu'il a prise. Je ne peux pas le quitter des yeux, il risque de s'effacer et alors je me rendrais compte qu'il n'était qu'un mirage.
- Votre Altesse, ne restez pas ici. Laissez-moi vous faire entrer dans l'hôpital.
Je sors de ma léthargie et secoue le visage en signe de refus.
- On risque de me reconnaître dans cette tenue. Toute l'Italie me déteste hormis lui, je ne crois pas que se soit une bonne idée.
- Ne voulez-vous pas qu'il voit à quel point vous l'aimez ? Ils comprendront alors que vous êtes humaines, comme nous tous.
- Vous ne me haïssez pas ? je demande sincèrement surprise.
- Par principe, je ne haïs que des personnes que je connais personnellement. Vous venez votre Altesse ? Il me tend une main pour m'aider à descendre de l'ambulance.
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La meilleure amie du roi
Romansa2222. La planète mourrant, les populations manifestant et se rebellant, les présidents jamais appréciés, des pays au bord de la ruine. 2322 cela fait un peu plus d'un siècle que les choses ont changé, le monde avait besoin d'un changement, de nouvea...