— Charmante... susurre t-il à mon oreille.
Je sursaute en ouvrant les yeux. Je vois les draps verts foncés sous mes doigts. Dans mon dos je sens de la transpiration qui me laisse frissonnante.
Je pouvais sentir en grossière image de verre un comte versaillais à mon côté, image coupante et destructrice mais fragiles ; mon réveil suffit à la faire s'envoler. Pourtant, je peux encore deviner ses marques sur mon corps et mon âme. Coupée, transpercée, blessée par une image de verre.
Je me tourne vers l'autre côté du lit et y observe avec désarroi l'absence évidente et inexplicable d'Enzo. Je tâte sa partie du lit comme s'il pouvait être invisible. Mes doigts ne rencontrent évidemment que la douceur du linge de lit.
Où es tu ? Que fais tu ? Pourquoi n'es tu pas là alors que j'ai besoin de toi ? Comment peux tu être ailleurs que dans notre chambre au milieu de la nuit ?
Malgré toute la volonté dont j'essaie de faire preuve je ne peux m'empêcher de penser qu'il doit être avec quelqu'un d'autre ; et cette personne n'est sûrement pas un conseiller ou un ministre avec lequel il aurait voulu s'entretenir, surtout après avoir passer une grande partie de sa journée à préparer le couronnement et à réfléchir à ce qu'il devrait faire une fois roi alors que son père allait annoncer aujourd'hui la déclaration de guerre de l'Italie contre la France.
Je me lève de mon lit de manière mécanique ; je me sens vide ; vide de pensées et de sentiments. Sans pour autant parvenir à interrompre le tremblement de mes membres j'atteins la porte menant au couloir. Après avoir pris une grande inspiration tout aussi tremblotante j'enclenche doucement la poignée et ouvre lentement la porte. De l'autre côté une masse sombre dans la nuit se place face à moi. Je distingue les traits du même garde qui veille sur moi sur ordre d'Enzo depuis mon arrivé dans ce château.
— Que faîtes vous ici ? Vous n'auriez pas du ouvrir cette porte, dit-il à voix basse avec le même ton sévère habituel.
— Pourquoi donc ? Où est mon mari je vous prie ?
— Vous avez pleuré ? demande t-il soudainement en se penchant un peu plus vers moi.
Je porte une main à mes yeux, j'ai dû pleurer en dormant.
— Peut importe, je souffle, où est... Enzo ? fis-je surprise.
En tournant mon visage de par et d'autres du couloir tout en parlant je l'ai aperçue. Il est au bout du couloir sur ma droite. Il n'est pas seule. Une jeune femme se tient face à lui. Aucun des deux ne m'a remarqué, ils parlent comme si de rien n'était, en bougeant leur main au rythme des mots qui s'écoulent de leur bouche. Lorsqu'elle diminue la distance entre eux et le prend dans ses bras, une nausée m'envahit.
Cela peut sembler ridicule, au fond nous ne nous connaissons réellement que depuis peu ; il doit la connaître depuis des années, mais... mais je ne supporte pas cette image. Je ne supporte pas le voir la consoler en caressant son dos et ses cheveux. Je ne supporte pas qu'il se soit levé aux aurores pour une autre femme qui plus est n'est ni sa mère, ni sa sœur, ni sa cousine même s'il n'en a pas à ma connaissance. Cette fois-ci les larmes se mettent franchement à dévaler mes joues, pas quelques larmichettes, non c'était un torrent qui accompagne la douleur sourde dans mon ventre. Je peux sentir le regard du garde sur moi, mais je me fiche de savoir si c'est de la pitié, de la moquerie, ou de la froideur. Une main sur la bouche je me mets à courir jusqu'à la salle de bain. Je claque la porte sans y songer et m'accroupis le plus rapidement possible au dessus de la cuvette.
Quelques secondes à peine après que j'ai commencé à vomir, j'entends une voix m'appeler.
— Aliénor, est-ce que tu vas bien ? Puis-je entrer ?
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La meilleure amie du roi
Storie d'amore2222. La planète mourrant, les populations manifestant et se rebellant, les présidents jamais appréciés, des pays au bord de la ruine. 2322 cela fait un peu plus d'un siècle que les choses ont changé, le monde avait besoin d'un changement, de nouvea...