Chapitre 7

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Oh non de ....

" Mais c'est impossible ! Je m'écris, il y a un quart d'heure j'étais ...


- Ah ça suffit ! Me coupe le policier, garde tes élucubrations pour le public qui assistera à ton exécution "

Il sort de la cellule, ferme la lourde porte en acier de cette dernière avec deux tours de clé et me laisse dans l'incompréhension la plus complète. Ce n'est pas une blague. Je suis réellement en 1963 ... Mais non ... c'est impossible ... impossible ! Ça va au delà de la logique la plus élémentaire ! On ne peut pas remonter le temps comme ça, on ne peut pas... 

J'avise, dans un coin de la cellule, un carré de papier. Je le prends et le déplie. Il s'agit du journal. La couverture titre en gros "DU NOUVEAU POUR LES ACCORDS DE NASSAU". On repassera quant à l'originalité et à la poésie des titres de la une. Je fouille dans ma mémoire. Sans me vanter, je suis plutôt bon en histoire et je crois pouvoir affirmer avec certitude que les accords de Nassau sont signé au début de l'année 1963. Cette piqûre de rappel historique me ramène à me questionner sur la date réelle d'aujourd'hui. Je cherche l'indication avec anxiété. Elle est écrite en tout petit, dans un coin : 12 janvier 1963.

Ce n'est vraiment pas une plaisanterie. Je suis vraiment tombé 55 ans en arrière. Je m'assois sur ma banquette de fer, dépité, abattu, perdu. Le bilan de ma situation n'est actuellement pas brillant : je suis en prison pour le soit disant meurtre de mon professeur de gym, condamné presque d'office à mort et tout ça cinquante-cinq ans dans le passé ... Il y a clairement mieux comme situation. Je me prends la tête à deux mains. Comment est ce que j'ai pu m'enfoncer dans une histoire pareille ? J'entends, à travers la porte, les deux policiers qui rient aux éclats. Au moins, ces deux là s'amusent. Je suis persuadé que ce n'est pas de ma faute si mon professeur de gym est mort. Je n'ai fait que constater son état. Dans mon époque de départ toujours ... Peut être que les faits on aussi été modifié avec le temps ? C'est tout de même incroyable que je me retrouve en 1963... En lieu et place des rires, ce sont des éclats de voix que j'entends dans le reste du commissariat. Mais qu'est ce qu'ils fabriquent ? Ils se crêpent le chignons ou quoi ? Ne vous battez pas pour moi surtout... Ça à l'air de chauffer tout de même. Je m'approche de la porte de ma cellule et tente de tendre l'oreille. Je capte quelques bribes de conversations :

" ... Laissez le sortir, ce garçon n'a rien fait ! "

J'espère de tout cœur que c'est moi, le garçon dont on parle. Une étincelle d'espoir jaillit en moi. Enfin quelqu'un qui croit en ma culpabilité ! Qui que ce soit, si il ou elle me sort de là, je lui fait une demande en mariage.

" C'est au juge d'en décider, de toute façon, c'est la potence qui l'attend, rien d'autre.

- Il ne sera pendu qu'après avoir répondu à mes questions, laissez moi lui parler !"

Charmant ... Je pensais qu'on venait me proposer un avocat ... On dirait que tout le monde s'en fiche de me voir pendu au bout d'une corde. Ça ne m'arrange pas du tout ... En tout cas, je peux dire adieu à mes plans de libération et de mariage.

" Hors de question ! Il est en état d'arrestation pour meurtre, personne n'a le droit de lui parler, surtout une femme louche comme vous..."

Je crois que c'est un policier qui viens de lancer ça ... Si la personne d'en face est effectivement une femme, la réponse ne devrait pas tarder à se faire entendre. Je colle un peu plus ma tête contre la porte, m'attendant à la gueulante qui va suivre. C'est tout sauf une crise que j'entends. Un énorme "BLONG" résonne dans l'air et me fait bourdonner l'oreille collée contre la porte. Je crois que quelqu'un vient de la percuter de l'extérieur.

"Eh ! j'entend s'écrier, qu'est ce que .... "

PAF ! Un claquement sec résonne dans l'air. Je crois que le collègue de mon adjudant, à moins que ça ne soit lui, vient de se prendre une belle gifle. Puis, je n'entends plus rien. Un silence de mort tombe sur le commissariat. Je suis à un mètre de la porte, attendant de voir ce qu'il va se passer. Il n'y a vraiment plus un bruit, hormis mon oreille qui bourdonne toujours. C'est assez perturbant. Je m'approche de la porte. Heureusement pour moi que je n'allais pas vite. Je n'ai pas le temps de couvrir la distance qui me sépare de la porte que cette dernière s'ouvre, violemment enfoncée de l'extérieur. Je sens le courant d'air que ça provoque en me passant à moins de cinq centimètres du visage. Les yeux exorbités, les cheveux en vrac, je vois un éclair blond fondre sur moi et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve plaqué au sol, le souffle coupé. Je n'ai simplement pas le temps de comprendre ce qu'il m'arrive. Sous le choc de la chute, je ferme les yeux, ce qui est encore moins pratique pour voir et comprendre. Dans le silence qui s'est installé, entrecoupé par mes râles tandis que j'essaye de reprendre le souffle qui m'a quitté lors de ma rencontre avec le sol, j'entends une voix de femme, une voix forte, qui ressemble étrangement à celle que j'entendais de l'autre côté de la porte, m'invectiver :

[REWRITE] Oswald - La Confrérie des changeurs de TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant