Chapitre 8

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La bagarre qui s'en suit entre la jeune femme et les forces de l'ordre aurait fait rougir Bruce Lee s'il avait été là. Ma sauvage blondinette n'a clairement rien à lui envier.

A peine a-t-elle atteint le premier gendarme qu'elle évite déjà un coup de matraque, saisissant au passage le bras qui tient l'arme, et, en pivotant sur elle même, envois le représentant de l'ordre public valdinguer contre un mur, tête en bas et pieds au ciel. Le deuxième gardien de la paix, qui a été défait au match aller, à la bouche décomposée en un rictus de haine profonde et, ce qui devient plus dérangeant pour un garant de la paix, d'envie de meurtre. Il n'a vraiment pas l'air commode. Celle qui ne l'a pas épargné au premier passage fait un bond dans sa direction. Le gendarme recule d'un bond lui aussi. Ils sont maintenant face à face. Cela promet un combat d'une intensité rare. Je regarde tout ça, curieux, planté au milieu de ma cellule comme un navet au milieu d'un champs. Je dois surement avoir l'air idiot, mais je ne peux pas détacher mes yeux de la scène. Les deux adversaires se toisent un moment, tentant surement l'un l'autre de prédire les futurs mouvements de l'autre, puis subitement, le policier fonce avec un cri de rage sur la blondinette. En courant. Tête baissée. Ce n'est pas quelque chose qu'on leur apprend à l'école de police ? Regarder où ils vont quand ils courent ? Je crois que je n'ai jamais vu un combattant se faire mettre K.O d'une manière aussi ridicule.

Au lieu d'esquiver la charge de ce qui ressemble maintenant plus à un buffle asthmatique qu'à un policier en fonction, la jeune femme se redresse simplement et lève sa jambe droite devant elle. Je comprends très vite où elle veut en venir. Le gendarme-rhinocéros, ne regardant toujours pas où il va, surement persuadé que sa cible ne va pas bouger, continue sa course... jusqu'à s'encastrer méchamment sur le pied de la demoiselle. Pile poil à l'endroit qui fait, en plus de leur moustache, toute la virilité des forces de polices en présence. De là où je suis, je crois même avoir perçu le "GHH !" du gendarme lorsqu'il comprend qu'il a percuté quelque chose et que c'est douloureux. Sa tête est tellement comique que je m'attarderais bien à rire. Seulement mon attention est attirée par tout autre chose. L'adjudant-chef, que j'ai complètement oublié, s'est remis sur ses pieds et avance déjà vers moi, matraque à la main lui aussi. Je jette un coup d'œil en direction de la demoiselle et de son policier encastré, qui peut dorénavant cocher la case "femme" dans le choix du genre dans les formulaires administratif. Elle a l'air de maîtriser la situation. Il me faut maintenant maîtriser la mienne.

L'adjudant-chef a l'air encore plus déterminé que ses collègues... Il faut croire que la motivation va avec les galons ... Ou bien peut être avec la peur de les perdre...

" Tu n'a aucun intérêt à t'enfuir mon garçon, me dit-il, la bouche encore un peu molle de sa mise en sommeil forcée, ta tête est dans tous les journaux du pays, tout le monde sait que tu es un meurtrier et tu ne trouveras pas un seul citoyen qui acceptera de t'aider ...

- Pour la dernière fois, flic à la manque, je m'emporte, je n'ai tué personne ! Il faut que je vous le dise comment ? En sanskrit ?"

Le pseudo-humour dont, une fois encore j'ai tout de même essayé de faire preuve, ne semble toujours pas faire effet. Le policier se jette sur moi avec le même rugissement que celui poussé par son collègue. N'ayant pas la même fougue que mon homologue féminin, je me réfugie vers le fond de ma cellule, ce qui est, à l'avis général, s'il y en avait eut un, une bien mauvaise idée. Entre ma fuite dans les couloirs de l'infirmerie, du côté opposé à la sortie, et cette retraite courageuse et stratégique au fond de mon mitard, je trouve que mes choix de fuites sont globalement mauvais ... Que voulez-vous ? On ne peut pas être une légende dans tous les domaines. Maintenant que nous sommes dans un endroit qui n'offre aucune échappatoire, le gendarme prend un peu de temps pour essayer de m'intimider :

[REWRITE] Oswald - La Confrérie des changeurs de TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant