acte 13. La brume enveloppe mon âme, (MHA)

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              L'ODEUR DES FLAMMES LA SUIVAIT COMME L'ARÔME DE LA PESTE. À la surface de ses vêtements, la jeune femme pouvait encore sentir le parfum grisant et oppressant du feu qui s'était rependu dans ce lieu désormais sans vie. Il était difficile pour elle d'imaginer que quelques heures avant, les murs paraissaient remplis de dessins de petits individus, de peinture juvénile pour leur professeur et les futurs enfants qui prendraient bientôt leur place. Maintenant, les murs s'avéraient presque disparus, le feu les avait dévorés, presque entièrement alors que la jeune héroïne et ses deux camarades continuaient leur marche. Cet espace innocent, rempli de rire et de bonheur, ne semblait plus qu'un endroit sinistre, où la mort avait essayé de pénétrer, où le mal paraissait prêt à envahir les lieux, et il étouffait les souvenirs précieux de ceux qui deviendraient à leur tour, d'une quelconque manière qu'il soit les protecteurs de leur ville. Et cela lui donnait presque envie de tout briser, de détruire chaque cœur qui avait entrepris de s'attaquer à des enfants, à des personnes qu'elle pouvait tenir dans ses bras, des individus qui désiraient seulement sourire à cette vie bien trop terne.

Hatoko voulait juste casser les âmes de ceux qui avaient osé regarder les yeux auburn de son cadet avant de l'attaquer, de ceux qui avaient éloigné Kenshin de sa protection, de ses mots rassurants. Continuant à marcher, elle put entendre le sol craquer sous ses pieds. L'air paraissait étouffant alors que son corps brûlait, une chaleur oppressante qui lui criait presque de trouver quelque chose à combattre, qui l'obligeait presque à rebrousser chemin pour se battre encore contre quelqu'un qu'elle avait déjà mis à terre. Son esprit semblait embrumé, pris dans une cacophonie de sentiment négatif, dans ce tourbillon de colère, de haine qu'elle ne parvenait pas à résorber, car cette attaque la touchait personnellement. Théia avait aussi mal que la civile qui sommeillait en elle. La blonde n'éprouvait plus aucune joie ni aucun espoir, elle ne pensait qu'à cette colère dévorante et ce besoin vital de retrouver son frère, celui qu'elle avait juré de protéger avant même de devenir une apprentie héroïne. L'une de seule personne pour laquelle elle n'aurait pas peur de sauter dans le vide et de disparaître si cela signifiait pouvoir le sauver.

Elle aurait presque voulu que son père soit à ses côtés, ses mains sur son épaule, la guidant au travers ses murs qui l'isolaient de Kenshin. Isas aurait appréhendé le piège que les vilains avaient établi, il aurait compris que pour une raison ou pour une autre, ces individus essayaient de le séparer de son fils. Mais, elle ne l'avait pas fait. Son cadet paraissait tellement proche d'elle, qu'elle aurait pu l'attraper et s'enfuir, le mettre en sécurité avec tous ses autres camarades et ses professeurs, mais elle ne l'avait pas fait. Et le goût amer qu'elle ressentait après cela la rendait complètement malade. Cette sensation d'avoir encore échoué, alors que la promesse de toute une vie semblait tellement proche, qu'elle avait pu entendre la respiration paniquée de son frère, ne parvenait pas à tranquilliser son esprit, bien au contraire. Et pour tenter de réparer sa faute, elle ne laissera personne récupérer son frère, pouvoir le rassurer avec une voix douce et maternelle, elle le fera, comme elle le faisait depuis bien longtemps. L'aînée allait faire face à ses responsabilités, comme son père l'avait fait avant elle, comme son grand-père l'avait, chaque membre du clan Raytoku donnerait tout pour sa famille. Elle ne dérogerait jamais à cette règle :

— On ne devrait pas laisser les pros s'en charger, déclara une voix apeurée à ses côtés, je veux dire, les vilains pourraient être...

— Tais-toi, l'interrompit la deuxième personne, tu sais à quel point elle tient à son frère, on doit l'aider.

Elle ne fit même pas attention à leur bavardage, concentré sur ses propres sens alors que les murs autrefois sombres devenaient de plus en plus clairs. Elle ne comprenait pas pourquoi Mineta et Sero avaient choisi de lui donner un coup de main, c'était presque amusant de voir ce trio improbable avancé parmi les décombres, mais ce n'était pas vraiment un questionnement dont elle était pressée de découvrir la réponse. Hatoko ne pensait qu'à Kenshin, à l'image des traits apeurés de son frère, qu'il implorait ou plutôt hurlait pour que sa sœur aînée puisse l'aider. Le silence des lieux devenait pesant alors que la jeune femme essayait de tendre l'oreille, pour écouter ne serait-ce qu'une respiration, dans ses couloirs qui semblaient avoir été épargnés par les flammes, par le chaos et la destruction. Elle ne cherchait qu'un seul et unique signe qui pourrait l'aider à sauver Kenshin.

Purple Rain | Recueil os (₂)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant