L'avion décolle et je déplore mon manque d'émotion. Je ne sens pas mon âme se déchirer alors que je quitte mon pays. Je ne sens pas mon cœur pleurer de quitter mon meilleur ami de si longue date. Je ne sens pas les regrets arriver, ni la peur ou le stress me torturer l'esprit. Je sens simplement la main d'Enzo dans la mienne.
Je me suis laissée portée par le voyage, par la voix du prince qui me parlait de l'Italie, par le confort de la première classe qu'il nous a payé et n'est pas vraiment vu passer le trajet. Je n'en garde pas de réels souvenirs, bons ou mauvais. C'était presque comme si nous nous étions simplement téléportés de la France à l'Italie.
La première différence qui m'a frappé était la langue, autour de moi les personnes s'étaient mis à parler italien plutôt que français. Ensuite, j'ai remarqué l'ambiance en comparaison avec ce que nous avons vécu entre Versailles et Paris, ici, tout semblait très calme.
Enzo fait appeler une voiture qui arrive un quart d'heure plus tard, le véhicule nous amène jusqu'au palais où je vais désormais habiter. Jusqu'à la fin de ma vie. Mes pensées forment un poids dans mon cœur et un vide dans ma tête.
Nous arrivons épuisés. Les gardes sont surpris de voir leur prince arriver alors qu'ils avaient été informer que les manifestations en France nous empêchait de quitter le pays. Ils nous ont invité à entrer. On a été acceuilli comme des rois, les domestiques se sont rapidement mis à nos soins, ils nous ont donné tous ce dont nous avions besoin dans nos suites respectives.
Je suis dans une chambre luxueuse, avec un salon qui l'est tout autant et je n'ai rien. Rien qui ne m'appartienne réellement, toutes mes affaires étaient dans le jet que nous aurions du prendre. On a beau m'affirmer qu'il arrivera un jour, aujourd'hui je n'ai rien et suis dans un lieu qui m'est totalement étrangé, dans un pays tout aussi étrangé, et Enzo, la seule personne un tant soit peu familière dans ce château et dans ses propres appartements.
Je me mets à crier contre les femmes de chambre qui bourdonnent autour de moi comme des abeilles autour de leur reine. Pourtant elles ne faisaient rien de mal, elles me coiffaient simplement, mais je me sentais oppressée par leur présence.
- Sortez ! Laissez moi tranquille ! Sortez !
Elles me regardent avec incompréhension avant de sortir la tête baissée.
Pas assez forte.
Tu t'écroules déjà.
Regarde toi. Tu as tout sauf l'allure d'une princesse.
- Silence !
J'attrape un ciseau resté sur du matériel de couture, relève les jupons de la robe que l'on m'a mise et m'entaille la jambe au niveau de la cuisse, au dessus des bas en soie que je porte.
- Silence. S'il vous plaît, dis-je plus calme.
Je repose le ciseau et me laisse tomber sur le sol en fermant les yeux.
Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, je ne sais vraiment pas. J'ai l'étrange impression que quelque chose change mon comportement et mes réactions. Ce qui est totalement ridicule. C'est tellement ridicule que j'éclate de rire.Je ris si fort que j'en ai mal au ventre et aux joues, je ris si fort que l'on doit m'entendre dans le couloir et je m'en fiche tellement que je redouble de rire. Avant de cesser brusquement de rire en me souvenant que ce que je vis n'a absolument rien de drôle.
Je soupire et m'en vais ouvrir la fenêtre, l'air qui m'acceuille et plus chaud que celui qui soufflait à Versailles. Je sens ma jambe me picoter, tant pis pour moi, je n'avais pas à agir ainsi.
Je prends une grande inspiration et prend ma plus belle attitude nobiliaire, mon port de tête qui pourrait le plus s'apparenter à celui d'une personne princière, je ne me considère pas pour l'instant comme telle pour pouvoir penser avoir un port de tête réellement princier, et vais ouvrir la porte de ma chambre. En italien je demande au garde le plus proche :
- Garde, puis-je voir le prince ?
- Non, le prince doit s'occuper du travail que son père a en attente et qui ne peut plus attendre, comme notre position face à la géopolitique européenne ébranlée, dit-il avec un regard sur moi qui ne laisse aucun doute sur le sentiment qu'il éprouve envers une française.
- Je n'ai rien à voir avec ce qui se passe en France.
- Cela, je n'en ai aucune preuve.
Je me redresse pour le regarder de haut même si il est plus grand que moi. Notre duel de regard aurait pu durer un moment, chacun jaugeant l'autre et ne voulant en aucun cas céder et prouver sa faiblesse, mais un domestique est arrivé légèrement essoufflé.
- Oh, la demoiselle est sortie. Vous tombez bien duchesse je devais vous signaler, message du prince, que le déjeuner vous serait servi dans votre chambre mais qu'il mangerait avec vous ce soir dans l'une des salle à manger privé. Les repas avec toute la noblesse débuteront dès demain.
- Très bien, merci d'avoir fait aussi vite.
Et il reparti rapidement du haut de sa quinzaine d'année de fougue et de jeunesse.
Je glisse au garde à côté de moi en continuant de regarder dans la direction qu'a emprunté le jeune :
- Ne désirez-vous pas aller surveiller un autre coin du château ?
- Ce serait avec plaisir, croyez-le, mais je n'ai pas le choix.
Je me retourne vers lui pour finir cette conversation :
- Dommage, pour vous. Je pense que vous allez rapidement vouloir échanger de poste avec un collègue.
Je pivote sur mes talons, ouvre la porte, jette un coup d'œil que je veux hautain au garde avant de retourner dans mon appartement. Dans celui-ci je peux m'effondrer par terre.
- Je suis tellement fatiguée...
Je tourne la tête et vois un miroir. Je me relève.
- Allez, allez, tu peux être forte. Sois forte. Je te le prouverais, dis-je à mon reflet.
Je me poste à la fenêtre et me mets à chantonner. Ainsi je me contrôle, je cesse de penser et je m'occupe. Je devrais peut-être prendre cette habitude.
VOUS LISEZ
La meilleure amie du roi
Romance2222. La planète mourrant, les populations manifestant et se rebellant, les présidents jamais appréciés, des pays au bord de la ruine. 2322 cela fait un peu plus d'un siècle que les choses ont changé, le monde avait besoin d'un changement, de nouvea...