20 septembre 2018. Concentration. Le tireur d'élite Oswald Mcmorlann retient son souffle. La tension est palpable dans l'assistance. Le public amassé autour de lui, se préparant à assister à l'incroyable, n'émet plus aucun bruit. Oswald, que certains baptisent déjà "Oswald la Légende", sent son cœur battre dans ses tempes, il n'entend plus que ce bruit, sourd et régulier. POUM POUM. POUM POUM. POUM POUM. Ses pupilles se dilatent, son regard se verrouille : cible repérée. Elle n'est qu'à cinq mètres de lui et pourtant elle semble si petite qu'il serait facile de la manquer. Dans cette arène, qui semble si vaste au jeune champion, on ne sent que la pesanteur du silence compressée entre des murs lisses et froid. Une voûte basse toute aussi lisse, parsemée de luminaires de taille et de forme identiques, et un sol sur lequel il n'est pas bon de s'aventurer viennent compléter l'ensemble. Oswald arme son tir. Il est prêt. Perché sur un promontoire rectangulaire de petite taille, surplombant le sol à une dizaine de mètres de hauteur, rien ne peut plus l'empêcher d'accomplir sa destinée. La cible est offerte. Elle lui tend les bras : solidement accrochée au pilier des Vainqueurs, cette colonne de pierre sur laquelle seul les grands champion ont le droit de prouver leur talent. Comme si la scène était vécue au ralenti , l'assistance voit le bras plié de "la Légende" se tendre, projeté vers l'avant comme une balle de fusil. Enfin... une balle de fusil du dimanche, au ralenti elle aussi. Les plus grands observateur de la foule parviennent à saisir l'imperceptible mouvement de poignet qui fait la renommée et la précision mythique du jeune Oswald. Les doigts de ce dernier vont, logiquement, s'ouvrirent en fin de course avec un angle très particulier, comme on l'a si souvent vu faire. Le mouvement est parfait. La cible sera atteinte encore une fois. Mais cette fois-ci, ce sera la cible légendaire qu'il transpercera de ce lancer franc et assuré. Le pilier des Vainqueurs verra un nouveau nom se graver dans sa pierre blanche et granitique. Oswald sait que la gloire est assurée.
Pourtant, contre toute attente, une voix aiguë et forte sort de nulle part, perturbant le jeune champion :
" Oswald ! Viens ramasser tes chaussettes !!".
La surprise est telle pour "Oswald la Légende" que, malgré sa dextérité et sa maîtrise de lui même, son mouvement dévie. De peu. Seulement un petit centimètre. Mais dans le cas d'un tir comme celui-ci, la moindre déviation d'un millimètre peut avoir des conséquences dramatiques. La foule est figée dans une stupeur muette. La cible et la gloire qui semblait atteinte l'instant d'avant s'envolent peu à peu. Le public regarde, médusé, la trajectoire du projectile passé à côté de l'objectif. La sentence tombe : 21 septembre. Raté. Toujours muette, probablement sous le choc, la foule et ses visages prend un air blasé tirant au triste. Oswald regarde, effaré, la petite fléchette en plastique noir à pointe en inox 18/10 plantée fièrement sur le numéro 21 du mois de septembre sur le calendrier, à l'autre bout de sa chambre. À moitié à genoux sur son lit, le bras tendu dans le vide, la main ouverte avec un angle très particulier, il voit son environnement se métamorphoser autour de lui. L'arène démesurée reprend les dimensions humaine d'une chambre d'adolescent, les murs, la voûte et ses luminaire, le sol : tout s'agence et se tord pour ressembler à la plus classique des pièces d'une maison d'aujourd'hui. Le pilier des Vainqueurs abandonne son revêtement de pierre blanche pour ne devenir qu'une simple traverse de bois, une bête poutre qui empêche le plafond de s'écrouler. Un bureau encombré et poussiéreux prend vie sur la droite du champion, devant lui, une vieille chaise en paille supporte une pile de vêtements froissés en équilibre instable. La foule, tantôt anxieuse, tantôt stupéfaite, tantôt triste, retrouve le visage impassible d'une armée de soldat de plomb tout ce qu'il y a de plus basique, posés sur une étagère au-dessus dudit bureau. "La Légende" du lancer de fléchette sur calendrier a raté son coup. C'est la fin d'une époque, la fin d'une carrière, la fin d'un homme. Car il en est sûr : à cause de ce lancer manqué, plus rien ne sera jamais comme avant pour lui. Jamais.
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[REWRITE] Oswald - La Confrérie des changeurs de Temps
Ficción históricaJ'ai fait une bêtise. Je m'appelle Oswald Mcmorlann. Ça n'est pas ça la plus grosse boulette de mon existence. J'ai, ne me demandez pas comment, changer accidentellement le cours du Temps, tout simplement. Embarqué, bien malgré moi dans une quête po...