Chapitre 12

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" Après être tombé dans les pommes en touchant le sang de Charles, je me suis réveillé à l'infirmerie du lycée. Mais tout était étrange : il n'y avait personne, pas d'infirmière, pas de personnel d'administration. C'était vraiment irréel."

Je m'applique à livrer à Maxime tous les détails dont je peux me souvenir. Le chronomètre de Charles sur le bureau de l'infirmière, le sang sur mes mains, le minuteur sur le chronomètre et ce dernier que je jette dans les toilettes. Je le revois encore tourbillonner avec la chasse en émettant de petits sons insupportables.

Tout en regardant Maxime assimilé les dernières informations que je viens de lui fournir, je calcule la probabilité pour qu'elle me pose une question à laquelle je n'ai pas envie de répondre. Je n'ai même pas le temps de finir mes statistiques :

- Où est ce que ça c'est passé ? 

Voilà typiquement le genre de question que je ne voulais pas entendre ... Comment vais-je paraître crédible si je raconte que c'était dans un environnement empli de brume dans lequel j'avais un mal de tête atroce et dans leuqle je n'arrivais plus à respirer ? En plus de me rire au nez, les gens me diront que c'est juste les effets d'une bonne grosse cuite et que je ferais mieux d'y aller doucement sur la chopine...

- Je te l'ai dis, à l'infirmerie du lycée.

Il faut croire qu'être aussi vague que possible n'est pas du goût de celle qui m'interroge. Maxime doit être contrariée, car elle se saisit d'une bougie :

"Oswaaaald ... soupire-t-elle en faisant tourner la bougie entre ses doigts"

Je n'ai pas d'autre choix ... Je doit lui dire la vérité dans ses moindres détails. Moi qui ai toujours voulu être brillant, maintenant que la possibilité m'en est offerte avec toutes ces bougies, ça ne m'enchante pas tant que ça, finalement ...

" C'était dans un endroit plein de brume dans lequel on pouvait à peine respirer ..., dis-je simplement"

Un moment de blanc passe.

"Tant pis, tu l'auras voulu, murmure Maxime en se levant"

Instinctivement, je recule en me dandinant au sol.

" Non, non, non, je te promet que c'est vrai ! je m'exclame en surveillant la folle blonde qui se dirige vers moi,

- On se tutoie maintenant ? demande-t-elle en levant un sourcil,

- Pourquoi pas ? On peut arrêter les manières non ? je réponds du tac au tac"

Elle s'arrête, réfléchis, puis se remet à avancer vers moi avec sa bougie droit devant elle :

"Aller, je peux bien t'accorder ce petit plaisir avant que tu ne te transformes en luminaire pour mon salon !

- Mais crois moi, je t'ai dit la vérité ! Il y avait cet endroit plein de brume, je n'arrivais même plus à respirer, il y avait tellement peu d'air que je me suis choppé le plus gros mal de crâne de toute ma vie ! Même l'oiseau bizarre avait la tête qui lui faisait mal ! "

Cette fois-ci, Maxime s'arrête pour de bon.

"Qu'est ce que tu viens de dire ? me demande-t-elle, sur le qui-vive,

- Que j'avais mal au crâne ? je demande, pas franchement sur que c'était la réponse attendue,

- Après ! gronde-t-elle en m'agitant sa bougie sous le nez,

- Que l'oiseau aussi avait mal ? j'essaye, pas beaucoup plus sûr de ma réponse,

- Quel oiseau ? demande-t-elle avec une réelle curiosité,

- Ah ... Ce n'est pas réellement un oiseau en fait ... c'est plutôt une sorte d'hybride ... de chimère si tu préfères ... Une chose moitié humaine, moitié oiseau ..., j'explique vaguement,

- Mais qu'est ce que tu racontes ? demande-t-elle, toujours le bras tendu me menaçant de sa bougie."

Je pousse un soupir et je me mets en devoir de lui raconter le passage avec la chimère. Je ne sais pourquoi je ne l'ai pas évoquée dans mon premier récit des faits. Il faut dire qu'il s'est passé tellement de choses à ce moment là. Je fais la connexion entre la chimère, moi dans les toilettes, ma plus ou moins bonne idée de me débarrasser du chronomètre en tirant la chasse et voilà. La boucle des incroyables aventures d'Oswald la Légende est bouclée. Maxime s'est figée dans une expression neutre mais attentive. Elle attend plusieurs secondes avant de bouger. Elle rengaine sa bougie, la posant au sol, puis me considère avec un mépris à peine dissimulé et une méfiance toute aussi voilée :

" Tu es bien certain de ce que tu dis ? Tu me certifies que ce que tu me racontes est vrai ? "

Je le reconnais volontiers le premier : ce que je viens de raconter est complètement invraisemblable. Et pourtant c'est bien ce que j'ai vécu ! La créature, le chronomètre, cette douleur fulgurante à la tête ... Je ne peux pas avoir inventé une histoire aussi abracadabrante. Dans un hochement de tête, je fais comprendre à Maxime que je suis sûr de tout ce que je lui ai conté.

" Dans ces cas là, me dit-elle, tu as nettement plus de soucis à te faire que ce que je croyais ..." 

[REWRITE] Oswald - La Confrérie des changeurs de TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant