Chapitre 14:

23 0 0
                                    

Je me réveille en sursaut. J'ouvre les yeux je suis seule dans ma chambre. Ai-je imaginé ce bruit?

La porte s'ouvre à la volée.

- Madame! Mon dieu est-ce que vous allez bien?

- Calmez-vous Émilie que se passe t-il ?

- Mais enfin Madame regardez autour de vous. Tout est saccagé! Je dois aller prévenir quelqu'un, mon dieu, mon dieu....

- Emilie, tout va bien s'est moi qui est fait ça pas un voleur.

Les yeux de ma servante s'agrandisse comme des soucoupes.

Je sors de mon lit agacée par son comportement.

- Tout était trop ordonné.

C'est la seule explication que je lui ai donné, alors que le miroir est brisé ainsi que la plupart des meubles, mis à part mon lit et mon bureau, et que les pages de certain livre gisent, arrachées, au sol. C'est la seule explication que je lui ai donné car c'est la seule que j'avais.

- Madame a peut-être besoin de repos...

Je la coupe froidement:

- Je vais très bien.

- D'accord... je vais ramasser le service à thé que j'ai fait tombé si vous avait besoin de moi n'hésitez...

- Vous pouvez y aller.

- Très bien, murmure t-elle à reculons avant de sortir de la chambre.

Je m'occupe moi-même d'ouvrir les rideaux et de m'habiller, la plupart de mes robes ont survécu à ma fureur protégées dans la garde-robe.

- Dommage, ce doit être si agréable de ruiner morceaux par morceaux, avec parcimonie et lenteur, chaque parcelle d'un tissus si honéreux.

Mes doigts carressent sans que je n'y songe la soie d'une robe que j'ai toujours aimé.

- Qu'est-ce qui m'en empêche ? Après tout ça m'appartient, et puis personne n'est là, alors pourquoi suis-je incapable de faire quelque chose que l'on m'a définit comme interdit ? N'ai-je absolument aucune volonté ?

Je finis par enfiler la robe en question ainsi qu'une paire de gants pour dissimuler le sang séché sur mon poing droit et à me préparer à une nouvelle journée mortellement ennuyeuse, heureusement ce soir il y a le bal masqué, malheureusement c'est aussi le dernier. Je soupire mes yeux se perdant vers l'horizon derrière la porte-fenêtre. Qui serais-je si j'avais grandi en dehors de l'enceinte de ce château ? Personne ne le sait, on ne peut jamais savoir ce qui aurait pu être, la seule chose que l'on sait, c'est que cela n'est pas arrivé et que cela n'arrivera jamais.

- ... un crocodile énorme, je vous dit, dans l'étang de mon château, là juste sous mes yeux. Les domestiques étaient terrifiés même le chien était parti en un instant. Là vous vous demandez sûrement ce que j'ai fait. Et bien figurez-vous que je me suis rappelé posséder une épée. Elle appartenait à mon arrière grand-père, le baron Dominier lui-même ! Vous saviez que je descendais de lui? Enfin, me précipitant, je récupérai l'épée et retournai affronter la bête. D'un mouvement du poignet je l'empêchai de dévorer l'enfant d'une de mes cuisinières, puis brandissant mon arme comme le fit jadis mon arrière grand-père je l'enfonçai jusqu'à la garde dans le ventre de la créature!

Les nobles se mirent à applaudir et à encourager le vieil homme à continuer ses récits. À quelques pas de moi j'entendis le prince d'Italie se penchait vers Marie Ange est lui demandé:

- Qu'est-ce qu'il y a de si intéressant à écouter un ramassis de mensonges d'un vieux noble pour que vous m'emmeniez le voir?

La pauvre Marie Ange ressembla sur le moment à un poisson hors de l'eau qui souffrait du manque d'air. Je me faufilai entre quelques comtes et duchesses pour les rejoindre et la sauver de l'embarras.

- Votre Altesse?

Il se retourna et me regarda avec un mélange de stupeur et d'amertume. Décidée à ne pas me laisser abattre par celui-ci je poursuivai:

- Le comte Enngilller ne raconte peut-être que des histoires fictives mais avouez que la façon dont il les raconte et très divertissante. La Cour se réunit pour l'écouter toutes les semaines et ne semble jamais s'en lasser.

- Curieux... et vous, il fixe son regard dans le mien, vous lassez-vous?

- Étonnement non, il y a toujours quelque chose de nouveau dans ses récits et il me divertit toujours autant. Moi qui ai souvent tendance à m'ennuyer, le samedi je sais au moins que ce ne sera jamais le cas.

- Hum, intéressant.

Il retourna son regard vers le noble qui avait entrepris de raconter une nouvelle histoire. Je ne voyais pas ce qu'il y avait d'intéressant dans ce que j'ai dit mais étrangement mon cœur m'a semblé s'alléger en constatant que, malgré ses parents, il continuait de me parler. Je ne m'étais pas rendue compte que je l'appréciais autant, je n'avais pas envie de perdre cette petite amitié, j'en avais si peu, surtout maintenant que je ne savais plus où j'en étais avec Louis, mais malheureusement il allait repartir en Italie.

- Et si je partais moi aussi? murmurai-je si bas que personne ne pus l'entendre.

Je tournai la tête observant les différentes personnes autour de moi parmis les nobles mon regard s'accrocha sur la silhouette de Louis à l'écart du groupe. Et si je partais? Non... j'ai toujours voulu rester à Versailles, rester avec Louis. Je me remémore les derniers jours, comment ai-je pu en venir à douter de ma présence à Versailles, de mes sentiments pour Louis? En regardant sa silhouette je me souviens du couronnement et de ce nouveau sentiment que j'avais ressenti en le voyant. Et si je l'aimais tout simplement? Je crois que c'est à peu près à cette période que j'ai commencé à avoir des absences, je dirais quelques jours avant l'événement. Soudain, je réalise que tous mes doutes ont commencé à naître à cause du Comte Denier, ce fumier, je frissonne en repensant à la veille, je chasse les larmes qui me viennent aux yeux et me demande si tout n'aurait pas été plus simple si il ne m'avait pas rendu aussi parano.

Tu es le seul maître de ta vie.

Il suffit que je me reprenne. Je me souviens avoir été persuadé que Louis se cachait derrière l'homme masqué. Pourquoi avoir fini par en douter? Je ne sais plus, ma vie était tracée à côté de Louis. Tout était plus simple. Et si je reprenais le contrôle de ma vie? Je veux reprendre le contrôle de ma vie.

J'aimais Louis j'en suis sûre, la seule chose qui m'a fait douté au final c'est ce connard. Et, oui, Louis est l'homme masqué c'est sûr. Si, non? Si. Je veux être sûr. Ne plus douter.

Louis tourne sa tête vers moi, nos regards se croisent, ses yeux sont toujours aussi beau. Mais malgré tout suis-je assez forte pour rester, être la meilleure amie et la maîtresse du Roi, le regard des autres sur moi? Je suis malade, oui, mais... mais peut-être... je repose mes yeux sur lui et soupire. Je dois aller lui parler.

Je quitte le groupe de nobles et le rejoint. Il me suit du regard en fronçant les sourcils.

Je me poste à côté de lui et m'adresse à lui sans le regarder.

- Je suis désolée. Ne me coupe pas s'il te plaît. Quelle semaine...

Je soupire.

- Je suis désolé, j'ai réagit bizarrement plein de fois, je ne sais pas ce que j'ai. Mais je vais essayer de guérir. Et je t'ai repoussé quand tu m'as dit que je t'aime et... je crois que je t'aime aussi mais c'est trop...

- Votre Majesté !

Nous nous retournons tous les deux vers un garde.

- Oui?

- Vous devez venir les ministres vous demandent pour parler de la sécurité du palais.

- Encore. Je vous suis.

Je finis ma phrase alors qu'ils partent tous les deux:

- ... Compliqué donc je vais quitter le palais.

La meilleure amie du roiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant